Week-end inaugural – Omar Souleyman – Nasser – ASP – BAM – Metz – Samedi 27 septembre 2014 – Jour 2

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Avec Woodkid venu le premier jour raconter ses aventures musicales, la BAM allait devoir faire fort pour proposer un programme aussi alléchant. Défi réussi ce samedi 27 septembre 2014 à Borny, où chaque formation avait une idée précise de la musique électronique et de la manière de faire bouger le public.

Si la soirée du vendredi 26 septembre était placée sous le signe de l’épique avec la musique de Woodkid, le mot d’ordre de ce samedi 27 peut être l’éclectisme. Avec pas moins de quatre noms programmés ce soir là, la BAM maintient son ambition intacte. Venant pour la plupart de pays voire de continents différents, ils allaient être rassemblés sous la même bannière de l’électro. Le public semblait bien l’avoir compris puisque comme pour la veille, toutes les places avaient trouvé preneurs très rapidement. De bonne augure pour cette nouvelle soirée entre les murs blancs de la BAM.

La journée a pourtant commencée avec une annonce inattendue ; celle de l’annulation du Taïwanais Dirty Beaches pour cause d’avion raté. Aucune inquiétude de la part des invités comme des organisateurs, les autres artistes assureront le spectacle quoiqu’il arrive. Il manquait juste de savoir comment. La réponse se trouvait dès 20h, dans la désormais connue salle de concert.

C’est timidement que les gens arrivent dans la pièce encore allumée. Les uns sont déjà au balcon, les autres commencent à s’amasser et c’est une salle à moitié remplie et éparpillée qui accueille un homme devant un clavier-synthétiseur. Il joue un air de musique arabe et orientale et déjà une voix s’élève à l’abri des regards. Les premiers cris se font entendre et montrent que des fans trépignent d’impatience. Omar Souleyman arrive finalement sur scène et il n’en faut pas plus pour déclencher une liesse dans le public. Vêtu de lunettes de soleil noires, d’une djellaba grise, de chaussures de ville et d’un ghutra, l’homme dégage un charisme qui compense le manque de jeu de scène.

Mélange de sonorités arabes et d’électro, la musique du syrien est faite pour être jouée et vécue en live. Il suffit de voir la frénésie du public autant en haut que devant la scène, n’hésitant pas à se mettre un peu à l’écart pour entamer des danses à plusieurs. Avec le rythme rapide de la machine et les airs orientaux, ajoutés aux paroles arabes et kurdes de l’artiste, la Boîte A Musique se transforme en boîte de nuit. Bien aidés par des jeux de lumières qui font oublier que l’on se trouve bel et bien face à un concert. Si la salle s’est remplie au fur et à mesure et a vu les personnes au balcon descendues rejoindre l’euphorie d’en bas, on regrettera malgré tout le faible nombre de gens venus voir Souleyman.

Entre les paroles, il n’hésite pas, micro sous le coude, à taper dans les mains et encourager la foule à se lâcher d’avantage. Il n’en faut pas plus pour convaincre tout le monde, même les plus timides, que ces 45 minutes sont passées bien vite. L’homme quitte la scène et affiche un léger sourire caché sous sa moustache et ces lunettes de soleil, tel un gentleman.

Après le gentleman, place aux dandys. C’est sur leur 31 que les trois musiciens de Nasser arrivent l’un après l’autre devant leurs instruments, sous un son électro de plus en plus pressant. Sous leurs airs de gendres parfaits, se cache en fait une furie monumentale. Le chanteur à la batterie, son collègue à la boîte à rythme et le dernier à la guitare poussent les limites du lien entre rock et électro pour l’envoyer dans la stratosphère. Là où de nombreux musiciens s’y essayent en restant derrière leur machine, Nasser rassemble les deux types d’instruments avec une facilité déconcertante.

Le public, déjà bien chaud grâce à Omar Souleyman, se donne encore plus face aux différents sons du trio. Il est agréable de voir que la salle se remplie de plus en plus et est bien réceptive aux appels du chanteur. Celui-ci n’hésite pas à se lever de sa batterie, marcher le long de la scène, appeler la foule jusqu’à obtenir son approbation totale. Les titres s’enchaînent et à aucun moment le rythme ne redescend. Nasser est en pilotage automatique et passe à chaque morceau à la vitesse supérieure. Si les boîtes à rythmes et les machines produisent déjà un son électro rapide et diablement efficace, la batterie et la guitare électrique finissent par convaincre les récalcitrants à se laisser aller.

Les trois camarades contrôlent chaque moment de ce concert d’une heure avec une aisance communicative et laissent un public surexcité quand ils quittent la salle. Seul le projecteur sur la scène témoigne de la frénésie qui vient d’avoir lieu, sous le son en fade out de la machine. Telle la poudre qui flotte dans l’air après des coups de feu.

Depuis le début de la soirée, l’électro réussit à créer une énergie galvanisante et addictive dans cette salle de la BAM. Avec le groupe ASP, elle parvient même à créer une brèche temporelle afin de remonter dans le temps. Des lunettes 3D étaient distribuées à l’entrée de la salle pour profiter au mieux du concert pour une expérience inédite. Rien à voir avec les lunettes des salles obscures, lourdes et insupportables. Surtout qu’ici, l’illusion est parfaite tout du long du show.

Les deux membres d’ASP se font face, derrière des grandes tables sur roues, où reposent leurs machines. Tout vêtus de blanc, dans une posture presque robotique, ils commencent leur expérimentations électroniques devant l’écran géant qui retransmet des mots et des formes géométriques flottant dans l’air. Grâce aux lunettes, la musique semble avoir une couleur et une forme, comme si chacun pouvait la voir s’échapper de leurs machines. Avec ces traits sobres, ces couleurs froides et ces sons électros, on est plongé dans un univers semblable à celui du film Tron. Tel un retour vers le futur dans les années 1980. En roue libre, les deux compères ne s’arrêtent jamais de tâter les boutons de leurs machines et rythment parfaitement le concert.

La foule en redemande et plus personne ne semble pouvoir contrôler son corps, comme si l’électro d’ASP en avait pris possession. Les diverses influences se sentent de plus en plus. Par exemple, lorsque l’écran géant montre des images de paysages futuristes traversés comme si l’on se trouvait dans un vaisseau spatial. Rappelant les premiers jeux vidéos, encore Tron, et bien sûr, la SF. Le duo semble vouloir ne faire qu’un avec la musique. Ce qui arrive lorsque l’un des deux se présente devant le public pour chanter avec une voix robotique à rendre jaloux Kanye West. Ce n’est plus l’homme contre la machine, mais bien tous les deux réunis qui font danser le public jusqu’à leurs limites.

Retour à la réalité quand les lumières se rallument et laissent les camarades saluer les personnes venues en masse les voir jouer. Après un voyage à la vitesse de la lumière façon Star Wars et dans un univers électronique, il est temps de remettre les pieds sur terre. Pour ceux qui ne souhaitaient pas faire parti du voyage, le bar était bien sûr ouvert et la musique des nombreux DJs, toujours aussi parfaite pour coller avec cette soirée décidément riche en émotions. Se sont ainsi succédés Armagnac, Quinze Nonante Sept, DJ Lezard, et Irénée Sutter. Pour une ambiance lounge et décontractée avec ce soupçon de groove très agréable.

S’éloigner de la BAM avec ces superbes lumières multicolores se dégageant des fenêtres est vraiment la cerise sur le gâteau de ces soirées. Comme si le lieu vous demandez de ne pas partir et de l’accompagner jusqu’au bout de la nuit. Mais attention à ne pas trop se laisser tenter, dimanche le week-end inaugural se termine avec encore des surprises. Alors à demain !

Article : Nathan Roux

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