Interview : Rae Morris

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Âgée de 21 ans, Rachel Anne Morris alias Rae Morris, est née à Blackpool et a choisi d’y rester avant de s’installer à Londres après avoir signé un contrat avec Atlantic. Sa famille n’a jamais déménagé. Le fait de rester dans la même maison où elle a grandi avec ses parents et son frère ainé lui a permis de garder les pieds sur terre et de développer sa voix et son style. Ses premiers souvenirs musicaux comprennent son enthousiasme d’écouter « Parachutes » de Coldplay sur le lecteur Minidisc de son frère et de regarder la vidéo « Cloudbusting » de Kate Bush avec son père.

Grâce à son charme unique, elle a attiré une multitude de jeunes chanteurs-compositeurs britanniques partageant les mêmes idées et soucieux de leur propre indépendance. Elle se considère comme un membre d’un « collectif », au sens large. Cela explique pourquoi vous verrez probablement, dans les coulisses de ses concerts, la chanteuse et guitariste Lucy Rose, ainsi que Tom Odell (le gagnant d’un Brit Award qui l’a invitée à sa tournée et qui chante sur le morceau « Grow », qui fait partie de l’album), le producteur et prodige électronique Ben Garrett (a.k.a. Fryars, co-producteur de « Cold »), ou encore le chanteur de Bombay Bicycle, Jack Steadman, qui s’associe de temps en temps à ses tournées. Sa réputation de musicienne explique les nombreuses apparitions de musiciens invités sur son album à sortir dans les bacs, « Unguarded ». Mais Rae est bien plus qu’une collaboratrice qu’on peut réserver, elle a sa propre vision et elle sait très bien faire son propre chemin, sans tenir compte des bruits qui entourent le spectre musical contemporain. Pour être clair : il n’y a pour l’instant aucun musicien au Royaume dont le son est comparable à celui de Rae. Elle se produira au Floor, la nouvelle salle intime de la Rockhal, le jeudi 16 avril 2015.

Bonjour Rae ! Quels sont tes premiers souvenirs d’enfance liés à la musique ? 

Bonjour Nathalie ! Je me revois petite dansant dans le salon avec ma mère et ma grand-mère, mais je devais avoir 3 ou 4 ans seulement. Je pense qu’il y a une vidéo qui existe. Sinon je me souviens qu’on écoutait beaucoup la radio quand on partait en vacances en voiture avec mon père. Je me souviens surtout de ça en fait : on écoutait beaucoup la radio.

Ton premier album « Unguarded » est sorti le 23 janvier 2015. Que penses-tu de l’accueil de cet album pour le moment ?

Très contente et très surprise de l’accueil à vrai dire. C’est très bizarre quand ta vie tourne autour de la sortie d’un album et que finalement il finit par sortir. Je suis très chanceuse de voir que les gens l’apprécient et il me permet aujourd’hui de voyager dans de supers pays que je ne connais pas, comme le Luxembourg par exemple.

Tu avais déjà sorti des EPs avant ce premier album. En quoi la préparation de cet album était différente à tes yeux ?

En fait j’ai l’impression que tout ce que j’avais fait avant m’a menée à ce premier album. Toutes les expériences acquises lors des EPs, les premiers singles, les premières prises vidéo, m’ont menée au résultat de l’album. J’y ai appliqué tout ce que j’ai appris au fil des années. Mentalement, faire un album est une grosse charge de travail. J’ai ressenti beaucoup plus de pression que lors de mes EPs, mais il s’agit de la pression que je mettais moi sur mes épaules et personne d’autre. Je voulais faire un album dont je serais fière pendant pas mal d’années encore, afin que je puisse le faire écouter à mes enfants et à mes petits-enfants. En gros, je voulais le faire de la bonne façon et ne pas me précipiter.

Tu as eu la chance d’avoir un label qui te laisse le temps pour pouvoir l’écrire et l’enregistrer. Entre le moment où tu as signé avec le label Atlantic et la sortie de ton premier album, quelles ont été tes évolutions majeures ?

J’ai beaucoup grandi pendant ces quelques années. Je venais d’une petite ville d’où je n’étais pratiquement jamais sortie et je n’avais pas rencontré beaucoup de monde. En fait, je ne savais pas encore qui j’étais vraiment. Finalement cette recherche de moi-même est devenue le concept-même de l’album. J’avais envie d’emmener les auditeurs dans ce voyage qui est le mien et de leur laisser observer la personne que j’allais devenir pour un bon moment.

Tes chansons parlent beaucoup de tes expériences personnelles. As-tu eu des appréhensions à ce sujet lors de la sortie de l’album ? 

Je n’y jamais vraiment réfléchi… C’est vrai que les morceaux parlent de mes expériences, de mes sentiments. C’est ma façon personnelle de les digérer. Souvent je me suis dit que l’album était un peu comme un journal intime auquel j’allais raconter toutes mes aventures. Je pense très sincèrement que l’art est la manière de s’exprimer la plus libre du monde. J’ai toujours été honnête dans ma musique et je viens d’un milieu où l’honnêteté a toujours été acceptée, même si parfois elle peut faire mal. Je pense que c’est important d’être honnête avec les autres mais aussi avec soi-même. Et puis, très franchement, c’est comme quand tu es sur une scène et que le public ne te quitte pas des yeux, sauf qu’ici le public est peut-être un peu plus grand. Je commence tout doucement à m’y habituer.

Le titre de l’album « Unguarded » cela a toujours été une évidence ? 

Non, pas du tout. La production de l’album était une vraie recherche de moi-même et donc j’avais quasiment un titre pour chaque phase de mon évolution. Le titre est venu quand j’ai écrit la chanson « Unguarded » et là c’est comme quand tu trouves la dernière pièce d’un puzzle géant. Tout s’est emboité tout de suite. C’était un vrai moment « Eureka ! ».

Les morceaux comme « Love Again » sont très différents de tes morceaux en piano-voix. Est-ce un vrai choix de ta part ? 

Je pense que c’est une évolution et une progression naturelles. « Love Again » est un titre très joyeux et je l’ai écrit alors que l’album était pratiquement terminé. Je pense que je voyais le bout du tunnel et j’étais très heureuse du résultat concernant cet album. Il est né aussi suite à mes différentes collaborations, avec Bombay Bicycle Club notamment.

Quelles sont tes idoles en matière d’écritures de paroles ? 

J’aime beaucoup Kate Bush, mais je pense que je me suis vraiment rendue compte que l’écriture des paroles des chansons pouvait avoir un impact phénoménal en écoutant Feist et Cat Power. J’ai réalisé à quel point les chansons pouvaient délivrer un message : qu’il soit politique, poétique ou autre. J’ai découvert des femmes avec des personnalités très fortes et de vraies opinions. J’aime aussi comment elles n’hésitent pas à essayer de nouvelles manières de chanter. C’est un vrai atout de savoir utiliser sa voix à bon escient. Cela m’a élargi l’horizon.

Pour finir à Karma nous avons une question rituelle : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?  

C’est très difficile. Je pense que je vais choisir les Rolling Stones. J’ai découvert les Beatles que très tard et j’ai eu du mal à savoir quelle chanson je devais écouter en premier. Je ne comprenais pas vraiment leur évolution. J’ai fait une reprise des Beatles il n’y a pas longtemps et je pense que cela me permet de me sentir moins coupable à leurs égards. Par contre j’ai toujours été fan des Rolling Stones, c’est pourquoi je les choisis eux.

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

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