Interview : Von Pariahs

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Le groupe vendéen Von Pariahs, qui a fait ses armes à Nantes, est au cœur d’une tournée marathon pour défendre son premier album, Hidden Tensions. Sam Sprent, le chanteur, et Théo Radière, l’un des guitaristes de la formation, se sont confiés quelques heures avant leur prestation sur la scène Grall des Vieilles Charrues.

Vous avez crée le groupe en 2009 et aujourd’hui, après la sortie de votre premier album, vous tournez dans les plus grands festivals français, que de chemin parcouru !
Théo Radière : Ouais, c’est clair ! Vraiment ! On peut pas dire le contraire, c’est… Entre les premiers bars qu’on a fait où il y avait deux poivrots devant nous et ce soir où il va y avoir des dizaines de milliers de personnes, ça fait un gouffre quoi.

Vous êtes un groupe de rock français, alors qu’en ce moment, les groupes émergents ont tendance à faire de l’électro (Saint-Michel, The Shoes, Natas loves you…). Est-ce que faire du rock, c’est plus compliqué pour se faire connaître ?
Sam Sprent : Non, la preuve, on l’a fait. Non, c’est pas dur. Faîtes-en du rock !
Théo : Ouais, faut pas le dire que c’est dur, sinon c’est pas la peine.

Vous jouez un rock brut, intense, des fois un peu rageux même, notamment sur scène, d’où vient cette énergie ?
Sam : C’est le reflet de nos personnalités, je pense. On ne fait pas que des trucs enragés, tu vois, dans notre travail, on a quand même des morceaux qui redescendent et qui sont plus mélancoliques et voilà, c’est plus nos personnalités qui ressortent dans notre musique.
Théo : Ouais, c’est comme ça qu’on voulait s’exprimer, c’est la manière la plus simple qu’on a trouvé de s’exprimer, pour exprimer ce qui nous passe par la tête… Faut croire que c’est assez fidèle à ce qui passe dans nos cerveaux.

Vous chantez en anglais parce que vous faîtes du rock, ou parce que vous n’imaginez pas chanter en français ?
Sam : C’est parce que depuis le début je chante en anglais, parce que c’était naturel, parce que c’est ma langue maternelle (il est originaire de Jersey ndlr) et que Théo a eu cette idée de groupe de rock, de rock anglais. Il me connaissait, il m’a appelé, j’ai accepté, c’est comme ça que ça s’est fait. Après, il n’y a pas de règle, le rock, ça ne va pas forcément avec l’anglais.

En groupe de rock français, il y a Shaka Ponk et Skip The Use, qui comme vous chantent en anglais. J’imagine que leur succès vous fait envie ?
Théo : En fait, le style musical qu’ils développent, on ne se sent pas du tout proche de ça. Moi, je respecte ces gens-là, mais on n’écoute pas du tout leur musique. Pour nous, ce n’est pas vraiment du rock, c’est une sorte de… Si, c’est du rock, mais dans un coffrage acidulé, un peu trop acidulé pour nous, un peu trop calculé, tu vois.

Mais leur succès actuel vous fait envie ?
Théo : Bah en fait, je pense que l’envie qu’on a avant tout, c’est que notre musique puisse parvenir jusqu’à un maximum de personnes et qu’ensuite ces gens-là choisissent s’ils aiment ou pas ce qu’on fait. Mais effectivement, s’il y a un public aussi important que celui de Skip The Use ou de Shaka Ponk qui se met à kiffer Von Pariahs, on ne va pas cracher dessus, bien au contraire.
Sam : Je pense que ça va venir, c’est juste que ça prend plus de temps, parce qu’on a pris un chemin différent. On a choisi de sortir notre musique sur un label indépendant et de se consacrer à la scène, donc on fait plus parler de nous par la scène que par les médias ou par les ventes d’albums.

J’ai lu quelque part que vous citiez Franz Ferdinand parmi vos influences, c’est bien le cas ?
Sam : Ouais, c’est ce qu’on écoutait au début…
Théo : Ils sont toujours un peu présents, même si on n’écoute plus à l’heure actuelle. Ça a marqué notre culture musicale d’adolescent.
Sam : On va jouer avec Franz Ferdinand mardi prochain d’ailleurs (en première partie du festival de Poupet, le 22 juillet dernier, ndlr). C’est une date qu’on attend avec impatience.

Est-ce qu’il y a un groupe ou un artiste en particulier avec lequel vous aimeriez travailler ?
Théo (après un instant) : Je pense qu’on se suffit à nous-mêmes, tu vois. On prend grave notre pied entre nous pour le moment, on n’a pas forcément besoin de faire appel à un élément extérieur. Après, peut-être que ça viendra un jour, mais…
Sam : Ouais.
Théo : On n’est pas fermés à l’idée, mais comme ça, là, non.

Vous avez pas mal tourné en France, je crois que vous avez une date bientôt à Montréal, vous allez continuer à aller jouer à l’étranger ?
Sam : Ouais carrément ! Depuis qu’on fait de la musique, on ne fait que des concerts en France principalement, donc toutes les dates à l’étranger, on les prend avec joie. Là, on revient de Suisse, c’est la quatrième fois qu’on y allait, on kiffe de plus en plus. Montréal, ce sera la première fois, non ce sera la deuxième fois qu’on prend l’avion avec le groupe…
Théo : Ce sera la première fois qu’on joue dans un pays anglophone.
Sam : Ouais, et ça, c’est hyper important.

Et pourquoi avoir choisi de s’appeler Von Pariahs, est ce qu’il y a une signification derrière ce nom ?
Théo : Bah Von Pariahs, c’est pour nous un nom qui défonce. Ça nous représente bien.

Est-ce qu’un deuxième album est en préparation ? Vous en êtes ou ?
Théo : On y pense énormément et étant donné qu’on n’a pas arrêté de répéter malgré les très très nombreuses dates qu’on a eu depuis 6-7 mois là, et bah du coup, on a déjà commencé à composer des morceaux pour le nouvel album.

C’est en cours, donc ?
Théo : On peut dire ça. Mais il n’y a rien de concret pour le moment.

Et la dernière question, la question rituelle du magazine : plutôt Beatles ou Rolling Stones ?
(Silence)
Théo : Euh…
Sam : Non mais, c’est… Y’a pas à avoir une préférence entre les deux groupes en fait.
Théo : Je trouve que le délire de faire se confronter deux groupes, qui ont des esthétiques musicales complètement différentes…
Sam : C’est le truc des médias, ça !
Théo : Voilà, c’est du merchandising en fait, moi, je ne suis pas du tout sensible à ça.
Sam : C’est comme faire s’affronter Blur et Oasis, c’est pareil. Moi, j’adore les Rolling Stones, et en même temps, il y a des albums des Beatles que je kiffe.
Théo : Par contre, j’aime pas Yoko Ono.

Ok, on finira là-dessus alors ?
Théo : Ouais, voilà.

Propos recueillis par Manuella Binet

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