Interview : Taiwan MC

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Plus d’un an après son premier EP Heavy This Year, Taiwan MC revient avec la sortie de DiskoDub, disponible dans les bacs. Frontman attitré de Chinese Man, Taiwan MC et son flow percutant, ont déjà arpenté les scènes les plus prestigieuses de France et d’Europe.

Cette fois-ci, c’est en solo mais toujours bien entouré (S.O.A.P, Chinese Man, Dreadsquare, Manudigital) que le beatmaker nous livre des compositions à la croisée des sound systems jamaïcains et des clubs londoniens. Au programme de cet EP : reggae digital et consonances funky 80’s, dancehall retro futuriste et dub psychédélique. Taiwan MC nous a accordé un moment pour parler de ce recueil de six titres taillés (huit titres sur la version CD et digitale) pour embraser les futures soirées estivales.

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Bonjour ! Peux-tu nous dire d’où vient l’idée de base pour ce nouvel EP ?
Bonjour Nathalie ! A la base, je voulais sortir le morceau DiskoDub en tant que single en faisant un maxi avec peut-être une face B, mais je n’avais pas l’idée de l’EP tout de suite en tête. Par la suite j’ai fini par écrire plusieurs morceaux un peu dans la même veine que ce premier titre. Plusieurs personnes se sont jointes à la production et très vite cela a donné plusieurs morceaux sympas dans un style très funky et surtout très disco aussi, que j’ai pu regrouper dans un EP cohérent.

C’est pour cette raison que tu as choisi le format de l’EP ?
J’aime bien ce format-là. Je constate déjà que pour faire un EP de huit titres, il a fallu piocher dans une vingtaine de morceaux. Je n’imagine même pas la quantité de morceaux qu’il faut pour faire un album. Je ne suis pas adepte du « remplissage » et je pense que si j’avais fait un album dans ce cas-ci, ça aurait été le cas. Je ne veux pas de morceaux primaires et secondaires. Je suis très exigeant avec moi-même et j’aurais mis un temps fou avant de pouvoir terminer un album entier.

Et puis, je suis assez habitué à ces formats plus courts : dans le drum and bass les artistes sortent souvent des maxis, dans le reggae à l’époque c’était plus des 45 tours. Cela correspond bien à la manière dont les gens consomment de la musique de nos jours. Même moi, je n’achète que les morceaux qui me plaisent vraiment alors qu’avant il fallait acheter tout l’album. Ce n’est pas si bête que ça finalement.

On retrouve pas mal de références dans cet EP. Quel est ton style en matière de musique ?
Je ne revendique pas un style en particulier. J’écoute pas mal de trucs : ça va du jazz au funk. DiskoDub est plus reggae que disco, mais je pense qu’il y a un côté Motown aussi. Cela vient sûrement du fait que quand j’étais plus jeune, j’écoutais pas mal Radio Nova, qui est une radio assez généraliste.

Tu n’es donc pas fan des radios spécialisées ?
Je préfère nettement l’éclectisme ! Plus jeune, grâce aux radios généralistes, j’écoutais du drum and bass, du hip hop et aussi de la chanson française. Je pencherais donc nettement plus pour une radio non spécialisée même si je sais qu’il y a des impératifs financiers derrière tout ça. Le seul avantage que je verrais dans une radio spécialisée, ce serait de pouvoir par conséquent choisir de meilleurs morceaux spécialisés. Des morceaux qui eux sont tellement pointus que tu ne pourrais jamais les entendre dans une radio généraliste. Par contre, si tu as une radio spécialisée qui passe la même chose que les généralistes, je ne vois pas l’intérêt.

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Tu es produit par Chinese Man Records, créé par les membres de Chinese Man et toi-même tu interviens dans ce groupe. Tu ne t’y perds pas un peu à force ?
Non justement ! J’ai toujours adoré faire les featurings. Maintenant que je me suis lancé en solo, je fais moins de featurings du coup et pour ma propre musique ce n’était pas du tout prémédité. Ça m’a aidé à me faire connaître et c’est toujours valorisant quand une personne que tu admires te demande de faire un featuring. Mais attention, je ne feature pas tout ce qui bouge et tout ce qu’on me demande. Je fonctionne pas mal à l’instinct. Quand j’écoute, il faut que je sois inspiré tout de suite. Aujourd’hui quand ça ne me plait pas, je réponds aux gens en leur disant clairement que cela ne m’intéresse pas, alors qu’avant, je ne le faisais pas nécessairement. Donc continuez à m’envoyer des propositions ! J’ai moins le temps, mais j’ai toujours envie d’en faire ! Et je vous promets de répondre !

Tu as joué avec Chinese Man, qui a connu quelques soucis cet été notamment aux Solidays. Vous avez dû improviser et c’était vraiment très sympa. Comment travaillez-vous ces impros ?
On a eu de la chance, car ce n’était pas une panne générale. Nos micros fonctionnaient toujours, ce qui fait qu’on s’est lancé dans de petites battles. On se connait bien et on s’est souvent retrouvé dans des soirées drum and bass. Dans ce genre de soirée, plusieurs MCs sont là pour chanter et improviser sur des mélodies que tu ne connais pas à l’avance. L’impro ça te force à te préparer mentalement. C’est un genre de back-to-back, un face à face auquel tu t’habitues à force de t’entrainer d’abord seul chez toi. Les battles ne sont pas difficiles si tu en as l’habitude. Si on me laisse improviser pendant longtemps, souvent je sors des couplets totalement nimp’.

Enfin notre question rituelle : Si tu devais choisir entre les Beatles ou les Rolling Stones, qui choisirais-tu et pourquoi ?
C’est dur de choisir, mais je pense que je vais prendre les Beatles. J’ai l’impression qu’ils ont fait plus de choses différentes. Ils se sont mouillés, ils ont pris des risques, alors que les Rolling Stones se sont plus cantonnés au rock. J’aime les styles différents des Beatles et leur soif d’expérimentation.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

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