Interview : Suarez

Rappelez-vous en 2013, lors de leur dernier concert au Luxembourg : un samedi, en fin d’après-midi, le groupe belge Suarez lançait un SOS via Facebook : «Nous sommes en panne sur l’autoroute Namur-Luxembourg ! Cherchons chauffeur pour pouvoir faire ce concert !». Plusieurs dizaines de commentaires et de «likes» plus tard, Suarez avait finalement trouvé un chauffeur et était escorté jusqu’à Esch-Belval pour pouvoir commencer son set à l’heure.

Le groupe Suarez c’est d’abord un zeste de charme malgache relevé d’une touche de piment latin, une pincée de naïveté saupoudrée de pop française (ou belge peut-être). Après le succès rencontré en Belgique par leur deuxième album « L’indécideur », le combo belgo-malgache arrivera finalement au Luxembourg – du moins on l’espère – avec un concert très attendu en ce vendredi 21 février 2014 à la Rockhal dans la salle Club, date qu’ils partageront avec les Beady Eye dans la grande salle. En prévision de leur venue, Marc Pinilla, le leader et interprète du groupe, nous a offert quelques minutes pour nous parler de son nouvel et troisième album appelé « En équilibre ».

 

Bonjour Marc ! Peux-tu nous parler de ton nouvel album « En équilibre » ? Pourquoi parler plus d’amour cette fois-ci ? Est-ce la date de sortie, la même que la Saint-Valentin, qui t’a influencé ?

Bonjour Nathalie ! Peut-être oui (rires) ! C’est un thème universel et c’est un thème dans lequel je me retrouve, finalement sans l’avoir vraiment cherché. Je n’avais pas envie de faire un album sur l’amour et c’était donc totalement involontaire, mais la succession de chansons à l’écriture ont donné ce résultat. Ces dernières années, j’ai beaucoup observé et je me suis assagi. Les textes que j’écris parlent des bons et des mauvais côtés de l’amour : les querelles, les pauses, les réconciliations, le fait de tout envoyer valser.

 

En quoi cet album est-il plus « En équilibre » que le précédent ?

Aujourd’hui j’ai cette sagesse et cette maturité pour pouvoir prendre un peu de recul. J’ai aussi trouvé un certain équilibre, une certaine stabilité dans ma vie privée. Le titre est vraiment le résumé de l’album. Il aurait aussi pu s’appeler « Amitié » ou « Amour éternel ». Je pense que ces sujets sont des besoins vitaux, du moins en ce qui me concerne.

Tu as collaboré avec pas mal de personnes sur cet album (Antoine Hénaut, Aline Renard, entre autres). Comment choisis-tu tes partenaires ?

Aline, c’est ma femme, donc je n’ai pas vraiment choisi (rires). Pour Antoine Hénaut, c’est un excellent parolier et il avait aussi quasiment écrit tout le dernier album. Il a une certaine maîtrise et un monde un peu décalé. Pour Ben Mazué, nous avons le même éditeur. Jacques Duvall est un grand monsieur de la chanson. En fait, les collaborations existent à partir du moment où je suis curieux et que j’ai envie de partager des choses avec ces personnes. Souvent, la collaboration démarre donc de l’admiration que je leur porte. Un lien d’amitié se crée.

 

Ressens-tu une quelconque pression à l’idée de la sortie de ce nouvel album ?

Avant j’étais plus angoissé, mais maintenant je le suis nettement moins. Je suis plus âgé, c’est peut-être ça la différence. Je me sens bien avec moi-même. J’aimerais pouvoir ne vieillir que de l’esprit et non du corps (rires).

 

Comment définirais-tu ta musique aujourd’hui ? World ? Rock ? Pop ?

Elle est nettement moins « world » qu’auparavant. Je pense faire aujourd’hui plus de la musique pop-folk.

Comme dans ton dernier album, il y a une reprise sur celui-ci. Pourquoi avoir choisi « Besame mucho » ?

L’exercice de la reprise est toujours gai à faire. Les artistes se font plaisir et c’est moins laborieux et moins angoissant que d’être devant une page blanche lorsque tu fais un disque.

Au début je ne voulais pas reprendre un titre en espagnol comme j’avais déjà repris le titre « Porque te vas » dans le dernier album. Je ne veux pas que cela devienne une habitude. En fait, j’ai choisi ce titre après avoir entendu la version de cette chanson interprétée par Tino Rossi, qui l’avait adaptée en français. Du coup, j’ai repris cette version à ma façon : un peu à la Triggerfinger ou à la Chris Isaak.

 

Comment se passe la collaboration avec tes musiciens malgaches ? Il doit y avoir des quiproquos de temps à autres, non ?

Oui, tout le temps ! Au début c’était vraiment l’enfer, mais il a fallu s’adapter. Les malgaches n’ont pas la même notion du temps, ni du futur. Mais on y travaille (rires) ! Il y a, en fait, beaucoup de vérité dans leur comportement. C’est eux qui ont raison de prendre leur temps. J’essaie, grâce à eux, de prendre du recul sur les choses.

 

Sont-ils considérés comme des rock stars dans leur pays d’origine ?

Oui, je pense. Pour les Malgaches, ils ont vécu une vraie success story.

 

Tu es aussi membre du jury dans « The Voice » en Belgique. Quelle influence a cette émission sur ton travail et ta musique ?

Sur ma musique, pas grand-chose, à vrai dire. Je pense que j’ai surtout appris à ma manière de gérer les médias. Je suis maintenant beaucoup plus naturel en face d’une caméra et je finis par oublier que je suis à la télévision.

 

Nous avons aussi une question rituelle que nous posons à toutes les personnes lors de nos interviews : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

Je suis indécis pour le coup. Je suis plus assagi par rapport à ce que je fais mais je suis gourmand de tout ! Je choisis les Beatles pour leurs mélodies et les Rolling Stones pour leurs attitudes.

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

www.suarezlegroupe.be

 

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