Interview : Femme

Femme est le projet solo d’une petite anglaise appelée Laura Bettinson. Inspiré par les groupes de filles des sixties et par l’attitude des artistes comme M.I.A., Debbie Harry et Cindy Sherman, Femme combine une esthétique ludique et une musique avant-gardiste pop. Elle a facilement attiré tous les projecteurs sur elle à la sortie de son premier disque double titres avec Educated et Double Trouble, sorti le 22 juillet 2013 sous le label Tape Rec.

Elle a aussi sorti deux chansons encore plus infectieuses, Fever Boy et Heartbeat disponibles depuis le 25 novembre 2013. Comme tous les travaux de Femme – toutes ses chansons sont 100% Bettinson – non seulement elle écrit et enregistre tout elle-même, elle produit également ses chansons et a dirigé ces deux vidéos :


 

Elle sera au Rockhalcafé pour un concert gratuit le mercredi 5 mars à partir de 20h30. Venez vous imprégner de son monde rose et déjanté !

 

Bonjour Laura Bettinson, alias « Femme » ! Pourquoi avoir choisi ce nom, très euh…, féminin ?

Bonjour ! En fait, je déteste choisir un nom pour un projet et comme c’est moi qui produit ma musique, qui fais les vidéos et qui choisis tout de A à Z, je suis allée à l’essentiel pour le nom. J’ai aussi toutes les combinaisons de noms que je connaissais et ça ne collait pas. En plus, il y a pas mal de noms qui sont déjà pris. Donc voilà j’ai pris « Femme » tout simplement.

 

Tu aurais pu choisir la version anglaise « Woman » ou « Girl »…

Oui, mais ça ne sonnait pas aussi bien. La version française est quand même plus classe.

 

Dans ta description, j’ai lu que tu étais inspirée par des femmes comme M.I.A. ou Debbie Harry. Pourquoi ces femmes en particulier ?

Oui, tout à fait. Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’avais envie de mélanger les beats du hip-hop qui sont à la base très masculins avec des harmonies vocales et des mélodies très féminines. J’ai grandi en écoutant de la musique des sixties. Il y a quelque chose dans ces mélodies très simples qui me plait. Et puis j’aime ces femmes M.I.A. et Debbie Harry par exemple qui sont des femmes fortes et qui ont toujours suivi leur instinct.

 

Donc tu essaies d’être comme elle, c’est bien ça ? De suivre ton instinct ?

Oui, je suis une fille et je fais de la pop. C’est très dur de ne pas se laisser influencer par ce qu’on voudrait de toi en fait. Je ne veux pas faire une musique industrielle comme la plupart des trucs qui sortent en ce moment. La tentation est très forte de le laisser aller à ce que certaines personnes sur le marché de la musique veulent t’imposer pour que tu rentres dans le moule. J’expérimente beaucoup dans ma musique, mais cela reste ma musique. Au final c’est moi qui prends toutes les décisions et c’est ce que les gens qui me suivent aiment chez moi. Ils savent que c’est mon projet et que personne d’autre n’est impliqué. Je veux garder cette crédibilité envers mes fans mais aussi envers les personnes du business. En même temps, je sais que les gens ne te prennent pas au sérieux quand tu es une fille et que tu viens avec ton projet qui n’est pas commun. Il y a quand même une certaine misogynie dans ce métier… J’aimerais qu’il y ait plus de femmes qui osent !

Je sais aussi que tu fais tout toi-même : vidéo, couverture de disque et musique. Pourquoi ce choix ?

Quand je fais de la musique, j’ai une histoire en tête ou des images. Je parle dans ma musique souvent des histoires de personnes que je connais. C’est des histoires concernant des amis ou des amis d’amis. En tout cas, c’est presque toujours basé sur des faits réels mais pas toujours des miens. Je me suis dit un jour, que j’allais essayer de faire une vidéo, histoire de montrer à un professionnel ce que je voulais avoir comme résultat. Finalement je me suis rendue compte que ce n’était pas aussi compliqué que cela et je l’ai fait moi-même. En plus grâce à cela, j’arrive à garder le contrôle sur les deadlines que je me fixe. Quand tu t’adresses à des professionnels, tu mets un mois à produire une chanson, puis encore une semaine pour faire la couverture, puis encore un mois pour faire la vidéo. Je n’aime pas ces délais ! Je veux garder la fraîcheur du titre et pouvoir décider moi-même quand j’ai envie de le mettre en ligne par exemple.

 

Que penses-tu des collaborations alors ?

J’aime les collaborations. Je sais que c’est contradictoire, mais les collaborations doivent être discutées pour qu’elles fonctionnent.

 

Pour les gens qui ne te connaissent pas encore, comment décrirais-tu ta musique ?

Ma musique, c’est un genre de mélange entre M.I.A., un groupe de filles qui boivent et qui sortent dans un bar dégueu qui rencontreraient des beats très masculins.

 

Comment est Femme sur scène ?

Mes concerts sont très sympas. Je serai sur scène à Luxembourg avec deux danseuses et un DJ. En fait, nous dépensons beaucoup d’énergie en dansant. Ce que nous faisons en studio en préparant la musique, nous le refaisons sur scène devant le public. Je suis un peu une enfant qui n’a jamais grandi (rires). Donc c’est très marrant.

 

Tu utilises beaucoup le rose dans tes clips et tes photos. Est-ce ta couleur préférée ?

(Rires) Non, pas du tout ! En fait je trouvais que c’était une bonne idée de peindre un de mes murs chez moi en rose fluo. Suite à cela je l’ai utilisé comme décor plusieurs fois, car cela donne bien sur les photos. Je peux cependant décider demain de faire un truc sur le turquoise, le vert pomme ou le jaune ! Mais j’aime bien le rose, c’est vrai. C’est une couleur insolente.

 

Le public n’a pas besoin de venir te voir habillé en rose ?

Non, mais ce serait très drôle si tout le monde venait en rose !

Avec tout ce que tu fais, où as-tu trouvé le temps de former le groupe Ultraísta ?

C’est un projet qui été créé en 2012 et on est parti en tournée en 2013. J’écris de la musique depuis l’âge de 16 ans et ce groupe m’a permis de me perfectionner dans ce que je fais et dans ce que j’ai envie de faire à l’avenir. Ce n’est pas évident car les deux autres membres (Nigel Godrich et Joey Waronker du groupe de Los Angeles de rock expérimental Atoms for Peace), dont assez expérimentés et moi j’étais vraiment novice. L’approche était différente, car nous sommes trois individus totalement différents. Là j’avais besoin de me concentrer un an sur mon projet personnel qui est devenu Femme.

 

Enfin, notre question rituelle : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

Les Beatles ! Je n’ai pas été élevée dans un contexte très musical. J’ai découvert la musique et les Beatles plus tard par des amis. Leurs mélodies résonnent beaucoup plus en moi que celles des Rolling Stones. D’ailleurs je n’ai jamais été une « rock chick », j’ai toujours écouté plus de pop. Je préfère nettement les Beatles et, à choisir, je prendrais aussi les Beach Boys.

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

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