Ce samedi, Longwy prend vie autour du Rock N Roll Train, premier du nom, organisé en collaboration entre la municipalité de Longwy et l’association All Inclusive. Et quelle vie ! Un festival rock avec pas moins de 8 groupes le samedi et une scène locale le dimanche après-midi. Il y a de quoi se faire plaisir et profiter de ce samedi de juillet dans le magnifique cadre des remparts Vauban, patrimoine mondial de l’UNESCO, fraîchement restaurés.
La programmation du samedi réunis AVERYSADSTORY, groupe stoner meusien déjà bien reconnu sur la région, INIMIKALL, groupe hardcore d’Arlon qui fait son trou en ce moment, DELAIN, un groupe hard rock hollandais, MANU LANVIN pour un excellent blues du delta du Mississipi, PUGGY, groupe pop venu de Belgique, PETER PAN SPEEDROCK pour une touche motorheadienne et après les légendaires STRANGLERS, les Toulousains de SIDILARSEN pour enflammer la scène en guise de bouquet final.
C’est AVERYSADSTORY qui a la lourde tâche d’ouvrir le bal devant un public encore peu nombreux. Le public s’approche lentement de la scène mas semble apprécier le son lourd et rythmé du combo barisien. Le groupe assure un set bien réglé est efficace et même si on sent que le public n’est pas un habitué de l scène stoner rock, personne ne fuit et un nombre certain dodelinent de la tête en rythme. La set-list est un savant mélange ente leur premier album, Deep Black Thoughts, sorti en 2010 et leur nouvel opus en cours de réalisation qui devrait sortir début 2015. Quoi de mieux pour lancer la journée qu’un bulldozer à plein régime.
INIMIKALL prend la suite pour entretenir la flamme, encore un peu vacillante malgré un temps qui se maintient malgré tout. Les Belges, venus d’Arlon, nous dispensent un hardcore énergique et efficace qui ne cesse de me rappeler les grandes heures de DOWNSET et RAGE AGAINST THE MACHINE. Les musiciens se démènent, sautent dans tous les sens, chanteur compris, et ne s’économise pas un instant pour mettre en bonne condition le public.
Entre lors en scène le premier groupe à dimension internationale, les néerlandais de DELAIN. Le groupe effectue une prestation bien léchée mais je dois avouer ne pas être très fan du style symphonique avec une voix féminine qu’ils pratiquent. Le jeu de scène est bien rodé cependant et la technique bien maîtrisée. Ne manque qu’un peu de puissance que la plastique agréable de Charlotte, la chanteuse, ne réussit pas à me faire oublier. Le set se termine assez rapidement, semblerait en avance sur l’horaire prévu d’ailleurs, et il est temps de se préparer pour la découverte du jour, MANU LANVIN.
MANU LANVIN est ma découverte coup de Cœur du jour. Il a un nom célèbre mais son art m’était jusque-là inconnu et dès les premières notes en guitare slide, je prends une claque. En plus d’une voix grave, un peu cassée quand il chante, il mêle français et anglais à un rythme venu tout droit du Delta du Mississippi, de la Nouvelle Orléans et des hauts lieux du style. La formule trio est efficace entre son jeu de guitare, celui de son virevoltant contre bassiste qui fait le show aussi et le batteur à la dextérité impressionnante derrière ses futs. Le dialogue entre la scène et le public semble se créer et les musiciens prennent de toute évidence plaisir à être là. Leur connivence est remarquable. Le trio interprète les morceaux de deux de ses derniers albums, Mauvais Casting (2012), Son(s) of the Blues (2014) et finit par une reprise du Baby Please Don’t go de BIG JOE WILLIAMS popularisée par la version plus rock du groupe THEM. Ils prolongeront d’ailleurs l’instant par une séance de dédicace et photos avec ceux qui le souhaitent pendant un bon moment après leur set. Un pur régal ce concert !
C’est ensuite au tour de PUGGY d’entrer en scène. Le groupe belge (de cœur) nous dispense une set agréable et bien exécuté. Le groupe semble avoir de nombreux fans dans l’assemblée… Enfin, je devrais plutôt dire « nombreuses », venues directement de Belgique pour la grande majorité. Le style oscille entre pop et folk-rock un peu à la manière du groupe GUSH ou du québécois DAVID GIGUERE. Une bonne énergie se fait sentir et même si on est fan d’un rock plus lourd, on se prend à dodeliner du chef. C’est sûrement cet entrain qui fait le succès de leur musique notamment pour les bandes originales de film. En tout cas, leurs fans sont au comble et le font savoir par moult cris, acclamations et banderoles.
Le groupe suivant, PETER PAN SPEEDROCK, opère dans un tout autre registre. En effet, on entre ici dans un univers plus motörheadien ou le power trio prend toute sa dimension. Ça joue à 200 à l’heure et vous déboite les vertèbres en moins de deux secondes. Les Néerlandais jouent vite, fort et bien. Comme à leur habitude, ils ne sont pas venus pour faire figuration et ce n’est pas mon pote Vinz, fan parmi les fans du genre, qui me contredira. A l’image de leur clip Crank Up The Everything, le groupe file comme une balle de revolver et traverse tous les blindages. Le plein de décibels sur une ambiance monster truck ou destruction derby est réalisé, assez facilement je dois dire, et il est maintenant temps de passer aux têtes d’affiche, THE STRANGLERS, avant de clore la soirée avec les copains de Sidilarsen.
Je dois confesser être, avant le début de leur set, un peu perplexe quant à ce que je vais voir et entendre sur scène. En effet, je les avais vus sur scène à Terville au 112 lors de leur retour et n’avais pas franchement été emballé. Je peux même dire que j’vais été déçu. J’attends doc avec impatience le début de leur set pour savoir si cela va être du même acabit ou s’il sauront me surprendre. Et je ne suis pas déçu du tout ! Même si la voix du chanteur n’est pas toujours au top, la prestation ressemble plus à l’idée que je me faisais du groupe qu’à ce que j’avais ou voir il y a quelques années en arrière. L’interaction avec le public se fait rapidement puisque certains membres s’adressent à nous en français. C’est un plus non-négligeable. La prestation qui a duré près d’une heure et demie passe à une vitesse grand V e tant mieux car quelques paires d’heures ont déjà été mangées depuis l’ouverture des portes. On compte naturellement dans la set-list les classiques du groupe britanniques commet Always the Sun ou Golden Brown. Leurs morceaux alternent entre influence punk-rock et new wave et certains rappellent le style du Passenger d’IGGY POP ou encore de nombreux groupes anglais qui les ont suivis comme Supergrass. Un mélange de genres qui peut parfois être perturbant pour celui qui les découvre comme moi mais en tout cas c’est un moment fort agréable alors que la nuit est tombée sur les remparts et que j’attends avec impatience de profiter un fois de plus du show de SIDILARSEN.
Les Toulousains ont en effet la tâche de clore une journée fort riche en musique de tous styles. Leur set ne commence pas, il explose tant l’intensité que dégage le groupe est forte dès les premières notes. Un concert de SIDI, c’est toujours l’occasion de faire de purs clichés. David, le chanteur passe plus de temps en l’air que sur scène, ente sauts et slam dans le public après à peine dix minutes de concert ! Les deux Ben aux guitares et Julien à la basse ne sont pas en reste accompagnant toujours leurs riffs d’un jeu de scène sportif. Mais c n’est pas seulement un jeu de scène bien sûr… Le groupe a une conscience et, citoyens, la partage et s’engage à chaque instant. Les textes sont souvent engagés pour nous faire comprendre qu’il est temps de prendre notre vie en main et nous rappelle que nous ne sommes point des moutons. Un rock engagé, mêlé de sons électro comme les grands PRODIGY en leur temps (ils en font d’ailleurs régulièrement une reprise fort bien réussie), qui font d’eux de superbes agitateurs de scènes et de fosses autant que de pensées, parfaits pour terminer cette seconde édition du Rock N’Roll Train mis la première en plein air.
Ce festival organisé par All-Inclusive a été pour moi l’occasion de voir, en une seule et même journée, une multitude de styles et de groupes que je connaissais déjà ou non et j’espère que ce fut la même chose pour le public présent. J’espère qu’une autre édition aura lieu l’an prochain et que cette fois le Pays-Haut se remuera un peu plus. Car s’il doit y avoir un bémol, ce fut bien, en dehors du laps un peu trop long entre les passages des groupes, le manque de public venu profiter de cet événement tant réclamé par la jeunesse longovicienne et des alentours. Enfin de la vie dans une région souvent décrite comme grise et triste tout au long de l’année. Lycéens à Longwy, nous avons tous rêvé durant notre jeunesse de ce genre de manifestation alors j’ose un « Longue Vie au Rock N’Roll Train Festival ! »