Live Report : Surtr – Les Trinitaires (Metz) – 16 mars 2013
En cette froide soirée d’un hiver qui ne veut pas finir, quel meilleur endroit où se trouver que le caveau des Trinitaires de Metz, et quelle meilleure bande son qu’une musique sombre, intense et hantée comme celle du groupe Surtr ?
C’est tout le programme de cette release party qui vient célébrer la sortie du 2ème album du groupe, le bien nommé Pulvis et Umbra. A défaut de faire salle comble, le public présent va assister à une véritable messe noire et communier avec les musiciens tout au long de la soirée, dans l’amour d’une musique malheureusement toujours trop peu diffusée et soutenue. Les Trinitaires, à l’initiative de cette soirée, font enfin une place de choix au métal dans leur programmation, évènement encore trop rare mais qui nous l’espérons, ne manquera pas de se reproduire.
Le trio monte sur scène au son d’une introduction solennelle qui installe immédiatement l’ambiance et laisse apparaître la grande concentration des musiciens. Puis le batteur donne le départ et c’est parti pour 50 minutes d’une leçon de doom métal, sous genre créé à la fin des années soixante-dix par les anglais de Black Sabbath. Le son est énorme, à la fois précis, lourd et d’une puissance telle qu’on se demande comment on peut arriver à ce résultat avec seulement 3 instruments.
Le groupe joue ce soir l’intégralité de son nouvel album mais n’oublie pas d’où il vient en glissant un morceau de leur premier effort, World of Doom, sorti en 2011.
A la guitare et au chant, Jeff Maurer en maître de cérémonie, nous plombe de ses riffs malsains et lourds, tout en assurant comme un diable au micro. Peut-être un peu plus réservé qu’à son habitude en raison d’un gros rhume, il n’en oublie pas de communiquer avec le public avec humour, comme lorsqu’il dédie le 3ème morceau à « tous les mecs à vestes à patchs de l’audience ». A la batterie, Régis Beck assomme l’auditoire avec une frappe colossale. Sa présence scénique vaut à elle seule le détour. A la basse Antonin Rubatat, qui remplace Julien Kuhn, le bassiste habituel, blessé ce soir, s’intègre très bien à la formation et se montre d’une aisance aussi bien scénique que musicale remarquable. Le trio fait donc union et nous convie à un voyage sonore oppressant et maîtrisé allant bien au-delà du doom métal traditionnel puisque les titres sont tous suffisamment variés et riches en rebondissements pour que l’on ne s’ennuie pas. Des notes désespérées de l’intro de Rise Again aux accents viking de Three Winters of War en passant par le heavy métal classique, le black métal et même des passages atmosphériques, Surtr nous dévoile son identité propre. Le concert se termine par le morceau Fred Karno’s Army, le plus long titre du set pour un final en apothéose entre mélancolie et violence contenue.
Qu’on se le dise, le trio a montré ce soir que la scène doom métal peut compter sur un nouveau représentant français qui possède le talent, l’intégrité et le potentiel pour aller loin. Ce n’est que le début de leur parcours et il nous tarde d’en connaître la suite.
Article : Margaux Gatti