Comme je le mentionnais dans mon précédent article, du côté des Sonic Visions 2013 il est temps de passer à la soirée de clôture : au programme une pléiade de groupes parmi lesquels j’ai à nouveau dû faire une sélection. Ce soir je vous parlerai donc de : We Are Match, I Break Horses, Girls in Hawaii, Synthesis, Sigur Ros, OK Kid, Frightened Rabbit et Natas Loves You.
Je n’aime pas particulièrement les marathons, mais j’aime la musique : place à la course au milieu de cette soirée qui s’annonce relativement calme musicalement, première étape : We Are Match au Rockhal Café.
Les parisiens jouent à 20h, et si leur nom ne vous dit rien notez-le. En effet, après avoir conquis les Inrocks et quelques radios avec leur single Violet, ils viennent de sortir un EP qui leur promet de beaux jours. Ce soir sur scène, ils tentent de se faire entendre au Luxembourg, mais bien que les riffs entêtants ne trompent pas, le public est trop occupé à se masser devant la scène principale réservée à I break horses et Sigur Ros.
Une scène devant laquelle je ne tarde pas à me rendre d’ailleurs, puisqu’I Break Horses doit y monter sous peu. Sur scène, un cube en toile est tendu autour des instruments rendant le tout relativement opaque. Il s’agit, en réalité, du support de projection de Sigur Ros, auquel la première partie ne peut échapper pour des raisons techniques évidentes. Alors que les Suédois entrent en scène, quelques éclairages s’activent, faisant ressortir les ombres des musiciens sur la structure.
La musique est ultra planante, comme on pouvait l’attendre, presque minimaliste. Et ce n’est pas la voix mystique de la chanteuse qui va changer l’ordre défini. Un choix idéal avant la tête d’affiche.
Alors que le public entre progressivement dans une bulle musicale, je m’extrais pour aller capter une partie du set de Girls in Hawaii. Surprise devant le Club, il est plein à craquer, me rendant l’accès impossible. Je savais le retour des Belges attendu, mais je n’imaginais pas à ce point. Difficile donc de chroniquer depuis l’extérieur, mais le public semble apprécier.
Je me rabats alors brièvement vers Synthhesis, le duo luxembourgeois manie sans grande surprise les synthés sur la scène extérieure. Qualifiés de trip-hop, ce que j’en vois a plus l’allure d’electro-pop, mais les étiquettes comptent peu. Une chose est sure, c’est entraînant et malgré deux autres scènes saturées de public, il reste suffisamment d’auditeurs pour que la tente reste dans l’ambiance attendue.
La prochaine étape est celle de la tête d’affiche, Sigur Ros. Très attendu, le groupe a fait affluer la foule. L’organisation a prévu le coup puisqu’aucun concert ne se déroule sur les autres scènes avant 45 minutes. La hâte se fait sentir dans le public et le noir ne tarde pas à se faire, rapidement suivi par la musique mais surtout les projections. Et quand je parle de projections, je ne parle pas d’un simple projecteur sur un écran blanc. Il s’agit ici de 3D sur les faces du cube de toile évoqué plus tôt. En parfaite adéquation avec la musique, le public assiste à l’évolution d’une aurore boréale en formes humaines, vers des masques à gaz en explosions de couleurs.
A travers le cube, difficile de distinguer les musiciens, mais une chose est sûre, le groupe n’est pas venu seul. Un véritable orchestre s’active à nous couper le souffle. Le chant de Jόnsi quant à lui est reconnaissable entre mille, et communique un flot d’émotions à qui veut bien l’entendre.
Après quelques morceaux, le cube tombe, dévoilant percussions, batterie, cuivres, guitares, basse, piano… On ne sait plus où donner de la tête, et comme si ça ne suffisait pas, les projections ne s’arrêtent pas, un écran géant à LEDs occupe l’arrière-plan et assure la poursuite de l’ambiance visuelle avec brio.
Après de nombreux morceaux d’un concert fleuve, je quitte à contre cœur Jόnsi, son archet à guitare, son groupe à rallonge et ses émotions pour aller jeter un œil aux autres scènes qui ont repris le jeu.
Sur la scène extérieure, OK Kid donne ses premières notes. Situés quelque part entre rap et rock, le groupe a de l’énergie, aux antipodes de l’ambiance de la soirée jusqu’alors. En revanche, les paroles sont en allemand, ce me rend parfaitement démuni pour ce qui est de comprendre les thèmes abordés, tout ce que j’en sais c’est que ça sonne. Ce qui est déjà une bonne chose.
Alors que la foule se masse dans le hall à la sortie de Sigur Ros, d’une manière assez spectaculaire, je me rends dans le Club pour mon prochain rendez-vous, cette fois avec Frightenned Rabbit, des écossais plutôt rock’n’roll.
Le retour à l’énergie n’est donc pas l’histoire d’un groupe mais bien la ligne directrice de la fin de soirée. Les musiciens jouent à alterner les passages calmes et entêtants avec des passages plus bruts.
Je leur fausse compagnie pour aller à la rencontre de Natas Loves You, un groupe formé au Luxembourg de membres de divers horizons pour une pop bien vivante et dansante… Du moins c’est ce qu’on m’en a dit. Je ne peux malheureusement pas le constater de moi-même, puisque le système de sonorisation a décidé d’abandonner la scène extérieure dans un grand *POP* assourdissant. Les membres du groupe déconcertés tentent d’assurer le show en attendant la réparation. Ainsi sont distribués des fruits (certainement issus du catering) aux premiers rangs. On croit à un feu vert, quelques notes sonnent et… *POP*. Mon sort est alors scellé : condamné aux acouphènes demain matin.
Le groupe ne se laisse toujours pas abattre et propose, entre les *POP*, au public de venir écouter depuis la scène, puisque seuls les retours fonctionnent, avant d’entamer un morceau. Visuellement, c’est drôle, pour ce qui est de l’audition par contre, on n’entend pas grand-chose malheureusement.
Un dernier *POP* plus tard, je choisis de quitter les lieux, déçu de n’avoir pas pu découvrir le groupe et plutôt navré pour les musiciens empêtré dans des problèmes techniques qu’ils ne maitrisent pas et ne semblent pas être maitrisés pour eux.
Cet incident technique isolé marque la conclusion d’un festival qui a su auparavant tenir toutes ses promesses aussi bien en terme de conférences et showcases qu’en qualité de programmation et affluence. Sonic Visions reste et continue de devenir une valeur sûre qu’il faudra surveiller les années à venir.
Article & photos : Matthieu Henkinet