Sirius Plan : un trio féminin, sauvage et raffiné
Nous étions invités au Casino 2000 à Mondorf-les-Bains en ce jeudi soir 20 février dans l’ambiance feutrée du Purple Lounge pour découvrir le groupe encore inconnu au bataillon. L’invitation disait :
« 3 artistes, 3 univers, 3 voix, 3 musiciennes ! Elles unissent sur scène leurs talents et vous emmènent dans leur univers à travers des compositions originales et quelques reprises savamment arrangées. Si vous aviez envie de redéfinir le rock et la féminité, c’est ici et maintenant que ça se passe. »
Inutile de vous dire, que c’est sans aucune conviction que j’ai passé le pas de la porte du casino ce soir-là. Trois femmes qui redéfinissent le rock et la féminité… à vrai dire je ne suis pas sûre que cela soit vraiment mon rayon. Nous voilà donc à table avec les trois protagonistes de la soirée : la pétillante Skye, la sombre Claire Joseph et très mal en point Gaëlle Mievis, qui avait mal au dos ce soir-là. C’est d’abord Skye qui se chargera de monopoliser la conversation. Sirius Plan voilà comment s’appelle le groupe composé par ces trois femmes hors du commun et présenté avec enthousiaste par la meilleure des VRP.
Cette VRP c’est Skye : l’adroite gauchère à la guitare à l’envers, qui écrit, compose et chante. On la verra d’abord avec Alain Chamfort, puis Miossec pour ensuite partir en tournée avec Christophe Willem. Le début d’une longue et belle aventure. Pendant huit mois aux côtés du chanteur atypique, elle et sa guitariste choriste. Puis ils partent à Londres pour préparer l’album Caféine (sorti en 2009), sur lequel elle écrit la quasi-totalité des textes (dont les singles Berlin et L’or est tombé du ciel). Côté scène, on a pu la découvrir en première partie de San Severino, Abd Al Malik, Alain Chamfort, Laurent Voulzy, The Servant, Christophe Willem, TOTO ou encore Beverly Jo Scott.
Sur sa route elle croisera Claire Joseph : auteur, compositeur, interprète, pianiste et guitariste, Claire Joseph, qui est une artiste au parcours atypique. Athlète de haut niveau de TaeKwonDo, elle se destine à une carrière dans ce sport quand en 2002, Francis Cabrel l’invite à participer aux Rencontres d’Astaffort, et quelques années plus tard à une édition « Best of », au cours de laquelle elle rencontre Emmanuel Moire. Emmanuel Moire lui propose rapidement de la chanter avec lui sur son album Là où je pars et de l’accompagner sur scène, lors de sa tournée 2007.
Puis elle rencontre Skye qui lui demande de faire les arrangements chœurs de son album All My Tears. Elle l’accompagne pendant plus d’un an sur scène en tant que choriste et guitariste. C’est ensemble qu’elles décideront de faire un projet, projet qui s’appellera finalement Sirius Plan. Un jour lors d’un concert de Beverly Jo Scott, elles y verront Gaëlle Mievis à la batterie, ce qui sera une véritable révélation. Gaelle, qui a la petite belge du groupe, a un son beaucoup plus blues rock et des influences liées à Phantom Limb, Alabama Shakes, Foo Figthers , PJ Harvey, Florence and The Machines ou encore Jeff Buckley.
Mais assez parlé des filles, car pour ceux qui ont raté ce concert exceptionnel, il n’y a pas de mots pour décrire l’ampleur de leur talent à chacune d’entre elles mais aussi des trois ensemble ! Des harmonies vocales parfaites et des reprises de très haut niveau, comme notamment une version plus bluesy de Come Together des Beatles : elles n’ont pas choisi la facilité. On comprend maintenant pourquoi de nombreux artistes se les arrachent et veulent travailler avec elles.
Ces filles chantent et leurs voix donnent envie de traverser les rues de New York en diagonale. Lorsque ces filles jouent, la température monte ! Les chansons qu’elles composent ont des allures de standards, les chansons qu’elles reprennent semblent avoir été écrites pour elles, et elles passent d’un registre à l’autre avec une aisance de sales gosses.
Avec ces trois filles là, la musique voyage, l’énergie déborde et le plaisir est contagieux. Si elles repassent pas loin de chez vous, allez-y les yeux fermés. Ou plutôt non, ouvrez bien les yeux, car en plus d’avoir du talent, elles ont beaucoup de charme et un charisme débordant sur scène. En gros c’est le genre de filles qu’on aime détester.
Article : Nathalie Barbosa