C’est en Lorraine, que les Fatals Picards ont décidé de poser leurs valises avec l’une des dernières dates avant des vacances bien méritées. Ils ont donc établi leur campement sur la Passerelle de Florange en Moselle le vendredi 13 décembre 2013.
Le ton est donné par la première partie assurée par Nordine le nordec, ce fils adoptif d’un léopard et d’une Zébrette.
Résolument décalé, soutenu par des musiciens bien en place et dont le plaisir d’être là est palpable sur le visage de chacun, il vient à bout des plus récalcitrants de la salle grâce à ses textes ciselés pour enfin les emmener dans une chorégraphie digne de Kamel Ouali. Résolument une belle découverte.
Puis, c’est sans crier gare (en fait si ils ont crié en arrivant) que nos troubadours des temps modernes débarquent sur scène pour entamer leur combat ordinaire.
Une certitude : ce soir ce n’est pas à un simple concert que nous allons assister, mais plus à un « concertshow » : blagues, quolibets, brimades collégiales. Cela fleure bon l’esprit des Fatals Picards à tel point que l’on se sent entre potes.
Après chaque chanson un interlude, introduisant la prochaine expérience que nous allons vivre mais aussi et surtout l’occasion de taper sur certaines personnes…
Ainsi, après avoir entonné le fameux Bernard Lavilliers commencent les préliminaires vers le septième ciel (titre de leur nouvel album).
Avec Gros Con dénonçant le carcan des violences conjugales, nous entamons ensuite, en écrasant des cafards, l’apprentissage d’une danse révolutionnaire : l’Atomic Twist.
Une chose est sûre, Paul Léger envoi du lourd et ne ménage pas ses cordes vocales avec la setlist.
Nous avons donc eu l’occasion de réfléchir sur la sécurité de l’emploi pour en déduire que seul l’Amour à revendre pourrait nous sauver, tout ceci mené tambours battants (avec de la guitare et de la basse aussi faut pas déconner :).
Puis c’est le moment des chaises musicales, enfin des tabourets musicaux (on n’oubliera pas de les applaudir eux aussi), pour laisser Jean-Marc Sauvagnargues, le batteur, placer l’émotion qui lui est propre en interprétant : mon père était tellement de gauche.
Une démonstration (si tant est qu’il en fallût une) que ce groupe est capable de tout et que l’unité dont ils font preuve est le ciment de cet état d’esprit que nous aimons tant dans cette formation.
Après une spéciale dédicace à M.V, les Manouches débarquent pour tordre le cou aux idées reçues.
Nous sombrons alors avec ce pauvre Robert dans sa descente aux enfers face à l’alcoolisme. Une chanson poignante que ce soit par la rythmique lancinante, sa verbe, sa batterie qui vous fait vibrer le corps et son caractère inexorable et universel.
S’enchaînent ensuite l’Histoire d’une meuf où le public est déchaîné, l’Amour à la française ou comment les Fatals Picards ont inventés « les ringards de l’Eurovision » (dixit Laurent Honel), un Pogo d‘Amour effectué dans les règles du (rentre dans le) lard sur le son des riffs de guitare d’Yves Giraud et les ligne de basses de Laurent Honel qui ont échangés leur rôle le temps d’une chanson.
Pas le temps de se rendre compte que les clefs de la BMW ont disparu, que l’on est embrigadé dans une formation « flashmob pour les nuls » qui nous transforme en une compagnie de kangourous dociles qui va répondre à la question ultime de la soirée, y’a-t-il des punks à Florange ? Assurément ! Mais… y’a-t-il des punks aux Liechtenstein ?
C’est déjà l’heure du rappel, et la déferlante punk est lâchée, l’osmose des protagonistes sautants, criants, syncopant cette rythmique si particulière nous amène sans contrefaçon vers la destination qui nous était promise depuis le début : le septième ciel
Une fois la petite graine implantée (il faut absolument partager sa joie et son excitation, bande d’esprits grivois c’est dans le Noir(s) que nous quittons la salle d’un concert qui fût mémorable.
Maintenant, courez, volez vers votre billetterie préférée pour vivre par vous-même cette expérience
Article & photos : Yvan Cauvez