Live Report : Festival Zikametz – 19 septembre 2013

Après quelques jours de repos bien mérités, durant lesquels le Zikametz a continué à créer l’effervescence à tous les niveaux notamment avec ses journées pour enfants, nous voici de retour aux Trinitaires à Metz pour une soirée annoncée comme « Rock ».

Un défilé de guitares, de batteries martyrisées et de voix énergiques nous attend, mais la programmation a choisi une mise en bouche plus calme. On nous indique que Jullian ouvre la soirée depuis le Petit Théâtre. « Qui est ce Jullian ? » me direz-vous. Et bien il s’agit d’un des fondateurs du festival, lui-même artiste, présent il y a donc dix ans et depuis expatrié au Canada.

Il évolue dans un univers électro ambiant, et c’est depuis les gradins, au milieu du public qu’il a installé sa table de mixage et ses pads. Le tout se déroule dans la pénombre, tout le monde est confortablement assis tandis que les enceintes stratégiquement installées aux 4 coins de la pièce livrent des sonorités planantes ou se mêlent bruits urbains et sons électroniques d’habillement.

Jullian porte ses auditeurs à travers des univers et une expérience sensorielle.

Le théâtre est bien confortable, mais il est déjà temps d’aller voir les Nancéiens de Blondstone dans la chapelle. Les premières notes retentissent alors que je pose les pieds dans la salle, sur scène se trouvent trois hommes en costume cravate. On pourrait penser que le coup du rockeur en costard a déjà bien vécu, qu’il n’a plus rien de subversif et renvoie même une image arrogante… ce qui n’est pas faux, pourtant ici le rendu est plutôt bon et même si l’on est pas forcément convaincus, les mimiques de serial killer du batteur finissent le travail.

S’inscrivant dans une mouvance stoner, les musiciens déploient une belle énergie sur scène et font avancer les curieux. Suivant les morceaux la tendance évolue sensiblement vers du grunge.

 

Il est encore tôt et la salle n’est pas comble, mais le public se tasse progressivement devant la scène, alors qu’il est temps pour moi de me rendre au caveau et y rencontrer les luxembourgeois de Mutiny on the Bounty. Un groupe qui a du vécu, puisqu’il arpente les scènes européennes depuis 2004, un vécu qui se constate dans l’écart entre les compositions. Certaines sont axées métal, d’autres rappellent la vague emo notamment par le biais du chant, laissant une part plus math-rock et atmosphérique aux morceaux récents.

Le groupe fait rapidement part de sa joie de jouer à Metz, et mentionne jouer à Copenhague, à 1 200 km le lendemain. Difficile de mettre en doute la motivation scénique des musiciens dans ces conditions.

 

Dans la Chapelle, les rockeurs de Mnemotechnic s’affairent déjà à conquérir les oreilles des messins. « Je ne sais pas si on vient de loin ou si c’est vous qui êtes loin… », lance le chanteur entre deux morceaux. Effectivement, le quatuor vient de Brest, beaucoup de route qui, semble-t-il, a attisé l’énergie tant il semble s’éclater sur scène. On ressent bien la maîtrise technique dans la diversification des morceauxet les quelques irrégularités dans le chant haut perché ne viennent pas entacher la prestation mais lui apportent un réalisme plaisant.

Véritable point fort de la soirée, le groupe se montre à la hauteur et propose un show relevé aux spectateurs et je dirais même qu’il  monte la barre d’un cran.

Au dernier passage dans le caveau, l’ambiance baisse radicalement, mais c’est pour le meilleur puisque on y accueille Motek et son post rock belge. Etant moi-même un inconditionnel du style, leur présence me fait le plus grand bien et m’offre une plage de « repos » en plein sprint final de cette soirée.

Motek a tout ce qu’on peut attendre d’un groupe de post rock, l’ambiance, les sonorités, les émotions, la sobriété. Ajoutons à cela des projections vidéo de qualité en arrière scène et la formule est complète. Le groupe est loin d’être une révélation, de par son classicisme dans le domaine, on regrette justement ce grain d’originalité qui le rendrait singulier mais il n’en est pas moins efficace.

Les notes nous portent doucement jusqu’au dernier acte de la soirée, que nous retrouvons au sein de la Chapelle. Samba de la Muerte nous y attend, bien décidé à faire danser la foule. Ce n’est que la seconde fois que les Caennais se produisent sous cette formation et c’est une véritable réussite. Des sourires peuplent la scène, eux même équipés d’instruments. Synthé, guitare, basse, batterie minimale… pour une bonne dose de folk-samba dansante que le public accueille à bras ouverts.

Un finish en beauté pour une soirée à la programmation solide et si l’absence de véritable tête d’affiche en a découragé certains, ils ont eu tort de s’abstenir tant les groupes étaient au niveau. Pour notre part, le prochain rendez-vous est donné le lendemain pour un nouveau marathon entre rap, hip hop et… pop, un cocktail détonant qui ne sera pas de tout repos.

Article : Matthieu Henkinet

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