Live Report – Festival Vache de Blues 2014

Vendredi 4 juillet 20h, les Américains fêtent leur indépendance, et nous, à Villerupt, on fête le blues. En effet, alors que les Bleus se dirigent vers la sortie de la Coupe du Monde de Foot, c’est le coup d’envoi de la 14éme édition du désormais très réputé festival Vache de Blues.

Rien n’arrête le blues, pas même les matchs du Mondial ou une météo capricieuse. Cette année encore, le public a trouvé son chemin jusqu’au chapiteau central du festival planté dans l’enceinte de l’ancien collège de Villerupt.

Première tête d’affiche, le légendaire harmoniciste américain Jerry Portnoy se produit sur scène avec le groupe du guitariste Umberto Porcaro. Porcaro (quel nom magique !) chauffe le public à blanc avant l’entrée en scène de la star, Monsieur Portnoy en personne.  Et à ce moment, un ange descend du ciel.  Une légende du blues, a deux mètres de soi, en train de vous causer dans le poste avec son harmo, c’est à vivre, croyez-moi. Jerry a beaucoup d’expérience et en dix secondes trois quart, il a conquis son public. Nous sommes entrés dans la quatrième dimension, celle où l’espace-temps n’a plus aucune importance, peu importe que la distance entre votre voisine de gauche et votre voisin de droite se réduise dangereusement. Seul compte Jerry et son blues.

Samedi 5 juillet : Après Little Victor, que nous n’avons pas vu, mais dont le concert, à en croire les oreilles de quelques amis initiés se trouvant sur place, fût d’une qualité irréprochable, c’est au tour de Tian And the Patient Wolves de prendre possession des lieux.  Ce fut un concert agréable et de bonne tenue, mais on sent que Tia n’a pas encore le pied tout à fait sûr. Pour autant, détrompez-vous, car le jour où elle décidera de lâcher les chevaux, ce sera pour notre plus grand plaisir. Son potentiel ne fait aucun doute.

Le très haut niveau de ce début de festival laisse présager le meilleur pour la suite. Il faut dire que la programmation tient le pavé, les loulous de l’organisation, avec Nico Vallone en chef de file, sont balaises question culture musicale et cette année ils ont sortis les biscottos.

Du muscle, il va y avoir, et du tatoué en plus, à l’image de ce groupe constitué pour l’occasion par Big Pete, géant hollandais, tatoué comme l’oreille de mon chien, mais qui en plus joue de l’harmonica comme un dieu qui déchaîne sa colère sur l’autel sacré de la scène de Vache de Blues. En guise de maître de cérémonie, Alex Schultz, dont la guitare semble jouer toute seule pendant qu’il récite les dix commandements du blues avec ses potes sur scène. Pour compléter cette bande de gais lurons, cracheurs de feu, pourquoi pas un Mike Hightower, tant qu’à faire très en forme ? Allez banco, c’est vendu. Ce soir on va en prendre plein les oreilles. Profitons-en pour ouvrir une petite parenthèse : les sidemen, en particulier dans le jazz et le blues, ont un rôle ingrat. Sur scène, on ne les regarde pas, on en parle très peu, mais on oublie par la même occasion que sans eux, les frontmen et autres solistes ne peuvent pas faire grand-chose. C’est un peu comme une maison sans fondations. Revenons à Mike Hightower. Avec lui, pas de problèmes de fondations, c’est du béton armé jusqu’aux dents. Les autres zicos n’ont pas de souci à se faire, l’édifice n’est pas prêt de s’écrouler. Sobre, sans fioriture, pas démonstratif pour deux sous, et pourtant terriblement efficace. Une aubaine pour nos deux solistes qui, ce soir n’ont qu’à rouler  sur les rails posés par les groovemen du fond de scène, pour laisser exploser leur talent. Les deux leaders se connaissent bien et la synergie fonctionne on ne peut mieux.

Bien vu Nico, ton nez ne t’a pas trompé, pour le choix de la programmation de ce groupe comme pour le reste du festival. Vache de Blues marque cette année encore la Lorraine de son emprunte, invitant le Blues au delà des clivages et des oreilles, s’imposant dans les veines de la région et les artères des nombreux amateurs.

Article et photos : Manu D’Andréa

 

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