Interview Twin Pricks
Interview réalisée lors du live report de Antipop sur Folk, Chez Paulette le 1er mars 2013
Démarrons tranquillement avec les présentations :
Pierre-Louis : Je commence, je m’appelle Pierre-Louis et je joue de la batterie dans le groupe depuis, je ne sais plus, deux ans, trois ans ?
Florian : Trois.
Pierre-Louis : Ah oui ça passe ! Trois ans en juin donc.
Florian : Florian, guitare-chant depuis quatre, trois…
Geoffrey : Trop ! (rire)
Florian : 3 ans et demi voilà !
Olivier : Moi c’est Olivier, basse et un peu de chœurs de temps en temps. Je suis dans le groupe depuis trois ans, comme Pierre.
Geoffrey : Et moi je suis Jo’, je suis le chef du groupe (rire), j’ai commencé avec Florian à faire des chansons à la guitare sèche et puis… Voilà !
Pouvez-vous nous parler un peu de la formation du groupe ?
Geoffrey : On a eu deux périodes.
Florian : En fait, Jo’ et moi on travaillait ensemble dans un bar. Je m’occupais de la programmation et Jo’ du son. On avait déjà joué ensemble dans plein de groupes depuis qu’on est ado mais on ne jouait plus trop à cause de ce boulot. Et on avait pris l’habitude avant que les groupes n’arrivent au bar de gratouiller ensemble, juste comme ça. Finalement on s’est dit que c’était peut-être une bonne idée de remonter un projet, juste tous les deux au départ. On n’avait jamais fait de musique folk, pop, plus calme. Toujours de la musique assez brutale. Et donc on a commencé comme ça, en se produisant dans notre bar. On a fait quelques concerts tous les deux et ensuite, on a rencontré les deux autres.
Pierre-Louis : Oui voilà, en fait on se connaissait déjà. C’est venu d’une discussion qu’on a eu au bar Olivier et moi avec soit Flo, soit Jo’, je ne sais plus…
Geoffrey : Nous on cherchait un backing-band (musiciens accompagnant les membres d’un groupe pour compléter la formation sur scène, ndlr).
Pierre-Louis : Voilà et nous on leur a dit qu’on voulait bien jouer avec eux, mais juste de temps en temps, pas de façon récurrente. Moi j’aimais bien la version un peu folk, à deux. Donc c’est venu comme ça et puis un jour ils nous ont proposé plus sérieusement, pour la sortie de l’EP. Du coup on a monté un petit répertoire en quelques répétitions, on a joué aux Trinitaires en juin 2010. Et puis en fait les choses se sont faites doucement. Ils ont continué à faire des concerts acoustiques et d’autres avec nous. Le glissement s’est de façon assez naturelle. Pendant un moment Olivier et moi restions en retrait, c’était le groupe de Flo et Jo’, et puis finalement maintenant on compose à quatre.
Justement, les compositions se font à quatre, mais qu’en est-il des textes ? Qui les écrit ?
Olivier : C’est plus les chanteurs qui s’en occupent.
Florian : Et il n’y a pas de méthode d’écriture ou quoi. C’est la musique qui inspire les textes.
Geoffrey : Celui qui amène la base musicale, amène la base de texte aussi en fait.
Florian : Voilà, le rythme et la mélodie viennent avec le morceau qu’on joue. Après on n’est pas des grands songwriters mais on essaie d’écrire des textes sympas.
Et les thèmes ?
Pierre-Louis (à Florian) : Ah ben ça, tu l’as dit l’autre fois, c’est ta vie !
Florian : Oui, enfin non. C’est pas que, quand il m’arrive un truc, je me dis « Tiens, je vais écrire un texte sur ça ! ». C’est plutôt un ressenti. J’ai deux ou trois phrases qui sonnent bien dans ma tête, je vais les écrire et voir si ça colle avec la musique. De là, je brode et ça fait le texte. Et en général c’est seulement après, une fois qu’on a bien joué le morceau que je me rends compte qu’il parle d’un truc qui m’est arrivé ou qui nous est arrivé.
Geoffrey : Ce qu’on fait aussi, souvent, c’est qu’on écrit les textes chacun de notre côté sans se concerter et on essaye, ensuite, de lier les deux textes, qui peuvent être des sujets qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, pour en former un seul.
Florian : Et puis, dans nos morceaux, on a souvent des parties où je chante seul et d’autres où Jo’ chante seul… C’est vraiment… Les trucs s’imbriquent en fait.
Comment vous répartissez-vous le texte ?
Florian : C’est suivant l’inspiration.
Olivier : En général vous vous partagez les couplets.
Pierre-Louis : Oui c’est vrai que d’un point de vue extérieure vous vous partagez assez bien le boulot. C’est-à-dire qu’il n’y en a pas un qui veut chanter plus que l’autre.
Geoffrey : ‘Fin depuis le dernier disque, un peu plus Flo’ quoi hein ! Il essaye de prendre un peu le… Le leadership ! (rire)
Florian : Ah ben tu m’as laissé une faille, j’y vais moi ! (rire)
Pierre-Louis : Non mais je veux dire, même en studio il y a des moments où vous vous dites « Tiens, je chante pas là, tu peux reprendre ». Il y a un partage assez équitable quoi ! C’est pas un combat perpétuel de celui qui veut chanter. Et comme vous chantez tous les deux sur tous les morceaux il n’y a pas un type de morceaux où c’est l’un qui chante et un autre où c’est le deuxième… C’est un bon dosage et un bon mélange.
Florian : Je ne suis pas un guitariste donc je m’approprie plus le chant c’est vrai…
Pierre-Louis : Oui enfin tu joues mieux de la guitare quand même (rire général).
Florian : Depuis quelques temps c’est vrai que je travaille un peu plus chez moi et ça va mieux. Mais bon c’est quand même plus le chant pour moi.
Qu’est-ce qui vous a fait aller vers le folk ? Juste l’envie de changer de style ?
Geoffrey : En fait on n’était au bar pour jouer et on n’avait qu’une guitare sèche donc on faisait avec.
Florian : Et puis on faisait jouer pas mal de folk dans le bar. Oldseed, qui est là ce soir, par exemple a joué plusieurs fois. On a fait jouer plein de gens comme ça et c’est une musique qu’on a toujours aimé et qu’on avait pas encore tentée. On s’est dit pourquoi pas essayer. Mais là à quatre ça n’a plus rien à voir avec la formule de départ.
Olivier : C’est du rock quoi.
Et de votre côté, Olivier et Pierre-Louis, vous aviez des projets avant Twin Pricks ?
Olivier : Alors Pilou et moi on se connait depuis une bonne dizaine d’années et on a joué ensemble dans un groupe qui s’appelait Agostino, Pilou à la batterie et moi à la basse et au chant. On avait une autre basse dans le groupe et un guitariste. En parallèle on a monté un projet qui s’appelle No Drum No Moog, petite promo au passage ! Donc on se connait bien et je pense qu’on forme une bonne base rythmique.
Pierre-Louis : Voilà, la base rythmique c’est un peu comme un couple en fait.
Geoffrey : En fait quand Flo et moi avons cherché un backing-band… Au début on avait des idées sur d’autres bassistes ou batteurs. Mais le fait qu’on puisse avoir le lot de groupe, ça nous a aidé dans la décision. On s’est dit « Ben tiens, on prend les deux, ils se connaissent, c’est plus cohérent. »
Olivier : Voilà, ça simplifie les choses. On a un cachet et on se partage le cachet à deux plus ou moins ! (rire).
Comment s’est passée votre transition du simple backing-band à membres de groupe à part entière ?
Geoffrey : Oh ben ils sont biens hein ! Il y a aucun soucis n’est-ce pas ? (rire)
Pierre-Louis : Et bien en fait, le moment où les choses ont un peu changé, c’était pour le dernier disque. Ils avaient fait deux disques avant et du coup on jouait leurs morceaux. Et là on a enregistré un disque, qui doit sortir bientôt, et où les morceaux ont été fait à quatre. Donc l’intégration s’est faite dans le processus de création.
Florian : Exactement, on ne s’est pas dit du jour au lendemain qu’ils faisaient partie du groupe.
Pierre-Louis : Non voilà, vous aviez juste émis l’idée que vous ne vouliez plus jouer à deux. Vous y trouviez moins votre compte qu’à quatre. Personnellement j’aimais bien la formule en duo.
Geoffrey : Oui, mais après cinquante, cent concerts à deux, tu te lasses… Si t’as pas le folk dans la peau…
Florian : Oh, moi j’aime toujours bien.
Quand vous ne jouiez qu’à deux, qui composait la basse et la batterie sur les albums ?
Geoffrey : Sur les deux premiers disques, je jouais la batterie et la basse. Je bricole un peu de tout et on a fait une petite batterie et une petite basse.
Olivier : Et nous on a copié et réarrangé.
Florian : C’est pas du Dreamtheater de toute façon.
Geoffrey : Oui la musique qu’on fait reste assez simple, avec des structures basiques couplet-refrain-couplet-refrain. Ca reste assez pop.
Pierre-Louis : Avec la petite finesse du fait qu’on a un vécu et un bagage qui n’est pas pop, du coup même quand on fait de la pop, on ne le joue pas comme les autres.
Geoffrey : Ce qui est marrant c’est qu’eux viennent de la noise musique et nous de la scène hardcore… C’est à se demander ce qu’on fait dans la pop. Et au début leur jeu de batterie par exemple ne collait pas du tout à la musique folk. Mais ça a fait un autre équilibre et un autre type de musique.
Vous pouvez nous parler de ce prochain album ?
Florian : Ça fait bien quatre mois qu’on est dessus et là il est en mixage.
Geoffrey : On prend notre temps en fait. Il faut savoir que les deux premiers disques ont été enregistrés en un jour, celui-ci ça fait plusieurs mois qu’on est dessus. Il a été enregistré rapidement mais on prend notre temps pour bien le mixer et tout. C’est un disque qui va être vraiment très éclectique avec plein de morceaux différents. De l’électro, du planant, du rock.
Florian : On part du principe que personne ne nous attend au tournant.
Geoffrey : Effectivement, on se fait vraiment plaisir pour sortir un truc qui nous corresponde.
Pierre-Louis : Et puis la production aussi. Il y a des morceaux qu’on a joué pour la première fois en studio. On les a terminé au moment de les enregistrer.
Geoffrey : En fait il faut parler du dernier concert, qui devait LE dernier concert.
Pierre-Louis (surpris) : Ah bon ? Je savais pas…
Florian : Interview vérité, des révélations sur le dernier concert ! (rire)
Geoffrey : Non mais en fait, on a du mal à se voir pour répéter et avancer, donc on s’est dit « On compose un nouveau disque, à quatre ! ». Au bout d’un an on avait fait trois répètes, composé deux morceaux et demi. Perso je me suis dit, vaut mieux arrêter. Et on a fait un dernier concert aux Trinitaires qui s’est vraiment bien passé. Quelque part on en avait un peu rien à faire et au final, on a joué notre truc comme il fallait. Les gens nous on dit qu’il fallait qu’on enregistre les morceaux et tout… La semaine suivante on était en studio et les morceaux qui n’étaient pas fini on les a improvisé en studio.
Florian : Effectivement il y a un truc qui s’est passé. On a réenregistré un vieux morceau, on a fait de nouveaux morceaux, d’autres qu’on avait plus ou moins en gestation. En fait, en allant en studio tout d’une traite, on s’est rendu compte qu’il y avait une cohérence entre tout, ce qui ne semblait pas évident au départ.
Pierre-Louis : Non mais ça va être un bon disque, j’en reste persuadé !
Florian : On manque encore de recul, mais on en est vraiment très content.
Geoffrey : Ça change un peu de tout ce que tu peux écouter actuellement. La plupart des morceaux se ressemblent dans le style qu’on fait. Sur notre disque chaque morceau est différent. Après est-ce que ça va plaire…
Florian : Oui, on ne va peut-être en vendre que trois copies, on n’en sait rien. C’est pas très grave dans l’absolu, on est content de pouvoir aller au bout de ce projet et de sortir un bel objet, un disque qui nous satisfait à 100%.
Du coup, la motivation est revenue ?
Florian : Ouais ! Enfin on a fait que trois répètes en 6 mois (rire) mais oui.
Geoffrey : Le problème c’est qu’on n’a pas de salle.
Florian : Oui voilà, on n’a aucun endroit pour répéter, on a des emplois du temps super chargés tous, c’est toujours assez compliqué de se voir.
Geoffrey : On a tous un boulot, on ne vit pas de la musique. Autour de ce disque, on est tous assez content de ce qu’on a fait alors qu’on n’imaginait pas pouvoir faire un truc comme ça.
Florian : On est super content de jouer ici, chez Paulette, ce soir, ça fait six mois qu’on n’a pas fait de concert. Je pense qu’on est content de se projeter dans l’avenir et de se dire que même si on ne se lancera pas dans des tournées incessantes avec 15 000 dates, on sera heureux de faire quelques concerts pour promouvoir ce disque.
Donc vraiment aucune date de sortie en vue ? Pas même une idée ?
Pierre-Louis : L’idée c’est de le sortir avant l’été.
Geoffrey : On s’est dit qu’on prenait notre temps pour le finir et qu’on le sortirait quand on serait content de nous, pas avant.
Olivier : Il y a encore du travail. On doit encore réfléchir au visuel, l’artwork. On n’a quelques idées mais il faut développer ça.
Florian : Et puis le mastering…
Geoffrey : Personne ne nous attend. On prend notre temps. De toute façon on va continuer à jouer dans tous les cas, que ce soit ensemble ou pas.
Florian : Notre modèle, c’est Paulette. Elle a 90 ans et elle fait toujours ça, elle est toujours dans le milieu ! On espère continuer à faire de la musique à 90 ans !
Vous allez vous occuper vous-mêmes de l’artwork ?
Florian : C’est ma compagne qui s’en occupera. On a quelques idées… Le disque sortira en CD chez Chez Kito Kat Records et en vinyle sur mon label Specific.
La dernière question : vous êtes plutôt Beatles ou Rolling Stones ?
Florian : Ni l’un, ni l’autre, pour moi c’est les Kings.
Olivier : Les Beatles.
Geoffrey : Les Beatles de loin ! Les Rolling Stones font un vieux blues à deux balles depuis des années… Il n’y a pas un album qui vaille Revolver (sorti en 1966, ndlr) des Beatles.
Pierre-Louis : Les Stones pour moi. Attends t’as vu ce qu’est devenu McCartney ! (rire) Non vraiment, les Stones.
Propos recueillis par : Dom Panetta
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