Le groupe Odezenne a remporté de nombreux tremplins de musique live. D’abord les Découvertes Printemps de Bourges en 2009, puis celles des Francofolies en 2010 et enfin le prix Adami Deezer de Talents 2012. Le FAIR en 2013 finit d’installer le groupe dans le paysage de musique actuelle français. Une reconnaissance professionnelle confirmée par la programmation dans des festivals majeurs en 2014 tels que Les Vieilles Charrues, Les Eurokéennes. Le groupe a dévoilé en 2014 un EP appelé Rien. Comme à son habitude, Odezenne s’est réinventé et l’EP se trouve désormais dans le bac « Variété française » et n’est plus dans du rap pur et dur. Il y a à peu près un an, le groupe a fait le pari fou de s’autoproduire à l’Olympia. Rendez-vous est donc pris le 10 mars 2015 ! En amont, Alix, une des deux voix du crew, nous a parlé de leur état d’esprit avant cette grande soirée.
Bonjour Alix ! Le 10 mars 2015, vous serez à l’Olympia. Cela fait un an que vous en parlez, mais comment est née l’idée du projet ? Et pourquoi l’Olympia ?
Bonjour Nathalie ! Oui, cela fait un an qu’on l’a évoqué pour la première fois et cela fait depuis novembre qu’on s’y prépare vraiment sérieusement. On a eu la chance de pouvoir faire pas mal de festivals tout l’été. L’idée de l’Olympia nous est venue lorsqu’on écrivait notre EP à Berlin. On a mis une dizaine de mois à le pondre, cela ne vient pas sur commande malheureusement. C’est un processus assez hasardeux. Le disque a commencé à naître et très vite on a pris confiance et on s’est dit qu’il fallait qu’on réserve l’Olympia. Le lendemain on a appelé notre producteur, qui nous a pris pour des fous au début. Rapidement, on a réussi tout de même à le convaincre.
Au dernier pointage, avez-vous réussi votre pari ?
Je pense que oui. Au dernier pointage, il ne reste pas beaucoup de places de libres. Pour moi, c’est d’ores et déjà un succès, car au début on était vraiment tous seuls. Ça a bluffé pas mal de monde. Surtout pour un groupe qui est non signé et non diffusé à la radio. Comme par hasard, on a fait aussi notre première télé cette semaine. On est devenu intéressant pour les médias. C’est marrant.
Tu disais dans une interview que l’Olympia était « une case importante dans le jeu de société des mecs qui font de la musique ». Penses-tu que ce soit toujours le cas ?
Je pense que cela nous a permis d’avoir une certaine crédibilité, oui. Pour moi, l’Olympia c’est notre façon de dire que « la boucle est bouclée ». Nous avons toujours tout fait nous-mêmes et on a toujours réussi à se démerder seuls avec nos moyens. Faire un Olympia, c’est vraiment osé, après avoir fait une centaine de concerts seulement. C’est une grande étape pour nous et on aime ce côté grisant. On a aussi quelques majors qui nous font du pied.
Vous, qui êtes indépendants par la force des choses aussi, allez-vous céder à la tentation de la major ?
Il ne faut jamais dire « jamais », mais je peux affirmer aujourd’hui à 95% que non. On a déjà refusé des offres et certaines majors sont même revenues en augmentant leur offre de départ. Aujourd’hui on serait plus dans l’optique, si on devait travailler avec un label, de le faire avec un petit label indépendant et de le faire en cogestion. On est toujours ouvert à l’idée d’élargir l’équipe Odezenne et de faire avancer le projet.
Vous venez de sortir un clip participatif et interactif ce qui est une vraie première ! Peux-tu nous en parler ? (Ndlr : vivez l’expérience ici !)
C’est une idée que j’ai eu avant notre dernier concert de l’été à Bordeaux. On était assez euphorique et en fait j’ai demandé aux gens de filmer le morceau suivant appelé « Je veux te baiser » et de nous envoyer les roughs par mail. On réfléchissait depuis un moment à comment on pourrait faire vivre les sensations du live dans un clip vidéo et Interlude nous y a aidés. C’est là que le travail en équipe a commencé entre Interlude, la start-up new-yorkaise, et le groupe car on avait pour objectif principal de relever les défis techniques tout en restant au service de la narration, pour aboutir à une expérience unique, sans tomber dans une démonstration technologique froide. Il y a dans ce clip 102 cadreurs. Parfois le son est bon et parfois il est moins bon. C’est comme dans un vrai concert en somme.
Que pensez-vous du résultat ?
Aujourd’hui le clip a plus de 50 000 vues et il a été vachement relayé. On a une couverture assez inhabituelle pour ce clip, comme ce ne sont pas seulement que les sites de musique qui en parlent mais aussi des sites de technologies ou de l’image. On est très content.
Ça m’a rappelé ces DVDs où tu as une fin alternative au choix. Une idée peut-être pour un prochain clip ?
Peut-être oui ! En tout cas Interlude a la technologie pour ce genre de choses. A bon entendeur !
Si aujourd’hui je te donne des moyens illimités en matière de clip vidéo, qu’en ferais-tu ?
Je ne crois pas tellement aux moyens illimités. Je suis partisan du fait qu’il faille surpasser le cadre budgétaire et trouver les moyens à sa portée pour arriver à ses fins. On peut très bien faire un très bon clip à 1 000 euros. Il faut juste avoir la bonne idée. Les réalisateurs sont très souvent dépassés par les contraintes budgétaires et c’est vraiment dommage. C’est important pour nous ce genre d’aspect. On a toujours galéré à financer nos projets mais finalement on y est arrivé. On arrive à faire les choses bien. Souvent, on se lance des défis à la hauteur de nos contraintes et on dépasse nos propres objectifs. On est tous intermittent du spectacle. On a dû quitter nos boulots pour et grâce à Odezenne. On ne se paie qu’un tout petit salaire, mais ce n’est pas grave car on est heureux comme ça ! Le bonheur est dans l’accomplissement.
Pour revenir à votre actualité, qui est l’Olympia donc, dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ? Nerveux ?
Grave ! Oui, on a le trac. C’est vraiment une salle monument. On n’a pas envie de se louper. Ce n’est pas simple dans nos têtes, comme on a tout œuvré depuis des mois pour ce moment ! Ça commence à signifier beaucoup ! Il y a des gens qui vont venir de partout en France exprès pour nous voir.
Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Je choisis les Beatles. De mon point de vue, ils ont produit plus de chansons mémorables que les Rolling Stones. J’aime l’idée qu’on puisse reconnaître leurs chansons quasiment au bout des deux premières mesures. J’aime leurs mélodies et l’architecture de leurs chansons. Et puis pour les Rolling Stones, je n’aime pas du tout l’idée des « papys rockeurs ».
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa