Formé à Paris en 2010, 6h33 sort quasiment tout de suite un premier album en 2011, intitulé Orphan Of Good Manners. Au programme, metal barré saupoudré entre autres de quelques pincées de mathcore. En 2012, alors que son chanteur vient de partir, le groupe fait appel à Arno Strobl (ancien chanteur de Carnival In Coal), qui avait déjà fait un featuring sur leur premier album et ils ne tardent pas à travailler ensemble. Le résultat sera l’EP Giggles, Garlands and Gallows, trois titres pour 30 minutes, inspiré de l’univers du cirque et des fêtes. S’enchaînent des tournées en première partie de Devin Townsend et Shaka Ponk, puis le groupe, toujours accompagné d’Arno Strobl, ainsi que de son nouveau chanteur Rorschach, remet le couvert avec un deuxième album, The Stench From The Swelling, qui sort 2013. Aujourd’hui ils reviennent avec un nouveau concept-album qui est sorti le 13 janvier 2015, baptisé Deadly Scenes. Flo, alias Rorschach le chanteur, nous en parle ici :
Peux-tu me dire ce qui s’est passé à 6h33 exactement ?
On nous pose souvent la question et on nous a déjà donné des explications diverses et farfelues, comme par exemple le fait que « 6:33 » serait un verset de la Bible. Je vais casser le mythe car il s’agit tout simplement de l’heure à laquelle on a décidé de créer le groupe. Donc ce n’est pas un sombre secret ni une formule magique ! Nous avons décidé de lancer le groupe à 6h33 du matin après avoir passé une nuit un peu agitée à parler et à faire des plans sur la comète. Voilà.
Sur votre compte Facebook vous mettez « strange music » dans le genre de musique que vous faites. Pourquoi ?
C’est difficile de mettre une étiquette ou une appellation sur la musique que nous faisons. Aujourd’hui, je mettrais plus « musique expérimentale », même si je n’aime pas les étiquettes. On nous a déjà dit qu’on faisait de la musique « d’avant-garde », alors que ce n’est pas du tout le cas au vu des influences du passé que nous incorporons dans notre musique. Dès que l’on sort des sentiers battus, les gens du métier disent que vous faites de la musique « fusion ». C’est le terme fourre-tout. Moi, ça me va.
A l’écoute de l’album, et au vu du clip de Black Widow(ndlr : à voir ici), vous avez un univers qui fait peur et qui fait rire en même temps. J’ai noté le mot Beetlejuice en écoutant l’album. Un rapport avec Tim Burton ?
Absolument ! Pour nous, les images, les couleurs, les atmosphères ont été fortement influencées par le cinéma et l’univers de Tim Burton nous correspond tout à fait. Nous sommes issus d’une génération où on est tous vraiment fan de télévision, ce qui fait que le visuel est très important dans notre univers musical. Pour le clip, nous voulions quelque chose de travaillé, un genre de mini-film en somme. On retrouve Tim Burton, mais aussi un peu d’expressionnisme allemand, pessimiste et un peu angoissant. Le réalisateur a beaucoup contribué à cette ambiance.
Votre album s’appelle Deadly Scenes et on retrouve pas mal de jeux de mots de ce genre dans vos paroles de chansons. Le visuel est donc aussi important que les paroles ?
Oui, avoir un beau visuel sur un beau texte, ça ne gâche rien, bien au contraire. Je pense qu’une belle esthétique met en valeur le texte et inversement. Nous mettons l’accent sur les deux, mais c’est vrai qu’on prend un malin plaisir à dissimuler des jeux de mots ici et là.
Comment est née l’idée de ce concept-album autour des sept péchés capitaux ?
Quand nous nous sommes mis au travail, on a rapidement décidé qu’on voulait faire un album autour d’un sujet en particulier. Bizarrement, j’ai tout de suite pensé aux péchés capitaux, même si c’est un sujet quelque peu galvaudé. Nous avions parlé d’autres concepts mais seul celui-là revenait toujours et tenait la route. Les autres membres ont tout de suite été d’accord. Notre album est aussi construit comme une pièce de théâtre autour des péchés capitaux. Il y a le prologue, les actes et l’épilogue à la fin.
Comment composez-vous généralement ?
La plupart du temps c’est Nico, le guitariste, qui compose avec le claviériste. Les deux échangent pas mal avant de m’envoyer du son. Ensuite, nous mettons à trois des lignes de chant sur la musique. Il y a deux autres membres du groupe qui n’interviennent pas tellement dans la composition, mais qui donnent leur aval. Nous ne faisons rien, si nous ne sommes pas tous d’accord.
Peux-tu nous expliquer ce que la couverture de l’album représente pour toi ?
Nous voulions une pochette semblable à une affiche de cinéma : épurée mais qui peut être considérée à plusieurs degrés. Un peu comme dans Rosemary’s Baby. Sur notre pochette, il y a un côté gentil avec la poussette et le bébé, mais en y regardant de plus près, on voit des horreurs accrochées au mobile. Ça m’a plu de remettre l’Homme à l’état de bébé et de se demander quel est l’effet de la tentation sur l’Homme. A partir de quand un Homme est-il sous influence ? J’aime la contradiction et le côté soyeux et, en même temps, malsain de cette image.
J’ai aussi vu que vous avez sorti l’album sur cassette. C’est vraiment old-school comme approche ça !
On a été nourri par ce qui nous a construits en tant que musiciens. Je suis vraiment très années 1990 dans ma musique et je pense que la cassette est sur le point de revenir. Quand notre maison de disque nous a proposé de sortir l’album sur cassette, on s’est tous regardé en nous marrant. J’aime beaucoup ce clin d’œil et je trouve les cassettes sympathiques. Ceci dit, on pense aussi sortir l’album sur vinyle bientôt.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Nous allons jouer avec Pryapisme et Hardcore Anal Hydrogen à Lyon le 24 janvier 2015. Le but est bien sûr de faire vivre l’album sur scène le plus possible les prochains mois. Nous avons déjà un festival metal de prévu et une date dans le sud de la France. Nous allons aussi faire la première partie de Fjokra en France. Nous annonçons nos concerts sur notre page Facebook, pour ceux qui veulent venir nous voir !
Enfin notre question rituelle : Si tu devais choisir entre les Beatles ou les Rolling Stones, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Je vais prendre les Rolling Stones car les Beatles ça m’emmerde ! Je respecte énormément Mick Jagger, et moi en tant que chanteur, je suis trop fan de ce qu’il fait. Il fait ce que j’ai toujours eu envie de faire sur scène.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa