Dossier : les Vieilles Charrues vs les Eurockéennes de Belfort

Deux des plus grands festivals français de l’été s’affrontent dans un duel. Vieilles Charrues et Eurockéennes de Belfort sont soumis à la comparaison et passés à la moulinette, sur dix points.

Vieilles Charrues // Eurockéennes : le combat des festivals

1/ La programmation

On a retrouvé dans les line-up des deux festivals plusieurs groupes et artistes, comme M, Phoenix, Two Door Cinema Club, The Vaccines, Alt J ou Lou Doillon entres autres. Pour le reste, notamment les têtes d’affiche, c’est une question de goût, donc forcément subjective… Petite préférence pour la programmation des Eurocks cette année, qui a fait revivre la britpop des années 90, et surtout moins axée sur les vieilles gloires (Santana, Neil Young), comme aux Vieilles Charrues.

Vieilles Charrues : 0 / Eurockéennes : 1

2/ Le public

Plus nombreux aux Vieilles Charrues. Très conviviale, la foule du festival de Carhaix mélange les genres (les metaleux côtoient les rastas et les mamies) et les générations. Beaucoup sont aussi déguisés sur le thème de l’année (les gaulois en 2013). Le public des Eurocks semble plus jeune dans l’ensemble, moins motivé par la musique que par l’ambiance.

Vieilles Charrues : 1 / Eurockéennes : 1

3/ L’organisation

Ces deux festivals ont le point commun d’être de très grosses machines, que de nombreux bénévoles aident à faire tourner. Pas de différence nette sur l’organisation entre les deux, donc un point de chaque côté. À noter, quand même, le petit plus breton : le joli bracelet en tissu qui sert de pass 3 jours et que l’on peut garder ensuite.

Vieilles Charrues : 2 / Eurockéennes : 2

4/ Le site

Beaucoup disent adorer le site de Malsaucy… Mais connaissent-t-il la plaine de Kerampuilh ? Bien plus vaste, plus facile d’accès et où l’on se déplace facilement, sans suivre une file de gens, car on a de l’espace. Où il suffit simplement de remonter la plaine pour passer de la grande scène à la scène Kerouac. À Malsaucy, le site est tout bosselé. Pas en Bretagne.

Vieilles Charrues : 3 / Eurockéennes : 2

5/ Les prix

Alors là, par contre, c’est clair. Si au niveau des pass 4 jours, les Vieilles Charrues sont plus chères, elles gagnent la bataille sur le terrain des billets jour. Niveau boissons, comptez 3€ les 25cl de bière à Belfort, contre 2€ en Bretagne. Idem pour les boissons sans alcool : 3€ le Fanta aux Eurocks, moitié moins cher, soit 1,50€ aux Vieilles Charrues. Sans appel !

Et le constat est le même pour la nourriture… 4€ ou 5€ la barquette de frites (avec supplément pour la sauce !) contre 2,50€ à l’ouest. La Bretagne creuse l’écart.

Vieilles Charrues : 4 / Eurockéennes : 2

6/ L’ambiance

Très conviviale en Bretagne, comme à Belfort. Difficile de départager les deux, même si la bonne ambiance bretonne fait un peu pencher la balance. La différence n’étant pas flagrante, on ne donne qu’un demi-point au festival breton.

Vieilles Charrues : 4,5 / Eurockéennes : 2

7/ La propreté
Les deux festivals font de gros efforts pour garder leur site propre. Mais aux Vieilles Charrues, en plus des grandes poubelles, il y a des bénévoles qui passent dans la foule pour ramasser les papiers qui n’auraient pas été jetés. Petit plus, qui fait un point.

Vieilles Charrues : 5,5 / Eurockéennes : 2

8/ La facilité d’accès
L’accès au site est plus rapide aux Vieilles Charrues car les (immenses) parkings surveillés jouxtent la plaine de Kerampuilh… Après un quart d’heure de marche, on y est. Aux Eurocks, il faut se garer sur une base aérienne et marcher une dizaine de minutes (si vous êtes arrivés un peu tard) jusqu’à la navette. Avec l’attente du bus et le temps de trajet, il faut bien 20 à 30 minutes pour accéder au site.

Vieilles Charrues : 6,5 / Eurockéennes : 2

9/ La visibilité des concerts

Les scènes principales des deux festivals sont heureusement toutes les deux situées en bas d’une plaine en pente (les petits apprécient). Mais aux Vieilles Charrues, le concert en cours sur la plus grande scène est retransmis sur l’ensemble des écrans du site, c’est-à-dire également sur les autres scènes, plus petites. Quand aux Eurocks, les plus petits passent beaucoup de temps sur la pointe des pieds pour apercevoir la scène Greenroom, placée sur un terrain plat. Deux petites choses qui font la différence.

Vieilles Charrues : 7 / Eurockéennes : 2

10/ La longévité

Les Eurockéennes ont 25 ans, les Vieilles Charrues, 22. Le festival Belfortain a enregistré pour sa 25ème édition un nouveau record d’entrées, quand le festival breton perd des festivaliers d’année en année, avec une vertigineuse dégringolade pour l’édition 2013 (208 000 entrées cette année contre 244 000 en 2012), et peinera l’an prochain à atteindre l’équilibre financier.

Vieilles Charrues : 7 / Eurockéennes : 3

Rééquilibrage : 3 points en moins pour les Vieilles Charrues, tout simplement parce que l’auteure de ce papier est bretonne, et donc forcément chauvine (c’est dans notre nature, on n’y peut rien.)

Vainqueur : Les Vieilles Charrues l’emportent, mais d’une courte tête, avec 4 points… Les Eurockéennes sont juste derrière et n’ont pas à rougir avec leurs 3 points. Leur record d’entrées fait du festival Belfortain un événement viable pour de nombreuses années encore, quand l’avenir s’assombrit pour les Charrues, pourtant jusque là le plus grand festival de France en terme de foule, mis en cause notamment pour ses programmations de plus en plus décevantes.

Article : Manuella Binet
Photos : Pierre Hennequin