Live Report : Festival Hors Format – Orelsan + Portland + Skeud en Vrac
Le Vendredi 28 juin marquait le début du sprint final pour le festival Hors Format après une semaine d’événements divers et variés partout dans la ville. Il était temps de sortir la grande scène et d’investir la Place de la République de Metz.
Il est 17 heure lorsque je découvre les lieux, une scène de festival ainsi qu’un village associatif ont poussé sur la place de la République à Metz. Étant moi même investi d’une mission, je vais prendre possession du stand réservé au Magazine Karma, partenaire de l’évènement, autrement dit ma maison pour les deux prochains jours. Autour de moi se trouvent diverses associations messines, de l’organisation de concert à la radio en passant par la présentation de la future BAM. Le début de soirée est occupée au Kiosque par de la danse, du chant et de la capoeira, de quoi divertir les passants en attendant 20h et le début des festivités sur la grande scène.
20 heure, c’est justement l’heure à laquelle Portland entre en scène. Le trio electro pop messin joue ses premières notes face à un public grandissant, les t-shirts « Orelsan » pullulent, mais on remarque aussi un nombre important de badauds interloqués par la présence d’une telle structure en plein centre ville.
Les ex « Bird Escape » cueillent tout ce beau monde en douceur avec des sonorités dansantes et entêtantes. Lily derrière son micro dynamise le tout en esquissant quelques pas de danse entre deux couplets cristallins. A ses côtés, Martin, quant à lui, dompte les claviers sans broncher. Le batteur martèle les fûts de sa batterie, complétant le trio d’un rythme bien senti.
La musique, clairement inspirée de la pop de années 80, est sans failles. A l’heure où la mode est au old school, le trio sait se démarquer dans la qualité et la dynamique. On regrette d’ailleurs de n’avoir pu écouter qu’un seul morceau, You don’t know me, avant le live et donc de ne pas avoir pu faire plus amples connaissances. Un problème qui devrait rapidement toucher à sa fin puisque le groupe annonce la sortie du single Dizzy Daisy pour lundi chez Kitsuné, le label parisien bien fringué.
La chanteuse, plus généreuse en regards enflammés qu’en paroles entre les morceaux, tease tout de même de temps à autre les titres à suivre, à l’image d’un taquin « à mon avis vous connaissez la prochaine » avant de reprendre le tube Diamonds de Rihanna avec brio.
Le public accueille la prestation chaleureusement, certaines chantonnent, d’autres tapent des mains… mission accomplie pour les Messins.
Les 40 minutes leur étant imparties passent si vite que le groupe en oublie presque de donner son nom. « Merci, au revoir. Au fait, on s’appelle Portland ! »
La place est faite pour donner la première impulsion hip hop de la journée, avec Skeud en Vrac. Tout droit venu de… Metz, le collectif prône les valeurs positives du hip hop sur la scène mais aussi lors d’ateliers, comme en témoigne leur stand de scratch au village associatif.
Ce soir, c’est la scène qu’ils vont devoir occuper et la tâche n’est pas aisée tant l’attente pour Orelsan se fait sentir.
Nous retrouvons DJ MadJohn derrière les platines accompagné de ses compères NEHS et SLZ. Le son est classique, le phrasé est assuré, mais on sent le début de set difficile, les compères semblent plus se regarder entre eux que jouer avec le public.
Après quelques morceaux et alors que la recette commençait seulement à prendre, ils sont remplacés par Djma et Kroze, qui débarquent avec de l’énergie à revendre. La scène est occupée alors que le phrasé prend une tournure plus 90′s.
Ils parviennent à mobiliser le public impatient mais tout de même bon joueur en faisant lever des mains. Le tout est cependant refroidi assez vite par une averse, faisant disparaître la bonne volonté, au profit de quelques parapluies.
Ne se laissant pas démonter, la fin du set réunit les duos en quatuor, vrai visage du collectif, pour une conclusion un peu fouilli d’un set en demi teinte mais qui aura eu le mérite d’échauffer le public.
L’heure de fouler les planches approche pour Orelsan et sa troupe, alors qu’une masse compacte occupe à présent la place. Les organisateurs semblent avoir gagné leur pari de fédérer le peuple messin autour d’une même scène puisque selon certaines sources pas moins de 10 000 personnes seraient présentes.
Depuis la fin du set de Skeud en vrac, la nuit est tombée et les nuages se sont écartés. Toutes les conditions sont donc réunies pour accueillir le rappeur caenais. L’ovni du rap français à bien évolué depuis son premier disque Perdu d’Avance et son dernier passage à Metz et il entend bien le faire valoir ce soir. Mais pour l’heure, il se fait désirer… Le temps de quelques chants dans la foule, ce n’est pas une mais deux minutes de retard qu’accuse le compteur… et cela n’ira pas plus loin ! Les lumières s’éteignent, prouvant l’efficacité de l’organisation Hors Format.
C’est sur le titre Raelsan que le rappeur fait son entrée, dans l’obscurité, vêtu d’une toge noire, encapuchonné. Le titre est sombre et la mise en scène l’accentue. De l’autre côté des barrières, la foule reprend en chœur les phrases choc, l’ambiance est à son paroxysme et ne semble pas prête de redescendre.
A la fin du morceau, la question rhétorique « ça va Metz ? » fait rugir la masse tandis que les toges tombent pour révéler le groupe présent sur scène. On retrouve bien sûr Gringe et Ablaye aux backings vocals, Skread le producteur s’occupe des beats, tandis qu’un bassiste/guitariste, un claviériste et un batteur occupent le reste de la scène.
Ce beau monde se met en branle pour enchaîner avec le tube rythmé Plus rien ne m’étonne. Et comme le public en redemande, suivent 1990 et Mauvaise idée.
Orelsan prend quelques minutes pour nous expliquer avec ironie qu’il a rencontré sa copine à Metz, jurant, sourire en coin, qu’il ne dit pas ça dans chaque ville… Une anecdote comme piste de lancement pour le titre Pour le pire, suivi de près par Finir Mal et Si seul.
Pour remonter la pente, la troupe propose un quart d’heure festif et envoie une interprétation du featuring avec Toxic Avenger, N’importe comment, suivi par un des plus vieux sons, Sous influence ventant les mérites du coca et du whisky. Viens logiquement Des trous dans la tête, le récit d’une gueule de bois.
Annoncé de longue date, l’album des Casseurs Flowters réunissant Gringe et Orelsan dans le « groupe de rap le moins productif », doit pointer le bout de son nez à l’automne, c’est donc naturellement que le duo propose le titre Ils sont cools, mais surtout le premier single du dit album, Fais les backs, mobilisant toute la foule pour « faire les backs », justement.
Après quelques minutes pop avec La terre est ronde, voilà déjà qu’Orelsan assomme le public avec un Chant des sirènes explosif, pour finir avec un Suicide Social aussi enragé qu’engagé, ponctuant le concert par un suicide orchestré dans un grand flash de fin, laissant la foule en délire.
Une prestation hors normes, qui nous ferait presque oublier la venue de Sebastien Tellier au même endroit le lendemain. Histoire à suivre…
Article : Matthieu Henkinet