Killer Mike + Appolo Brown & Guilty Simpson + Rascals au Glazart
Appolo Brown s’est suffisamment fait connaitre avec ses différentes collaborations (dernièrement Daily bread avec Hassaan Mackey et Trophies avec O.C.) pour rameuter un paquet de monde pour sa venue accompagné de Guilty Simpson. Ce dernier a accumulé les collaborations avec les meilleurs producteurs depuis son arrivée dans le jeu. Que ce soit avec J Dilla, son défunt confrère de Detroit, Madlib (sur le décevant mais néanmoins sympathique OJ Simpson) ou encore Black Milk au sein de Random Axe avec Sean Price. Sa rencontre avec Appolo Brown s’inscrit donc dans un parcours sans faute rempli de disques devenus des classiques. The dice game avait donc attiré un très large public, bien plus que Killer Mike dont la prestation sera applaudi par beaucoup moins de monde, malgré la présence aux manettes de son dernier disque de l’excellent El-P.La soirée a toutefois commencé avec les anglais de Rascals. Quatre adolescents fringués street à la dernière mode. Des sons dubstep derrière eux, un phrasé grime, de l’auto tune sur la voix quand il s’agit de chanter des paroles pour faire tomber les minettes. Rien d’excitant, voir ennuyeux. Seul fait notable : Le groupe balance l’instru du fameux Harlem Shake pour rapper dessus ! La combinaison pourrait fonctionner si le groupe déployait un peu d’énergie à gigoter de droite à gauche de la scène, mais il réserve peut-être son énergie pour d’hypothétiques groupies.
Appolo Brown non plus ne déploie pas beaucoup d’énergie, mais les basses de ses instrumentaux parlent pour lui. D’apparence simple, le bonhomme enchaîne les titres et pioche dans son répertoire pour satisfaire ses fans. Même quand un petit incident technique supprime les basses, le Dj s’excuse très vite auprès du public et des gars de la technique pour son erreur. Une preuve d’humilité qui fait toujours plaisir à voir.
Guilty Simpson rejoint ensuite son camarade au bout d’un quart d’heure pour interpréter des titres de Dice game, et un acapella d’un titre de son premier album. L’homme a grandi en tant que rappeur depuis son dernier passage au Nouveau Casino avec Planet Asia. Il est moins statique et interagît un peu plus avec le public. Cependant, il reste un excellent rappeur mais un assez mauvais Maître de Cérémonie. Les titres filent donc au grès des instrus et du flow parfait de Mr Simpson sans que le concert ne décolle jamais. Les amateurs du disque auront donc retrouvés leurs titres favoris sans grande valeur ajoutée, si ce n’est la qualité et la puissance du son et le plaisir de partager avec ses interprètes d’aussi bon titres que I quit, Truth be told ou The cook up.
Killer Mike en revanche est un assez bon rappeur et un très bon MC. Les speech sont presque aussi long que les titres qu’il interprète et ça ne pose pourtant aucun problème pour apprécier le spectacle. Le rappeur bedonnant annonce d’entrée de jeu que sa voix est en train de le quitter depuis son concert de Londres, mais il assurera malgré tout un très bon set. La majorité des morceaux de ce soir proviennent de son dernier disque avec El-P (Reagan, Big beast en ouverture, Butane (champion’s anthem sans El-P) ou R.A.P. Music en avant dernier) mais il pioche aussi dans ses paniers pour tirer des morceaux de Dirty south efficace. De l’engagement politique à la fête, il n’y a qu’un pas que Killer Mike franchit allègrement selon l’humeur. Ce soir, il est clairement joviale et s’amuse bien avec le public. Il conclut même son spectacle en descendant dans la fosse pour finir un titre acapella, lui aussi. Une bien belle manière de communier, car comme il le dit lui-même, le rap est sa religion. Il n’avait pas besoin de ça pour me convertir, mais grâce à ce concert il a fait de moi un fidèle.
Alors quand en plus on apprend de sa bouche qu’il travaille avec El-P sur un nouveau disque et qu’il partagera à part égale le micro avec son producteur, on a de quoi être impatient de le voir revenir.
Article : Mathieu Lubrun