Lorsque Tourist History est sorti en 2010, il était clair que les charts venaient de voir surgir un groupe important pour le rock à guitares, dont on n’en finit pas d’annoncer la mort depuis les années 2000. La question restait de savoir, au terme d’une tournée de grande qualité, si Two Door Cinema Club allait transformer l’essai. Et si possible, avant la prochaine décennie, pour échapper à cette malédiction des groupes tellement subjugués par une réussite qu’ils prennent de longue années sabbatiques à s’en remettre. C’est chose faite, et bien faite.
Ponctuels, nos trois Irlandais se sont joints au cortège de rentrée pour nous livrer un album dont les quelques morceaux joués sur leurs concerts estivaux laissaient présager une grande qualité. On retrouve, dès la première piste (« Next Year ») ces lignes de guitare très rock, mais sans excès de saturation, donnant un tour définitivement indie-pop au son de Two Door Cinema Club. Ces fameuses guitares mélodiques sont toujours accompagnées de discrets arrangements synthétiques à propos, pour rafraîchir un son qui garde sa cohérence avec Tourist History (« Handshake »). Les compositions restent d’excellente facture, efficaces, sans longueur, manifestant l’héritage brit-pop du groupe, ainsi que le chant impeccable d’Alex Trimble ne peut manquer de nous le rappeler. Cette fois encore, l’ensemble comprend quelques tubes en puissance, souvent portés par une présence de la basse presque dance-floor, montrant que l’on peut faire du très bon rock taillé pour le passage radio (« Pyramid », « Wake Up », qui porte bien son nom, ou le single, « Sleep Alone », laissant penser que TDCC pourrait tout à fait exceller sur une scène de stade, ainsi que leur brillante prestation du Sziget au mois d’août nous l’a démontré). On est même agréablement surpris de trouver en clôture de l’album, le titre éponyme, « Beacon », qui semble rejouer habilement les codes du rock FM en les épurant pour les moderniser… Bref, TDCC maîtrise bien son sujet.
Un seul regret portera peut-être sur une production parfois un peu trop lisse, un peu trop sage (« The World is Watching »), laissant peu de places aux irrégularités des groupes qui acceptent la prise de risque malgré l’énorme attente qu’ils rencontrent. Ainsi « Sun », morceau au potentiel de scène incontestable, se montre légèrement ennuyeux sur album. C’est cette facture un peu trop studieuse qui nous fera peut-être regretter la spontanéité juvénile de Tourist History…
Beacon reste un album réussi, qui laisse augurer d’une montée en puissance de Two Door Cinema Club dans les mois à venir, lesquels pourraient bien devenir, si la tournée est réussie, les nouveaux rois d’une brit-pop frondeuse et modernisée !
Article : Laura-Maï Gaveriaux