Aşa est une Nigériane née à Paris, devenue artiste à Lagos, nourrie de soul old-school, signée par un label français – une des plus enthousiasmantes découvertes de la décennie. Tous les festivals réclament Aşa, toutes les playlists de bon goût la mettent aux places d’honneur. Un tourbillon, un bonheur, une folie.
Après deux premiers albums vendus à plus de 400 000 exemplaires, Aşa revient avec un troisième opus. Depuis la sortie de Bed Of Stone le 25 août 2014, l’artiste est partout. Très personnelle et totalement universelle, la musique d’Aşa dépasse, à n’en pas douter, toutes les frontières, celles de la terre bien sûr, mais aussi celles du cœur et de l’esprit. Venez la découvrir en concert, le 9 mars 2015 à la Rockhal et ici dans notre interview.
Bonjour Aşa ! Tu viendras nous présenter ton nouvel album Bed Of Stone en mars à la Rockhal. Cet album, tu l’as écrit comment ?
Bonjour Nathalie ! Cet album est né sur la route, lors de mes voyages. Après la longue tournée du deuxième album, je suis rentrée au Nigéria. Je n’ai pas trouvé l’inspiration sur place pour écrire. Ma vie était réglée comme du papier à musique. Je n’étais pas à mon aise comme les gens commençaient à me reconnaître dans la rue. J’avais besoin d’anonymat. J’avais aussi besoin de quelque chose qui m’inspire, de rencontrer de nouvelles personnes, de sortir de ma zone de confort et de vivre plus dangereusement. Quand je suis partie sur la route aux Etats-Unis, à Berlin, en Afrique du Sud, je n’avais pas l’idée d’écrire, mais c’est venu naturellement. Je me suis dit, aussi, que ce serait la bonne occasion pour apprendre à faire des choses que j’ai toujours rêvé de faire : j’ai appris à nager et à faire de la moto, par exemple. Je suis partie à l’aventure et j’avais enfin du temps libre pour moi. L’inspiration est venue comme une suite logique à mon périple.
Cet album est aussi né dans la douleur car tu as dû t’y prendre à deux fois pour être satisfaite du résultat. Peux-tu nous raconter cette aventure ?
J’ai enregistré la première version de cet album à Los Angeles et je l’ai fait avec un producteur qui m’a été conseillé par mon label. Ce n’est vraiment pas la faute du producteur, mais ça n’a pas collé entre nous. Plus d’une fois, je me suis dit qu’il fallait que je parte et que j’abandonne, mais finalement dans ma tête je me disais que tout allait bien se passer et que le résultat sera comme je l’imaginais. Bien évidemment ce ne fût pas le cas. Cet album était beaucoup trop « Hollywood » ou beaucoup trop « new-yorkais », mais ce n’était pas moi, ni ma musique. C’était la musique du producteur. Du coup je me suis retrouvée dans une situation embarrassante avec mon label. Je les ai suppliés de m’autoriser à le refaire. Ils ont fini par accepter et là est né l’album définitif tel que tu le connais aujourd’hui avec un son plus naturel, plus simple. Il me correspond nettement plus.
Tes deux albums précédents ne t’ont pas permis de dire « non » ?
Je pensais aussi que les expériences précédentes me permettraient d’avoir un meilleur jugement et aussi plus confiance en moi pour m’imposer, mais finalement chaque album est une aventure en elle-même. J’ai appris la leçon aujourd’hui.
Peux-tu nous parler du titre Bed Of Stone ? Que veut-il dire ?
C’est le titre d’une des chansons de l’album. Cette chanson parle d’une fille immigrée dans un pays étranger. Elle doit travailler énormément et s’occuper de sa famille. Elle a beaucoup de responsabilités et doit éviter la police. En fait le « Bed Of Stone » (ndlr : « Lit de pierre ») représente la vie et surtout la vie de cette fille en particulier. La vie n’est pas pour elle un lit en plume, donc elle n’est pas facile, quoi. Elle n’a pas de vie confortable. J’ai décidé de donner ce nom à l’album car je trouve que ce sentiment d’inconfort se retrouve un peu sur toutes les chansons.
Dans la chanson Dead Again, on ressent beaucoup de colère et je sais que c’est lié au fait que tu l’as écrite après qu’une personne t’ait trahie. Réussis-tu à être aussi en colère sur scène ?
Oui, j’y arrive, je pense. A chaque fois que je chante cette chanson, que ce soit sur scène ou chez moi sous la douche, je repense à ce moment. Je repense à ce que cette personne m’a fait et ça me remet à chaque fois dans ce même état. Je me rappelle de tous les moindres détails. De toute façon, le public le voit tout de suite quand tu essaies de simuler quoi que ce soit, donc il vaut mieux éviter.
La chanson Love found me était prémonitoire ?
Ah, oui absolument ! C’est marrant, car je l’ai écrite au milieu d’un trajet de 18 heures aux Etats-Unis. J’étais au milieu de nulle part et j’avais juste la vue sur les montagnes en face de moi. Je me disais : « Personne ne sait où tu es. Il n’y a aucun moyen que l’amour puisse un jour te trouver ! ». J’ai écrit cette chanson au présent, tout en me projetant dans le futur. Je savais qu’un jour je trouverais cette personne. C’était écrit.
Tu vas passer par le Luxembourg. Est-ce ta première fois chez nous et comment imagines-tu les paysages, comme tu m’as l’air d’être assez visuelle ?
Oui, ce sera ma première venue au Luxembourg et je ne sais pas trop de quoi ça a l’air. J’imagine la ville, un peu comme Berlin, assez moderne, assez grise avec des blocks et des grandes avenues. Je suis contente de mes premières scènes dans des villes différentes. Je trouve que l’atmosphère y est toujours très riche dans ce genre de concert. Les nouveaux lieux me plaisent.
Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Je vais choisir les Beatles. Ils ont écrit les meilleures chansons de l’Histoire. Ils ont laissé un nombre incommensurable de chansons folles pour la postérité.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa