C’est bien le mardi 25 mars 2014 que Paris avait rendez-vous avec la Bretagne. Le passage de Merzhin au Café de la Danse n’est cependant pas passé inaperçu, emmenant dans leurs bagages la chanteuse Manu (ex-Dolly). Belle soirée.
Le Café de la Danse, que nous avions eu plaisir à découvrir pour le concert de As Animals (> live report à lire) était à nouveau bien rempli, en configuration assise et avec du monde au balcon (non, l’autre balcon) un soir de semaine – comme le soulignera le groupe – pour accueillir les infatigables camarades de lycée, lieu de création du combo au siècle dernier. Mais avant de retrouver les six musiciens, c’est Manu et son équipe qui se prêtent au jeu de la première partie, avec beaucoup d’humour et une voix en or.
Grosse demi-heure en compagnie de la chanteuse, accompagnée d’un violoncelliste, un percussionniste et un guitariste malheureux. Malheureux ? Disons que quelques soucis techniques ont auguré des échanges très drôles avec le public mais on imagine aussi une certaine frustration de sa part. Qu’à cela ne tienne, le groupe meuble très bien, improvise en acoustique une chanson qui était préparée dans sa version électrique et s’attire les faveurs de spectateurs très largement conquis. Chapeau ! En prime, une reprise toute en délicatesse, rehaussée de la beauté du violoncelle de la chanson phare de Dolly : Je ne veux pas rester sage.
Rapide changement de décor où les musiciens de Merzhin viennent prêter main forte aux roadies pour installer la scène et on y retourne. Ligne d’horizon et Welcome Circus lancent le concert, ainsi qu’une présentation du nouvel album de la formation : Des heures à la seconde (> lire notre chronique de l’album). L’histoire, paru sur leur album best of 15 complète le trio de tête. Cette année, Merhzin fête sa majorité, 18 ans passées sur les routes avec certains passionnés bien accrochés à leur histoire. Ça discute entre les chansons, Pierre Le Bourdonnec, le chanteur, échange de rapides mots avec le public en trouvant toujours la bonne formule pour lancer le morceau suivant. C’est l’étincelle, la première chanson de Plus loin vers l’ouest qui poursuit l’exploration du répertoire du sextet. Je dois dire que la setlist est d’ailleurs bien composée entre promo du nouvel album au demeurant très bien traduit en live et la reprise de morceaux phares des différentes époques comme Betti, Conscience, Torche Vivante ou encore l’excellente Pavillon Kamikaze. Ce soir, on a le droit à du grand Merzhin et le public sait comment remercier le groupe. Ça saute, ça danse, ça tape des mains sans signal ou au diapason de Jean-Christophe Le Colliou (batteur de son état). L’alchimie est parfaite et on pense indéniablement que la musique indépendante à de très beaux jours encore devant elle. Ici, une seule âme s’anime et produit de la musique, dans plusieurs centaines de têtes. C’est simplement beau, complètement entêtant et on en redemande.
Ce qui tombe bien, puisque les ptits gars en ont sous le pied et sont loin d’avoir encore tout délivré. Moment calme sur le très joli Bande Passante, qui se veut un retour sur l’histoire du groupe et leur rencontre. Reprise ensuite de la grande dépense d’énergie avec l’enchaînement de Ma Las Vegas Parano et les fameux Nains de Jardin, toujours là depuis leur premier album Pleine lune paru en 2000. C’est « simple » et efficace, l’alchimie du rock, le duo basse-batterie, l’apport des deux guitares, l’incroyable d’ébauche d’instruments et le supplément très « breton » de Ludovic Berrou. Standing ovation pour le groupe qui ne boude pas son plaisir.
Et c’est reparti pour deux titres. Dans le public, personne n’a bougé, attendant impatiemment la suite du concert, même si chacun sent bien que la fin approche. Au bout de la scène vient justement nous parler de la relation entretenue par Merzhin avec son public. Enfin, Les indignés viennent pousser le dernier cri de cette soirée, avant une communion bien logique entre les musiciens heureux et la foule, unie.
Merzhin continue son chemin, diffusant de la musique à sa manière, pour un public averti et attentif. C’est tout à leur honneur et on souhaite la meilleure route possible à ces aventuriers du XXIe siècle !
Article & photos : Ugo Schimizzi