Interview : John Mayall

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Chanteur, guitariste, claviériste et harmoniciste, découvreur d’Eric Clapton qu’il révéla au sein de son groupe mythique les Bluesbreakers, John Mayall est une légende vivante. Il appartient à cette génération de musiciens anglais qui fit du blues et de ses dérivés l’une des musiques les plus populaires au monde.

John Mayall, infatigable et authentique artisan du blues, multi-instrumentiste, auteur compositeur hors du commun et créateur du groupe mythique, les Bluesbreakers, ne s’est pas contenté de découvrir et de lancer les plus grands guitaristes des sixties et des seventies : Eric Clapton qu’on ne présente plus, Mick Taylor qui passa ensuite chez les Rolling Stones, Peter Green, et bien d’autres… Il a surtout jeté les bases, dès le début des années 1960, d’un langage musical encore aujourd’hui universel et incontournable, construit sur une interprétation moderne et vivante du blues traditionnel. Vivez la musique du bluesman légendaire en live le 17 avril 2014 dans l’ambiance plus intime du Club de la Rockhal. Bonne nouvelle aussi concernant la musique locale, Kid Colling, dernier venu dans notre local ici : http://magazine-karma.fr/media/kid-colling/ va faire la première partie. En attendant, Monsieur Mayall a accepté de répondre à nos questions.

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A quel moment de votre vie, avez-vous choisi la musique ?
Je pense que c’est plus elle qui m’a choisi en fin de compte. J’ai toujours fait de la musique dans mon temps libre et je prenais cela pour un hobby. Ce n’est que dans les années 1960 que le British blues boom a commencé à émerger, car avant il n’y avait pas de marché pour le blues en Angleterre. Ce mouvement artistique s’est inscrit dans la longue histoire du rock anglais. Il a rapidement connu un succès international, jusqu’aux États-Unis même ! Les artistes ont redécouvert le blues et ont essayé de l’intégrer dans leur musique et de le faire évoluer. C’est le British blues boom qui m’a donné cette opportunité de faire carrière.

Vous pensez aujourd’hui que vous n’auriez jamais fait carrière sans cette opportunité ?
Oui, je pense que tout est une question d’opportunité dans la vie. Ou tu la prends ou tu la laisses t’échapper à jamais.

Quelle influence a eu Eric Clapton dans votre succès au début des Bluesbreakers ?
Je pense très sincèrement que c’est en grande partie grâce à lui qu’on a eu ce succès phénoménal à nos débuts. On a vraiment fait des pas de géants grâce à lui. Il avait une telle compréhension du blues et un tel talent pour la musique, que je devais lui proposer de rejoindre les Bluesbreakers en 1965. Il avait aussi un truc indéniable avec le public. Il comprenait ce que le public voulait entendre et ce qui marcherait.

Quels ont été les critères décisifs du remplacement de Roger Dean par Eric Clapton, au départ ?
En fait lorsque je choisis mes musiciens ou les membres de mon groupe, ce n’est pas mon cerveau qui choisit, c’est souvent mon instinct. Tu essaies de savoir qui sera celui qui reflétera au mieux ta musique et qui la comprendra le mieux. En fait, je savais à l’époque ce que j’avais à offrir et à tous mes musiciens je leur ai toujours laissé le choix. Il faut qu’eux aussi trouvent un intérêt dans cette opportunité, sinon cela n’en vaut pas la peine. Ce qui m’a convaincu chez Eric c’est notamment sa passion lorsqu’il joue.

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Qu’avez-vous pensé lors de la formation du groupe Cream avec Eric Clapton, le bassiste Jack Bruce et le batteur Ginger Baker ?
En fait cela s’est fait de manière très étrange. Ginger Baker avait remplacé mon batteur lors d’un des concerts des Bluesbreakers et c’est là qu’ils ont décidé, par la suite avec Jack Bruce, de créer leur propre groupe. La presse en a eu vent et c’est grâce à un article de presse que j’ai su qu’Eric voulait quitter les Bluesbreakers. Ils voulaient le garder secret mais ils n’ont pas réussi. Je ne lui en veux pas et je ne lui en ai jamais voulu.

Avez-vous déjà eu envie de lui demander de réintégrer votre groupe ?

Grand Dieu, non (rires) ! Je pense qu’il n’aurait pas l’esprit à cela. Il a beaucoup d’expérience maintenant et je le respecte totalement en tant qu’artiste.

Avant les Bluesbreakers, vous avez travaillé quelques temps comme graphiste. Cela vous a servi dans votre carrière ?
Très sincèrement ? Je pense que oui, car cela fait partie de moi. Si la musique n’avait pas marché, j’aurais très certainement continué dans cette direction. Pour mes albums, j’ai toujours voulu avoir une influence sur les artworks choisis.

Vous avez aujourd’hui 80 printemps. Aimez-vous toujours autant être sur scène ?
Oui, c’est vraiment ma meilleure façon d’exprimer ma musique. C’est le seul endroit où je suis totalement libre de jouer comme j’ai envie de le faire. Je joue ce que je ressens et c’est ma façon naturelle d’exprimer mes sentiments. Être sur scène, c’est un vrai moment de plaisir pour moi.

On vous considère comme « le parrain du blues britannique ». Avez-vous un secret concernant cette longévité ?
On m’a donné cette « distinction » il n’y a pas si longtemps. Je pense que c’est plus une marque de respect. Pour la longévité ? Non, pas vraiment de secret. Je pense que c’est peut-être ma liberté.

Votre liberté est votre motivation de tous les jours ?
Oui, absolument. Ma seule et vraie motivation.

Chez Karma nous avons une question rituelle : préférez-vous les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?
Je vais devoir choisir les Beatles pour la variété de leur catalogue qui est vraiment immense. Les Stones sont un très bon groupe de rock et je pense que les deux sont importants dans la musique. J’ai une préférence pour Paul McCartney que je trouve immensément talentueux.

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Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

www.johnmayall.com

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