Live Report: Breakbot + guests à l’Autre Canal (Nancy) – 22 Février 2014

Toutes les bonnes choses ont une fin, même le festival Freeeeze !
Nous sommes le samedi 22 Février, et Freeeeze clôt son festival à l‘Autre Canal à Nancy. Pour finir en beauté, une affiche électro bien relevée avec à l’affiche Artemus Gordon, Rocky, Irfane, Data et Breakbot.

Le rendez vous est donné à 22h pour le live de celui qu’on aura vu à toutes les soirées de la semaine : Cadillac. Ce touche à tout messin ne cesse de se faire voir au beatmaking ou à la prod de rappeurs régionaux comme Télémaque ou Madmax, ou dans des projets plus personnels tels que Milfshake.

Cette fois c’est pour défendre son alias Artemus Gordon qu’il est en scène. Un projet perdu dans les étoiles pour lequel il est seul en scène pour distiller ses sonorités spatiales, une table, une MPC, un ordinateur et un synthé comme tableau de bord de son vaisseau.

Alors que le public entre tranquilement dans la salle, il est accueilli par des sonorités sorties de l’EP « Voyager I » sorti en juin dernier. L’ambiance décolle tranquillement au rythme du set, « Artemus Gordon » de son côté s’enferme dans sa bulle, bien trop concentré et occupé par ses outils pour prêter attention au flux entrant du public si ce n’est d’un coup d’œil entre deux morceaux.

Après avoir pris quelques photos, je sors faire le point de la soirée avec l’équipe du festival et apprends qu’une interview avec le groupe Rocky a été arrangée. Ce qui est pratique c’est que je ne connais pas le groupe, ce qui tombe bien en revanche c’est qu’ils sont les prochains à passer sur scène…

Je retourne dans la salle pour assister aux dernières notes du set d’Artemus Gordon sous des applaudissements bien mérités. Suit l’installation de la scène pour Rocky, c’est un véritable groupe qui s’apprête à prendre la scène, deux stands synthé, une batterie, un micro et une guitare sont installés.

Les membres du groupe entrent sur le plateau et je sens la claque arriver dès les premières notes. Bien plus pop et dansants que je ne les attendais, les Rocky installent d’emblée une grosse ambiance dans la salle. Les notes ont un groove fou et la voix irréprochable de la chanteuse porte une chaleur humaine inattendue dans cette soirée quasi exclusivement électronique.

Ce n’est qu’après quelques morceaux que la part électro du groupe se fait vraiment entendre, loin d’être destructrice, elle vient faire évoluer le set comme un travail en mouvement, un choix impossible entre le dansant et l’énergique, le groove et l’irréel.

Le set prend fin après sept morceaux qui semblent passer en un clin d’œil et l’interview prévue quelques dizaines de minutes plus tard ne peut finalement pas mieux tomber, je crois que j’ai trouvé ma perle de la soirée.

La scène est vidée, retour à la configuration minimale de la table de DJ pour le set d’Irfane.

Plus connu pour ses participations aux projets des autres (notamment de Breakbot) ou dans le groupe Outlines, que pour ses prouesses aux platines, Irfane se lance dans une prestation à l’image de ce que l’on connait de lui, très funk et groovy à l’ancienne. Mais tout cela a peu de saveur après un groupe véritablement doué en live dont l’énergie exprimée en a surpris plus d’un.

Je n’ai que peu de temps pour me faire une idée puisque l’heure de mon rendez vous avec Rocky approche à grand pas. Je me rends donc en loge, laissant derrière moi le public dansant.

A mon retour, Breakbot se balade sur scène pendant qu’Irfane mixe toujours. Jusqu’à ce qu’un problème technique ne perturbe sa marche, et surtout le set ; le son se coupe brutalement et les techniciens s’affairent rapidement pour relancer la machine. Irfane semble navré et se retrouve bras ballants sur scène tandis que Breakbot s’en amuse, joue avec le public et monte sur une table. La pane ne dure que quelques minutes et Irfane reprend son mix, sans trop forcer puisqu’il a le temps de s’allumer quelques cigarettes au passage, comme à la maison, plutôt que de proposer quelques chose aux platines ou interagir avec le public. Plutôt ennuyeux à regarder.

 

Vient le tour de Breakbot. Le passage de platines se fait à chaud puisque les compères ne laissent pas le public respirer et enchaînent leurs sets. La dynamique est tout aussi mauvaise mais le français jouit de la notoriété de ses morceaux, garantissant l’ambiance côté public.

Irfane reste quand à lui dans les parages, bricolant de temps à autres avec les boutons de la console. Malheureusement, sa présence ne se fera pas vocale, comme de nombreux fans l’auraient voulu, lors du tube Baby I’m yours. La performance est bien plate, trop « club » à mon goût pour une salle de concert. J’aurais apprécié la présence d’un décor plutôt que cette simple table nue, des interactions avec le public plutôt que les trois tapes dans les mains et deux pas de danse amorcés en une heure.

Habitué aux artistes impliqués dans leurs lives, à la sueur et à l’énergie scénique, aux sonorités différentes, le détachement total et les visages inexpressifs de ce soir m’apparaissent comme décevants. Peut être ne suis je pas suffisamment habitué aux lives d’artistes électro, mais il y a du chemin avant de me convaincre si telle est la norme.

Artemus Gordon a eu le mérite de s’occuper derrière sa table, rendant la prestation vivante. Rocky a compris qu’un groupe vaut mieux qu’une bande électronique seule.

Irfane et Breakbot, aussi bon soient leurs sons, aussi professionnels soient-ils ont oublié que la présence live a son importance et qu’il ne faut pas croire que l’ambiance est le problème du public seul lors d’une prestation live dans une telle configuration.

Après la déception, la place est faite à DatA qui reprend lui aussi les platines à chaud. Lourde tache que de passer après la tête d’affiche, qui plus est à 3 heures du matin. Une partie du public se fait un chemin vers la sortie et la salle commence à se clairsemer.

Les sons de DatA sont différents de ce que l’on a pu entendre jusqu’alors, plus électro justement, là ou les sonorités funk disco et pop on su se créer une place dans les autres sets. Un peu de ce qu’il faut pour garder et entretenir la flamme des vrais « electronistes » jusqu’au bout de la nuit.

Pour ma part il est tant de rentrer, la semaine de festival a été éprouvante et cette dernière soirée me laisse un paquet de sons entremêlés en tête, qu’il me reste à démêler au petit matin pour réellement clore le festival à travers ce report… Un festival rempli d’attentes qui aura apporté d’agréables surprises et des découvertes musicales comme je les aime, malgré quelques déceptions à mon goût.

Après le Freeeeze ! vient le printemps, en attendant de nouvelles rencontres hip-hop et électro en compagnie de Boumchaka.

Article : Matthieu Henkinet

Et un petit souvenir avec nos copains Marie de Boumchaka et Cadillac ;)

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