Après un Bataclan complètement sous son charme en novembre 2013, Tarja Turunen est en train de terminer sa tournée en France. Les plus chanceux d’entre vous pourront encore aller la voir au Splendid de Lille le 9 février.
Tarja Turunen pour le commun des mortels c’est d’abord la chanteuse emblématique du groupe Nightwish. L’aventure débute en 1997 où le groupe de metal symphonique, sort son premier album Angels Fall First alors qu’un an auparavant, Tuomas Holopainen propose à Tarja Turunen de l’accompagner sur un nouveau projet ambitieux, où se mêlent metal et lyrique. Le groupe connait le succès mondial avec son second opus en 1998, Oceanborn, où se mêle des titres à ambiances très lourdes, des instrumentaux et de jolies balades. Nightwish décide de se séparer de Tarja pour d’obscures raisons après un concert à Helsinki en 2005. La Finlandaise continue alors sa carrière en solo et elle sort son premier album de chansons de Noël en Finlande, son pays d’origine. S’en suivront l’album intitulé My Winter Storm en 2007 et, en 2010, What Lies Beneath connait également un succès retentissant dans le style metal/rock. Tarja a sorti en août dernier son troisième opus, appelé Colours In The Dark.
Tarja nous a ouvert son cœur et nous a parlé des nouvelles couleurs de son dernier album.
Bonjour Tarja ! Peux-tu nous parler de l’évolution de tous tes albums en solo ?
Bonjour Nathalie ! Le premier album était un peu à part, car c’était un album de chanson de Noël en finnois que j’ai sorti en Finlande, mon pays d’origine. C’était un projet que j’avais envie de faire depuis longtemps et quand l’aventure avec Nightwish s’est terminée, j’ai eu le temps et l’opportunité pour le faire. Avec My Winter Storm, j’ai commencé à apprendre comment faire un album, en fait. J’ai commencé à écrire mes propres textes et j’étais très très nerveuse. Je prenais doucement mes marques et j’ai dû trouver un label et les gens avec lesquels j’avais envie de travailler. Pas très facile comme choix. C’était mon premier vrai album et il est très spécial pour moi, car c’est celui qui m’a ouvert des portes.
Pour mon album What Lies Beneath, je voulais vraiment avoir le contrôle sur tout le processus. J’avais enfin les connaissances pour et je me suis investie totalement dans la production de cet album. C’était moins laborieux que le premier et j’ai aussi beaucoup aimé la tournée qui s’en est suivi.
Aujourd’hui avec Colours In The Dark je pense que l’expérience des deux précédents albums m’a beaucoup apporté. J’ai beaucoup appris et je pense avoir aujourd’hui mes propres fans qui viennent me voir sur scène pour ce que j’ai réussi à réaliser. Cet album est très personnel et très mature.
J’ai lu que tu avais trouvé ton style et ton son récemment. Peux-tu nous les décrire ?
Oui, absolument ! J’ai commencé ma carrière en tant que chanteuse dans un groupe et j’avais mon éducation vocale et musicale classiques, que je ne voulais pas abandonner. Mélanger le metal et le classique a été un processus d’apprentissage très long et très laborieux pour moi. Il fallait que je sois à l’aise dans les deux pour que cela fasse bien sur scène. Aujourd’hui le travail dans ces deux domaines me pèse moins. Je me sens plus musicienne et je connais ma musique. Finalement, en regardant en arrière, il n’y a rien aujourd’hui que j’aimerais pouvoir changer. Toute cette évolution m’a rendue heureuse.
Sur tes albums j’ai constaté que tu pouvais passer de la balade à une chanson très énergique en un rien de temps. Es-tu aussi comme ça dans la vie ? Un peu soupe au lait ?
Oui, je pense. Je suis très sensible aux émotions des autres. D’ailleurs je ressens tout de suite les mauvaises ondes dans une pièce ou émises par une personne. C’est pour ça que mon indépendance artistique est très importante pour moi. J’aime pouvoir choisir avec qui je travaille, quand je travaille et comment je travaille. Au contraire quand j’aime vraiment une personne, je suis capable de tout donner. En fait, c’est un peu tout ou rien ! Souvent je mets tout ça dans mes compositions. J’ai un côté très tragédienne (rires).
Tu vis actuellement en Argentine. Penses-tu quand ton environnement a une influence sur ta musique ?
J’y crois profondément, oui. Je ne peux pas te le dire clairement. L’Argentine c’est mon nouveau chez-moi et mon refuge. En Finlande, je suis assez connue et je suis très sollicitée. Je ne me sens pas à l’aise avec la célébrité. En Argentine, c’est un peu mon lieu à moi, un endroit où il n’y a pas grand monde qui me reconnait. J’aime le fait d’avoir une vie privée séparée de ma vie d’artiste. Je pense qu’en Amérique du Sud les couleurs m’ont aussi très inspirée. J’aime les couleurs de la levée du jour et le changement dans les couleurs du ciel. Oui, l’environnement est très important car il te donne de l’énergie positive.
Peux-tu nous parler de la couverture de ton dernier album, comme tu parlais de couleurs ?
Oui, la couverture est très colorée. Moi, je suis par contre habillée de noir. Le noir c’est vraiment ma couleur. Je la considère comme la couleur des couleurs et je m’habille en noir pratiquement tout le temps. Cette couleur est forte et elle permet aussi de te fondre dans la masse. Cette couverture c’est moi dans la vraie vie, en fait. Tu noteras que je suis entourée par beaucoup de couleurs. Mes challenges sont pour moi des couleurs. Je continue d’écrire des chansons liées à la couleur noire : des chansons très sombres parfois ou parlant de mystères. Aussi, tu as noté : je suis entourée par des hommes. Je me sens un peu comme ça : une femme seule entourée par des hommes seulement. Je suis une femme dans un monde d’hommes. J’ai vraiment l’impression de faire mon truc toute seule.
Dans le dernier album de Within Temptation, ils ont ajouté des collaborations avec des personnes inattendues, comme Xzibit par exemple. As-tu déjà pensé à ce genre de collaboration ? Ou à un mélange de styles ?
Non, je n’y ai jamais pensé. J’aime les collaborations, mais je préfère que cela soit des influences ou des couleurs, justement. J’ai des « guests » sur cet album, mais ce sont plus des musiciens en fait. J’utilise des influences, avec des instruments ethniques par exemple. J’aime beaucoup ces choses-là. Je colorie donc avec différents types d’instruments mais pas avec d’autres voix ou d’autres interprètes.
On t’annonce souvent comme l’« ancienne chanteuse de Nightwish ». Est-ce que cela t’agace ou cela t’est plutôt égal ?
Je pense que c’est d’abord fait pour des raisons promotionnelles, ce qui est compréhensible. On utilise souvent ce genre de mécanisme pour vendre. D’ailleurs cette partie de ma vie, je ne veux pas la faire disparaître. Avant Nightwish, le metal ne faisait pas partie de ma vie et maintenant c’est vraiment très présent. Je pense que je n’aurais pas cette carrière aujourd’hui si Nightwish n’avait pas été là.
Suis-tu un peu la carrière de Nightwish depuis ton départ ou pas du tout ?
Non, pas du tout ! Je suis amie avec Floor Jansen (ndlr : la nouvelle chanteuse de Nightwish) et je lui souhaite vraiment beaucoup de succès. J’entends des choses par-ci, par-là, dans la presse, mais j’estime que je n’ai pas besoin de suivre ce qu’ils font aujourd’hui.
Tu as dit un jour que ton plus grand rêve était de devenir maman. Aujourd’hui tu as une fille. Est-ce aussi bien que ce que tu espérais ?
Oui, c’est vraiment incroyable ! J’ai vraiment de la chance d’être parent. Il n’y a vraiment rien de comparable à cet amour et à ce bonheur. Je suis vraiment très fière de ma fille et je n’arrive toujours pas à croire que ce petit être soit aussi fier de moi. Sa présence a une grande influence sur moi et sur mon comportement. D’ailleurs j’ai utilisé ses cris dans une des chansons de l’album. Je suis sûre qu’elle va me détester pour ça plus tard (rires) ! Elle est partout avec maman et papa et je suis contente de pouvoir combiner les deux : musique et famille. Cela me motive encore plus !
Justement, ce n’est pas trop dur de combiner les deux ?
Non, pas vraiment. J’ai la chance de ne pas avoir eu de nuit sans sommeil depuis son arrivée. Elle dort très bien et maintenant j’ai une nounou. Je me sens mal de ne pas pouvoir être là tout le temps pour elle, mais je pense que tout est une question d’organisation.
Nous avons une question rituelle que nous posons à toutes les personnes lors de nos interviews : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?
Les Beatles ! C’est un groupe que l’on peut encore écouter aujourd’hui et ils ne sont toujours pas basiques dans leur son. Ils enregistraient en studio de façon totalement différente. Leur son est incroyable et leurs chansons ont vraiment révolutionné la musique. On ne s’ennuie jamais en écoutant leurs classiques.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa