Interview : Soan

Nouvelle Star fête ses 10 ans d’existence. Après avoir vu gagner Christophe Willem dans la saison 4, Julien Doré dans la saison 5, Amandine Bourgeois dans la saison 6, le grand vainqueur de la saison 7 était, à la surprise générale car véritable outsider de ce casting : Soan.

Si le programme a permis à de nombreux artistes d’être propulsés sur le devant de la scène comme Christophe Willem ou Julien Doré, d’autres candidats ont eu moins de chance. Soan, quant à lui, ne correspondait pas au candidat lisse idéal. Contrairement à la plupart des candidats de télé crochets, lorsqu’il s’est présenté aux castings de la septième saison de la Nouvelle Star, il avait déjà un certain vécu : SDF, musicien dans le métro, misère, galère. Soan, Julien Decroix de son vrai nom, a fait depuis sa victoire son petit bonhomme de chemin et présente aujourd’hui son troisième album appelé Sens interdits, sorti le 7 octobre 2013 (Sony Music). Il sera aux Trinitaires à Metz ce vendredi 29 novembre et en attendant il s’est prêté au jeu des questions.

Bonjour Soan ! On écrit pas mal de choses sur toi, mais finalement c’est toujours les mêmes infos qui circulent…

Bonjour Nathalie ! Oui, c’est assez frustrant d’ailleurs. Il y a genre deux infos et on te les sert à toutes les sauces…

Du coup, je ne sais pas grand-chose sur toi. Qu’est-ce que tu écoutais, étant adolescent?

J’écoutais un peu de tout en plus du fait que je faisais partie de deux groupes : l’un faisait du hardcore et l’autre du reggae. A part ça, j’ai toujours été fan de Nirvana et de NTM. J’aime beaucoup Guns N’ Roses et Jacques Brel.

D’où te vient cette passion pour la musique ?

Depuis que j’ai quatre ans, la musique ça a toujours été une frustration pour moi. J’ai toujours voulu en faire et je ne sais pas pourquoi. Vers onze ans, j’avais économisé assez d’argent pour m’acheter une guitare. J’ai pris quelques cours mais j’ai toujours été fainéant, donc je me suis lassé très vite. Pour le reste, j’ai appris sur le tas.

Tu as dit un jour «La musique c’est pas une envie, mais un besoin. Un peu comme le besoin d’aller pisser. » C’est toujours le cas ?

Oui, totalement ! J’ai toujours ressenti ce besoin d’écrire, plus que celui de faire de la musique en fait. J’aimerais beaucoup écrire des livres mais je n’ai jamais eu l’opiniâtreté nécessaire pour le faire. Et puis, j’aime bien le format « chanson », c’est un véhicule beaucoup plus efficace. J’ai toujours aimé écrire, alors que je n’ai pas toujours envie de faire des concerts et de faire des tournées.

Tu voulais justement sortir un recueil de poèmes, est-ce que tu l’as fait ?

Oui, c’est en cours. C’est un de mes nombreux projets dont je suis fier, mais que je n’ai pas encore achevé. En fait, je m’oblige à en parler dans les émissions de télé ou à des journalistes pour qu’on me le rappelle régulièrement. Comme je suis fainéant, j’ai besoin de ça.

Du coup, ça te file mauvaise conscience que je t’en parle ou pas ? 

Oui, là je me sens fier et un peu honteux en même temps. (rires)

Si je te demande de choisir entre l’écriture et la chanson, le choix est clair en somme ?

Oui, j’ai beaucoup plus de facilité dans l’écriture. Et dans la réalisation.

A la fin de l’émission On n’est pas couché, tu as effectivement mentionné le fait que tu étais en train de réaliser un film. C’est aussi un projet pas encore fini ?

Non, là c’est vraiment en cours. C’est un peu un film à huis clos avec pas trop de moyens et un peu trash. Jean-Marc Royon, le gars de Bye Bye Blondie, figure dedans. C’est un scénario que j’ai coécrit. Je n’ai pas envie de faire un film écrit, réalisé, produit par Soan, ce serait trop de la masturbation mentale.

Comme tu aimes écrire, n’as-tu jamais envisagé d’écrire des chansons pour quelqu’un d’autre ?

Si, bien sûr ! On m’a souvent demandé de le faire en fait. J’ai été demandé pour Luce et pour Camélia Jordana, mais là aussi, je m’y suis pris trop tard. Encore ma fainéantise…

Il t’est arrivé de jouer dans le métro lors d’une période difficile de ta vie. Est-ce que tu as toujours ta guitare qui t’accompagnait à ce moment-là ?

Oui je joue encore maintenant avec cette guitare-là. Il y a pleins de trucs d’écrits dessus. Il y a notamment une phrase que j’ai écrite il y a quelques années maintenant : «J’épouserai une femme belle, riche et intelligente ! ».

Tu veux qu’on fasse passer l’annonce pour toi ?

En fait, j’ai une copine, mais allons-y, on ne sait jamais ! Pour peu qu’il y ait une femme riche qui viendrait à mes concerts, pourquoi pas ?

Concernant ton dernier album Sens interdits, pourquoi ce titre ? Est-ce que c’est une traduction approximative de « No future » ?

Non, c’est un journaliste qui en a déduit cela. Je l’avais dit dans la phrase juste avant, donc ça n’a pas de lien direct avec l’album. En fait, le titre n’est pas un concept, c’est juste le titre d’une des chansons qui figure sur l’album. C’est la seule chanson dont je n’ai pas écrit les textes. Voilà j’ai choisi de mettre le titre de mon enfant adoptif.

Les critiques concernant cet album disent qu’il est plus consensuel que les deux précédents. Es-tu d’accord ?

Non, je ne trouve vraiment pas. Je trouve que c’est vraiment un album plus rock. Il a des influences de Skip the Use et la guitare fait un peu penser aux White Stripes. Je ne réfléchis pas lorsque je suis en studio. On est juste là pour écrire des chansons, pour écouter un son de batterie qui fait bouger la tête. Dans cet album, nous n’avons pas fait d’écrêtage. Je pense sincèrement que le deuxième était plus consensuel que celui-ci.

Est-ce que tes titres sont joués en radio ?

Je commence à être joué sur les radios régionales mais pas en nationales. Je sais que dans ces radios il y a un comité de sept ou huit personnes et il faut que genre sept sur huit soient d’accord pour passer une chanson dans le programme musical, ce qui fait qu’il y a toujours la même chose à la radio. Concernant le premier extrait de l’album, qui s’appelle Ne me laisse pas seul, chanson en duo avec La Demoiselle inconnue, il s’agissait pour moi plus d’un exercice de style. J’avais envie de faire un single pour déconner. Tout ce que je cherche à faire, c’est chasser l’ennui en fait. Je ne le fais pas pour que mon égo kiffe.

A voir ici : http://www.vevo.com/watch/soan-en-duo-avec-la-demoiselle-inconnue/me-laisse-pas-seul-clip-officiel/FRA081300557

J’ai aussi lu dans une de tes interviews que tu aimais refaire de nouvelles versions pour tes chansons. C’est aussi pour chasser l’ennui ?

En fait je donne une deuxième chance aux chansons qui ne me plaisent plus. A un moment donné, je me dis que je dois les refaire. D’ailleurs tous les titres ne deviennent pas forcément des titres rock suite à cela.

Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter à l’avenir ?

Juste ce que je mérite. Je ne veux pas avoir plus ni moins que ce que je mérite. J’en ai marre de me battre. J’ai horreur qu’on ne m’aime pas sans raison, mais j’ai encore plus horreur qu’on m’aime sans raison.

Enfin pour terminer, la question rituelle pour le magazine Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

Dans l’absolu, je ne les aime pas, ni l’un ni l’autre. Si je devais choisir je prendrais les Rolling Stones car c’est un univers dans lequel je me reconnais plus. J’aime leur côté « on-fait-de-la-musique-à-l’arrache ». Pour les Beatles, je n’aime pas leur côté « techniciens-de-la-musique ». Pour reprendre ce que je disais tout à l’heure, leur musique c’est un peu pour moi de la masturbation mentale. Et Paul McCartney c’est un peu du belcanto.

 Propos recueillis par : Nathalie Barbosa