Interview : Bosco Delrey

Quel est ce moment dans une vie qui fait que l’on devient célèbre ? Un coup de chance ? Un coup de génie ? Une chose est sûre, Bosco Delrey est sur la bonne voie car il a réussi à attirer l’attention de quelques personnes influentes comme Terrence Malick, célèbre cinéaste de l’onirique Tree of Life. Ce dernier n’a pas hésité à faire appel à lui pour la bande-son d’un de ses derniers films appelé provisoirement Lawless, dont la sortie est prévue pour 2014. Bosco Delrey fera peut-être même une petite apparition dans le film si sa scène n’est pas coupée au montage. Le deuxième à l’avoir remarqué est sans aucun doute Diplo de Major Lazer

Bosco Delrey, producteur et pourvoyeur de pop expérimentale et de rock’n’roll est le premier artiste «live» signé sur le label Mad Decent, le label de musique électronique mené par Diplo de Major Lazer donc. Originaire du New Jersey en passant par Memphis, les productions de Bosco ont pour référence les studios de Sun Records des années 50, le Southern rap, les hymnes d’église et dance hall, le twang des guitares, mélangé à des rythmes pop et des synthétiseurs vintage des années 80, le tout pour créer une atmosphère danse-grunge. Son dernier album – qui n’est pas encore sorti – reprend aussi les bases du yéyé. Comment ça, c’est du n’importe quoi ? Venez le découvrir gratuitement au Rockhalcafé en ce dimanche 1er décembre pour vous faire une idée du personnage. En attendant il a répondu à nos questions.

Bonjour Bosco ! Peux-tu nous dire d’où vient ce nom énigmatique «Bosco Delrey» ?

Bonjour Nathalie ! C’est une histoire longue et compliquée mais je vais te faire un résumé. Un soir j’étais invité à une fête dans un hangar à Brooklyn, soirée à laquelle j’avais beaucoup picolé. Je me suis réveillé le lendemain, totalement à l’ouest et je suis tombé sur une « peinture au chocolat Bosco » du peintre brésilien Vik Muniz et j’étais fasciné. A l’époque j’avais une guitare Teisco Del Rey et en fait j’ai mis ces deux trucs ensemble et ça a donné : moi ! Bosco Delrey.

 

Est-ce que c’est un personnage ou un alter-ego ?

Non, pas vraiment. Je pense qu’aujourd’hui je suis effectivement Bosco Delrey et même de plus en plus. A la naissance vos parents vous donnent un nom et le temps faisant vous trouvez peut-être un nom qui vous correspond mieux. Je pense que ma mère a fait un bon travail et que moi aussi maintenant. Cela me correspond tout à fait.

D’où te vient cette passion pour la musique ?

Je ne sais pas. J’ai grandi avec de la musique partout dans la maison. Il y avait pas mal de vinyles partout et aussi des jouets en forme de guitare. Ça a dû m’influencer !

 

Pourquoi avoir choisi de faire de la musique, alors que tu parlais de peinture tout à l’heure?

J’aurais beaucoup aimé être un peintre, vraiment. Je ne peins et je ne dessine d’ailleurs pas trop mal, mais je constate tous les jours que je suis nettement meilleur en musique. J’aurais aussi bien aimé être physicien ou chimiste, mais je n’ai de talent que pour la musique. C’est inné chez moi.

 

Tu es en France en ce moment. Es-tu en train d’y enregistrer ton deuxième album ?

En fait, non, car je l’ai terminé cet été. J’ai choisi de l’enregistrer en France car j’avais l’opportunité de le produire dans les célèbres studios CBE à Paris. C’est un studio qui a vu passer des personnes comme Sébastien Tellier ou encore Lee Hazlewood. Il a cette connotation de studio yéyé que j’adore. Et puis j’ai voulu revenir à la base de la musique avec cet album. J’ai laissé mes racines américaines, électroniques au placard et j’ai voulu totalement déshabiller ma musique pour n’en garder que le meilleur. Cette fois-ci, le but était de faire de la musique avec de vrais musiciens et de vrais instruments en fait.

 

 

Tu as dernièrement travaillé sur la B.O. du dernier film de Terrence Malick. Est-ce quelque chose que tu envisages de refaire ?

Pas vraiment, non. En fait l’opportunité s’est présentée et je l’ai fait pour gagner ma croûte. C’était la même chose pour la série True Blood, où on m’a demandé de faire quelque chose sur mesure. En fait je n’avais jamais vu la série, mais c’était cohérent avec ma musique, donc j’ai dit oui.

 

Et tu as même fait une apparition dans le film de Terrence Malick, non ?

Oui mais avec lui, tu ne sais jamais si cela ne va pas être coupé au montage (rires) !  Ça, je l’ai clairement fait pour le plaisir et non pour l’argent. Il trouvait que mon physique correspondait bien à la scène. On verra.

 

Tu vas passer par le Luxembourg prochainement. Que penses-tu des publics en Europe ?

J’ai été surpris plus d’une fois en Europe. En premier lieu, je ne pensais pas qu’il y ferait aussi froid. J’ai notamment souvenir d’un concert à Hambourg où il faisait très très froid. Et ensuite notamment lorsque certains publics connaissaient par cœur les paroles de mes chansons, ça m’a vraiment bluffé !

 

Est-ce que ça t’est arrivé de faire du « busking » ? (traduisez : jouer d’un instrument ou chanter dans les rues pour de l’argent) 

Oui, mais pas intentionnellement. En fait, lorsque je vois un artiste qui me plait dans la rue, ça m’arrive de jouer de l’harmonica avec lui. Je reste avec cet artiste aussi longtemps qu’il accepte ma présence et qu’il ne me donne pas de coup de pied aux fesses (rires).

 

Qu’est-ce qui fait que tes shows sont spéciaux ?

Je pense que cela doit être mes pas de danse incroyables sur scène (rires) ! Plus sérieusement, j’ai déjà vu pas mal de concerts et la plupart sont plutôt… comment dire… rigides, en fait ! Mes shows sont tout le contraire. Je ne fais pas de show conservateur. Dans la mesure où le public participe à mes délires, mes concerts sont assez sauvages !

 


As-tu des rêves que tu aimerais réaliser ?

Oui, j’aimerais pouvoir continuer à faire ce que je fais maintenant : sortir des disques et faire de la musique, tout en pouvant en vivre. Je ne me fais pas trop d’illusions liées à la célébrité, il y a tellement de personnes dehors qui veulent faire de la musique. Je suis un peu un musicien de club de seconde zone, mais cela me va très bien. Sinon, comme je suis venu à Paris avec un seul bagage, j’espère pouvoir m’acheter de nouvelles fringues bientôt. Je commence vraiment à être à court de chaussettes.

 

Les gens pourront t’en apporter lors du concert, non ?

Ce serait vraiment parfait, oui ! Des chaussettes noires, si possible, merci !

 

Enfin, pour terminer, la question rituelle pour le magazine Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

C’est super dur ! J’aime beaucoup les Rolling Stones mais je vais devoir choisir les Beatles. Les Beatles écrivaient de vrais textes et c’était des paroliers. Je dois rendre à César ce qui est à César.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa 

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