Airbourne est un groupe australien au style proche de celui de AC/DC mais avec une puissance scénique assez dévastatrice, en grande partie assumée par son leader, chanteur et guitariste, Joel O’Keeffe. Ils étaient présents pour la deuxième fois au Sonisphere France, après un premier passage à Amnéville en 2011. Rencontre avec le guitariste David Roads.
On peut vous encore vous demander si ça vous plaît de jouer au Sonisphere ou vous avez trop entendu la question aujourd’hui ?
Non, c’est cool au contraire. On aime le Sonisphere, le concert était cool. Il devait y avoir 6000 ou 7000 personnes, on a filmé et pris des photos pendant le show, bu un coup après… On est partis ronfler dans le bus et voilà ! (rires)
Vous êtes déjà venus au Sonisphère il y a deux ans, vous revenez cette année… Ca vous plaît on dirait !
Ouais ! C’était super la première fois, ça l’est encore cette fois-ci. C’est toujours agréable de jouer en live ici.
Qu’est ce qui a changé pour vous, entre ces deux passages ?
Hé ben, c’est pas exactement pareil, cette année c’est plus light côté festival, mais on fait 17 concerts en Europe, donc c’est vraiment « sur la route » pour nous.
Qu’est ce que vous avez envie de dire aux gens qui vous comparent à AC/DC ?
On s’en fiche en fait, parce qu’on adore AC/DC ! C’est vrai que c’est le groupe de rock qui se rapproche le plus de ce qu’on fait. En fait on est inspirés par beaucoup de groupes de cette époque-là, Judas Priest, Iron Maiden… Je crois qu’au fur et à mesure des années on a quand même trouvé le style Aibourne, mais on ne renie pas ces influences-là, c’est tellement rock n’roll qu’on ne peut pas passer à côté.
Vous n’avez pas l’impression d’être décalé avec un style old school aujourd’hui alors qu’on tend plus vers de l’électro ?
Si, mais c’est volontaire en fait. On se laisse aller à notre passion, la musique, on suit notre style. On est tous allés à l’école pendant les années 90, le rock n’était déjà plus pareil. Il y avait ces groupes qui nous plaisaient mais qui ne s’éloignaient pas tant que ça des sentiers battus de l’époque. Mais c’était très difficile de percer pour les groupes qui faisaient des choses différentes, John Grant, les Bing Brothers, ce genre de musiciens qui suivent leur cœur. Quand on a formé le groupe on s’est tout de suite dit qu’on voulait être différents, qu’on voulait rester honnêtes avec nous même et jouer la musique qu’on avait toujours aimé. Old school, heavy metal, ces classiques qui nous parlent.
Vous venez de finir votre nouvel album, Black Dog Barking. Pourquoi ce nom ? Qu’est ce qui vous a inspiré dans cette nouvelle création ?
Ryan et Joel ont trouvé cette idée, c’est le signe qu’on a toujours utilisé pour le groupe, on a des titres selon les périodes, l’état d’esprit. No Guts, No Glory c’était le précédent, aujourd’hui Black Dog Barking on peut y voir plusieurs significations. Une première ce serait de dire qu’on parle des tournées, il y a des bons et des mauvais moments, quelquefois tu as l’impression d’avoir « a black dog on your shoulder » (avoir le cafard, NdlT). Ca représente des choses comme ça, c’est aussi le nom de l’une des chansons de l’album. Je suis content de cet album, en plus la pochette est cool, ça colle bien avec le contenu.
Les tournées ne sont pas toujours roses alors ?
Oh non, c’est pas facile, c’est clair. Enfin, c’est quand même beaucoup de plaisir, c’est tout ce qui compte pour nous : créer de la musique et aller la partager partout ensuite, surtout en festivals. Tu joues, tu t’endors au volant du bus, tu tombes malade, t’as le rhume ou une grippe, tu dois quand même jouer, ça peut être vraiment dur.
Airbourne est un groupe qui se révèle en live… Notamment grâce eu jeu de scène de Joel. Tu penses que c’est la meilleure manière de découvrir le groupe, en live ?
(rires) Oui, je vois ce que tu veux dire ! Alors oui, surtout pour des gens qui n’aiment pas spécialement le rock n’roll. On se considère comme plus que des musiciens, on est des dramaturges, on est sur scène pour divertir, on veut que ce soit mémorable. Sinon les gens sont juste là à te regarder jouer de ton instrument, bon… Mais Joel, oui, il est cinglé. On essaie de lui faire faire d’autres trucs, parce qu’à force de la jouer comme ça, il va finir par tomber de scène et se tuer. Et là on serait bien dans la merde ! (rires)
D’ailleurs il parait que vous avez eu des soucis d’assurance à ce sujet ? C’est vrai ?
Oh, ouais, on a toujours eu et on aura toujours des problèmes avec ça. Certains festivals sont très pointilleux, d’autres s’en fichent… Mais bon, ça fait partie du groupe, outrepasser les limites… Il y a quelques années un festival a entendu dire qu’on allait faire n’importe quoi sur scène, le directeur est venu avec la police, le manager nous a dit « vous ne faites pas ça, sinon ils vont nous mettre une amende de 10 000 dollars ! Joel, je sais que tu aimes briser les règles mais ne fais pas ça aujourd’hui, pas ici ! ». (rires)
Et il l’a fait finalement ?
Non, pas cette fois-là. On ne peut pas se permettre de payer ces amendes, on s’y est tous mis pour lui dire « hey Joel, allez, sois sympa… ». (rires)
Guitariste rythmique au sein d’un groupe de rock, c’est pas frustrant comme rôle ?
Non, j’adore ça ! On échange des fois, je passe à la basse… Mais j’adore ça, garder un œil sur la batterie, poser le rythme, chanter… Ah oui je chante beaucoup plus sur cet album, en backup vocals. Tu vois mine de rien je m’emmerde pas j’ai beaucoup à faire !
Tu participes aussi à la composition des morceaux ?
C’est plutôt Joel et Ryan qui composent, mais chacun connaît bien son rôle, du coup quand on écrit on propose tous des choses en vrac, on trouve un rythme… C’est un peu en mode bœuf, tout le monde participe. Les paroles c’est plutôt eux deux, en général ils écrivent ensemble. Mais c’est vraiment sous forme d’idée quand ils nous ramènent ça, tout le monde est bienvenu pour faire des modifications.
Tu disais dans une interview ton admiration pour Motörhead, rêves-tu d’être encore sur scène à l’âge de Lemmy ?
Ouais, on s’est retrouvés plein de fois dans les mêmes festivals, on a aussi fait leur première partie. Récemment on a joué avec eux à Fortarock, aux Pays-Bas. C’est un groupe génial, et ils sont là depuis si longtemps… Lemmy a l’air de pas trop mal tenir, encore. (rires) Continuer de jouer à 70 ans, carrément, et même encore après. Je ne laisserai plus Joel faire ses conneries à cet âge-là quand même. (rires) Mais oui, continuer, rester fidèle à ses valeurs et à sa musique, garder le même état d’esprit… C’est un but pour nous. On trouvera toujours une manière de ne pas rendre ça chiant même si on ne saute plus partout, on restera fidèles à l’esprit rock n’roll.
D’habitude vous ouvrez pour Maiden, mais aujourd’hui vous passez après eux… Pas trop stressant ?
Bah, non, pas vraiment. Tu sais, du moment que je peux voir leur concert, ça me va. J’espère qu’on arrivera à capter l’ambiance pour garder une continuité. On est pas trop stressés, mais ça semble un peu… Tu sais. Irrespectueux. C’est un groupe qui nous a incités à nous mettre à la musique, on imaginait pas une seconde qu’on se retrouverait à jouer après eux ! (rires) Il y a quelques années au Wacken en Allemagne on a joué après Judas Priest, c’était aussi bizarre. Mais c’est pas vraiment du stress, c’est juste étrange.
J’ai vu sur votre Facebook une photo avec des bières Bitburger et du Valium. Vous respectez le slogan “sex, drugs & rock’n’roll” ?
Oh ça ça doit être Ryan ! (rires) Des fois je prends du Valium parce que je n’arrive pas à dormir dans l’avion, le jetlag entre autres. Ryan adore la bière allemande, il adore la Bitburger. Et le Valium… C’est même pas tellement sex drugs & rock n’roll, c’est « tu bois jusqu’au matin, tu montes dans l’avion et tu prends du Valium parce que t’arrives pas à dormir ». (rires)
Vous utilisez beaucoup les réseaux sociaux ?
Ouais. Facebook, Twitter… J’aime bien l’idée de pouvoir parler directement aux fans, discuter des concerts, voir leurs réactions… Je crois que Joel poste pas mal, pour remercier les fans après un concert, dire que c’était géant… On a pas une personne qui s’en occupe pour nous, si vous voyez des messages sur Facebook ou Twitter en général c’est Joel.
Beatles ou Rolling Stones ?
C’est dur ! (rires) C’est deux groupes géniaux. Mais je vais dire les Stones. On a joué avec eux une fois, il y a un moment, c’était énorme. Je respecte quand même les Beatles, hein ! Mais personnellement j’opte pour les Stones.
Propos recueillis par Guillaume Hann & Ugo Schimizzi
Transcription : Marine Pellarin