Live Report – Youssoupha – Nancy Jazz Pulsations 2012

Live Report – Youssoupha – Nancy Jazz Pulsations 2012

Le 16 octobre 2012 avait lieu la soirée « street » de la 39ème édition du festival Nancy Jazz Pulsations. Au programme, du rap, du hip hop, de la funk et beaucoup de choses à raconter. Au bout de 39 ans de carrière, on a des automatismes, les NJP n’échappent pas à la règle. Les horaires annoncés sont respectés à la minute près, et ce, même si le chapiteau peine à se remplir. 

C’est Blake Worrell qui ouvre le bal. Tout droit sorti du line up des Puppetmastaz, c’est à présent seul (ou presque) qu’il dispense un hip hop aux multiples facettes. Tantôt teinté de rock, parfois d’électro, quelques fois plus classique, Worrell fait entendre une voix qui semble changeante à volonté. Le show sent définitivement l’expérience.

Blake Worell - Photo : Matthieu Henkinet

Sur scène on retrouve à ses côtés Mehira Cruz assurant les backs, tout en arpentant la scène avec énergie, accompagné d’un DJ. Côté ambiance, on sent d’emblée que le public ne s’est pas déplacé pour cet artiste. Cependant, régulièrement interpellé et conquis par l’énergie dégagée, la foule finira par s’avancer devant la
scène et applaudira chaleureusement la performance à la fin du set.

Klub des Loosers - Photo : Matthieu Henkinet

Quelques modifications sur la scène plus tard, c’est au tour du Klub des Loosers de se présenter, un club très select puisque Fuzati n’est accompagné que de DJ Detect sur scène. Le public est déjà plus nombreux derrière les barrières, prêt à scander les refrains cinglants du rappeur. Effectivement, pour les cinquante prochaines minutes, on ne va pas faire dans la dentelle. Amour, relations humaines, société. Sans manquer d’autodérision, Fuzati dégaine son micro et flingue à tout va. Moi qui avais trouvé le son des albums plutôt plat, certainement à cause de la voix monocorde, je suis rapidement contredit par le live. On se sent emporté par le flot de paroles aiguisées et le public qui assure les back vocals offre une nouvelle dimension à la prestation. Fuzati a donné lui même la couleur: « Si tu connais les paroles, chante, si tu ne les connais pas, fais semblant ! ».

Klub des Loosers - Photo : Matthieu Henkinet

Les lyrics s’enchainent sur fond de beats groovy, parfois jazzy, teintés d’électro et ornés de scratchs. L’ambiance ne fait que grimper. Bien que ce concert soit le premier du « Klub » à Nancy, les fans sont bel et bien présents et aucun mot n’échappe au public. A l’aise sur scène, Fuzati va même faire une pause entre deux morceaux, déclarant que le jazz c’est aussi l’improvisation avant de demander des mots à deux personnes du public pour en faire un freestyle. Alors que les lumières finissent par se rallumer, le public en demande encore…

Malgré une belle prestation, on retiendra une petite note négative: le volume du micro trop poussé, menant à des saturations assez disgracieuses sur certains morceaux.

The Coup - Photo : Matthieu Henkinet

Cette fois, le changement de plateau est marqué par l’arrivée d’une basse, une batterie, une guitare et de nombreux micros. On s’attend alors à un changement radical d’ambiance. L’entrée de The Coup sur scène ne nous détrompe pas. C’est à présent l’heure funk et bien que l’on aie changé de registre, la prestation ne détonne pas, les anglicistes auront su capter des paroles incisives, critiques de la
société et revendicatrices, tantôt posées, tantôt rappées par Boots Riley, tandis que Silk-E incarne la touche féminine en deuxième voix.

The Coup - Photo : Matthieu Henkinet

Le public se retrouve donc assez brusquement face à un spécimen musical, des coupes afros qui gigotent, un bassiste sautillant, un chanteur charismatique, tandis que même le batteur y va de sa chorégraphie sur son tabouret. Le temps d’harponner le public avec un « Mon français est limité mais… Dansez maintenant ! » et l’ambiance est posée. Les sonorités 80′s font place à des morceaux complètement funky tout en laissant la part belle à des influences rock par moments. Les Coup donnent le premier concert de leur tournée européenne et sont définitivement prêts à en découdre. Le public, de son côté, se détache petit à petit des gradins pour aller danser dans la fosse.

Youssoupha - Photo : Matthieu Henkinet

L’heure tourne. Il est maintenant temps de faire place à la tête d’affiche de la soirée. A ma grande satisfaction, Youssoupha ne se déplace pas qu’avec DJ Myst et son back S-pi. Une batterie et un ensemble de synthés sont aussi présents sur les côtés de la scène. Après une introduction par Myst, le rappeur fait son entrée, accueilli par des « Youssoupha » scandés en coeur par l’audience. Ce dernier qui a connu un succès grandissant ces dernières années en misant énormément sur les performances scéniques enchaîne les tubes, jonglant entre les albums.

Youssoupha - Photo : Matthieu Henkinet

La salle ne se sera malheureusement jamais remplie entièrement, mais le public répond présent, à la grande satisfaction du « lyriciste de Bantou » qui, ne manquant jamais de sourire, félicite régulièrement les fans pour leur implication. Les artistes ne cessent de solliciter le public tout au long du concert en leur tendant le micro afin de substituer Corneille ou Indila (sur Histoires vraies et Dreamin’) leur proposant même au détour d’un interlude un cours de rumba.

Sur scène, on assiste à un show bien huilé, peut être trop (on regrettera par exemple certaines phrases toutes faites que l’on sent usées et répétées chaque soir), toujours en mouvement, les protagonistes proposent un spectacle bien carré, les lumières s’accordent parfaitement avec les ambiances des morceaux. Après quelques chansons en rappel, Youssoupha remercie une dernière fois le public pour lui avoir permis d’obtenir son premier disque d’or, et donne rendez vous à tout le monde à la table du merchandising, avant de s’éclipser définitivement de scène.

Article : Matthieu Henkinet 

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