Nous sommes lundi, une nouvelle semaine commence, la dernière de la 40ème édition du festival Nancy Jazz Pulsations, il reste cependant beaucoup d’artistes à voir et j’ai rendez vous ce soir au Chapiteau. Au programme : Dirty Dozen Brass Band, Bertrand Belin et Micky Green.
Arrivée à l’entrée presse, on m’annonce qu’une captation vidéo a lieu ce soir et que de ce fait la disposition du Chapiteau en a été modifiée. Une fois à l’intérieur je peux, en effet, observer qu’un parterre de chaises y a été installé. Ce qui me laisse perplexe quand on sait que deux des groupes de ce soir n’ont pas vocation à laisser un public statique.
C’est avec Dirty Dozen Brass Band que débute le programme. Le Chapiteau, quant à lui, commence à bien se remplir quand résonnent les premières notes du groupe néo-orléanais. Une ambiance très jazzy envahit la salle, renforcé par le nombre de musiciens et d’instruments installés sur scène. Le public n’attend pas longtemps pour se lever. Le son des deux trompettes, des deux saxophones, du soubassophone, du synthétiseur et de la batterie groovent. Les spectateurs, très réceptifs se mettent à se déhancher, assis comme debout. Ces mélodies festives sont pour la plupart instrumentales. Néanmoins quand quelques paroles se font entendre, les musiciens font instantanément participer le public qui ne s’arrête pas de taper des mains sur un tempo endiablé.
L’heure impartie au groupe touche à sa fin et c’est sous les applaudissements que Dirty Dozen Brass Band quitte la scène après un morceau interminable – quel plaisir – et agrémenté de nombreux solos.
Pendant que les techniciens s’activent sur scène, un vendeur de cacahuètes grillées et une marchande de produits dérivés s’approprient la salle et alpaguent les clients potentiels, véritable animation de l’entracte côté public. Ils finissent par laisser place une fois les lumières éteintes à Bertrand Belin.
Le chanteur que l’on a tendance à comparer aux mythes de Bashung et Gainsbourg fait son entrée en douceur. Son groupe (moitié moins fourni que son prédécesseur) est composé de deux guitaristes, d’une batteuse et d’un bassiste.
La voix grave de Belin conte des histoires sur des thèmes de la vie de tous les jours. Ses morceaux nous emmènent en promenade où l’on rencontre des drôles de personnes dont on ne sait jamais précisément comment il a bien pu les rencontrer. L’ensemble laisse place à une énumération de paroles qui se construisent tout en se déconstruisant, ensuite reprisent depuis le début quelques minutes plus tard. A l’image de ses horaires aux accents de quiproquo : « il était 5 heures, mais peut être 5 heures et quart, oui je vous dis qu’il était 6 heures, ou peut être bien 5 heure et demie »…
Le public se laisse bercer au fil des morceaux. Même si Bertrand Belin les enchaîne avec justesse, l’ambiance est à la balade ce qui marque un arrêt net sur le dynamisme du début de concert. Tout comme à la soirée d’ouverture à l’Autre Canal, je trouve ce choix discutable, mettant l’homogénéité de la soirée à mal.
La balade prend fin et laisse place au noir sur scène. Apparaît aussitôt notre marchand de cacahuètes grillées ambulant. Le public se tasse devant la cène de peur de n’avoir plus de place au début du set de Micky Green. Quelques minutes plus tard, la belle australienne arrive sur scène et le placement stratégique devient mouvement de foule.
La salle est loin d’être remplie. Seule la moitié de la fosse est occupée une fois les gens debout et les gradins vidés.
Pour fêter les 40 ans du festival, Micky Green brille de mille feux. Sa robe noire et ses bottes grises à paillettes éblouissent le public tandis qu’elle interprète les chansons de son nouvel album, toutes plus pop que les autres.
Après plus de 45 minutes de live la chanteuse se met à chanter la chanson de l’alphabet en s’arrêtant à la lettre N, le public complète d’un « O » massif laissant place à la chanson qui a fait connaître la chanteuse, Oh !
Les morceaux qui suivent sont plus doux et laissent place malheureusement a un exode du public. La malédiction que nous avons constatée à plusieurs reprises cette semaine a, à nouveau, frappé. Et une fois le titre phare passé, le public se désintéresse.
Micky Green ne se laisse pas pour autant décourager et continue de changer d’instrument à chaque morceau telle une femme orchestre.
Quelques minutes plus tard le concert se termine, laissant aux travailleurs du public quelques heures de repos. De notre côté, de nombreux rendez vous avec le festival sont déjà planifiés, et leurs histoires à retrouver rapidement…
Article : Sophie Grivel
Photos : Margaux Gatti