Live Report : Matisyahu – Bataclan (Paris) – 10 mars 2013
Comment décrire Matisyahu et ce qu’il a apporté sur la scène musicale international ? C’est un OVNI ! Il était présent le 10 mars dernier au Bataclan à Paris pour un concert unique en France.
Apparu sur la scène publique en 2005 et découvert par votre humble serviteur en 2007 sur ARTE (docu consacré à la religion et la musique pop avec aussi Cat Stevens). Arborant alors un style qui rappellera aux cinéphiles français le classique Rabbi Jacob et sa danse yiddish endiablée, il développe un reggae touchant parfois aux rythmes ragga et autres déclinaisons du genre qui nous transporte par ses mélodies, sa voix, et le contraste entre la musique, les musiciens et son apparence ajoutait encore plus à la singularité de sa musique.
En intégrant le judaïsme au reggae, il revenait aux racines mêmes des croyances des rastas, au temple de Salomon et à la dispersion des tribus d’Israël, nostalgiques de Zion (on retrouve d’ailleurs ces références dans Matrix si vous vous rappelez bien). Ce qui peut paraître déroutant au début devient donc on ne peut plus logique pour qui souhaite comprendre comment on peut allier judaïsme et reggae.
N’ayant jamais pu le voir sur scène jusqu’à cette année – ses venues en Europe étant si rares jusque-là et l’ayant raté en Hongrie il y a deux ou trois ans – je m’empressais de demander une accred : Wroclaw en Pologne et Paris étaient au programme. En raison d’un souci de communication avec la salle en Pologne, je dus annuler mon voyage alors que l’accréditation tombait le jour même du concert. Tant pis ce n’était que partie remise pour le Bataclan.
Arrivé en avance au Bataclan, j’eus la chance d’échanger quelques mots avec lui et d’avoir ma petite photo en sa compagnie. Mec adorable, ouvert et accueillant, la soirée s’annonce donc fort sympathique. En première partie, Vanupié, jeune artiste français ouvre le bal et enchante déjà le public.
Découvert dans le métro et récemment signé par une maison de disque, il risque d’enchanter nombres de vos soirées reggae à travers l’hexagone et au-delà. Sa voix rauque donne un certain volume à ses compositions et le public passe un bon moment, les sourires béats scotchés sur les visages.
Après un set de 45 min, la salle est sur le qui-vive et attend avec impatience Matisyahu. Celui-ci entre en scène et va tous nous subjuguer. Primo, pour ceux qui n’avaient pas suivi son actualité au-delà de sa musique, il ne porte plus ni sa barbe, ni ses habits religieux traditionnels ni même de kippa.
Vêtu d’un jeans, t-shirt blanc, lunettes de soleil, veste en cuir et arborant une casquette des Dodgers de LA, il enchaîne ses titres pour notre plus grand bonheur. Point de mouvement de foule comme dans un concert punk ou métal, auxquels je suis coutumier, mais chacun bouge et exprime son ressenti de la musique qui nous est transmise.
Alternant chansons et séquences beat-box dans lesquelles il excelle, le concert suit son cours jusqu’au moment tant attendu où il se jette littéralement dans le public pour un slam monumental, jusqu’à se tenir debout sur les épaules de la foule qui le porte ainsi, donnant une grandeur à la scène, avec le Bataclan en toile de fond.
Chacun a son téléphone en main pour immortaliser le moment. Matisyahu retourne ensuite sur scène pour terminer le concert et le clore par une invitation au public à le rejoindre. Le musicien disparaît après une nouvelle séance de bain de foule, tandis que le public danse encore.
Petit bémol, le concert a duré à peine une heure et j’avoue ressentir une petite frustration. Le concert de Matisyahu permet à tout un chacun de prendre son pied. Du coup, la descente est vraiment brutale. Le public est comme moi surpris par cette fin mais la tournée express et rapide à travers toute l’Europe explique sûrement le raccourcissement des prestations. La route est longue entre chaque capitale pour le groupe.
Bilan : Une soirée dingue, bien intercalée entre celles avec Mudweiser, 7 weeks et Loading Data que je suivais sur la route, et parfaite pour être zen pour la rentrée, le lendemain.
Setlist : Crossroads, Searching, Jerusalem, King Without A Crown, Live Like A Warrior, Youth, Sunshine, Beatbox, One Day.
Article et photos : Cédric Mathias