Interview : Oxmo Puccino

Interview : Oxmo Puccino

Oxmo Puccino revient en tournée avec son nouvel album, Roi sans carrosse, écrit et composé par lui-même et réalisé par un trio magique Vincent Segal-Renaud Letang-Vincent Taeger. Un album explosif, organique, ancré dans son époque et empreint de réalisme poétique, qu’il défendra sur scène accompagné de ses musiciens. Abdoulaye Diarra, alias Oxmo Puccino, nous a accordé un peu de son temps précieux.

Le «Black Jacques Brel» sera à L’Autre Canal le vendredi 15 mars

Bonjour Oxmo et tout d’abord: merci de répondre aux questions du Magazine Karma !
Avec ton album L’arme de paix tu avais obtenu un disque d’or, une Victoire de la musique et tu avais fait une tournée très intense: 9 pays, 90 concerts dont un Bataclan, un Olympia et deux Cigales sold-out. Trois ans plus tard et une nouvelle Victoire de la Musique, comptes-tu réitérer ce succès avec Roi sans carrosse ?

J’espère le poursuivre oui ! J’en ai bien l’intention en tout cas. Depuis quelques disques, j’essaie de prendre un bout de l’ancien pour le mettre dans le nouveau, histoire qu’il y ait une continuité sans à-coups. En ce qui concerne la Victoire de la musique, je suis vraiment dépassé ! C’est vraiment un rêve positif !

 

Concernant le titre Pam Pa Nam de ton nouvel album, tu y décris très joliment Paris. Il y a un petit air de Padam Padam d’Edith Piaf, y compris dans le titre. C’est un vrai clin d’œil ?

En fait pas vraiment. Ce n’est pas un vrai clin d’œil et ce n’est pas ciblé. C’est plutôt un hommage à la gouaille parisienne et un hommage à certains anciens comme Maurice Chevalier, Yves Montand et Charles Aznavour.

 

 

Tu parles de l’année 1972 dans «Les gens de 72», ce serait quoi pour toi le hip hop de 2013 ? Peut-il être défini ?

Le hip hop 2013, c’est en fait la variété ou la pop d’aujourd’hui ! Le hip-hop d’aujourd’hui est un hip hop qui commence à être assumé : on peut dire merci à Kanye West par exemple. Par contre, si on présenterait le hip-hop de la fin des années 90 à celui d’aujourd’hui, il y aurait trop de divergences d’idées. Je pense que les deux se battraient ou celui des années 90 se suiciderait, au choix! (rires)

 

 

Qu’as-tu pensé de l’expérience proposée par le magazine Snatch où tu as fait une semaine de tournée avec l’écrivain Oscar Coop-Phane ?

Pour moi l’équipe du magazine Snatch est l’équipe du futur. Ils sont tellement en avance sur les tendances ! Lorsqu’ils me l’ont proposé, j’ai tout de suite été emballé. Tout d’abord c’était une expérience formidable et cela m’a permis de rencontrer une personne de talent. J’y ai vraiment gagné sur toute la ligne. J’ai trouvé cela formidable de romancer mes concerts.

 

Est-ce que cela t’inspire un projet à plus long terme sur ton vécu en tournée ?

Non pas vraiment. Moi j’aime ce qui est éphémère et inattendu ! J’ai déjà fait des documentaires ou des « 24 heures avec ». Tout ce qui va au-delà de quelques jours inclut une certaine routine et cela ne fait pas partie de mon code de conduite à proprement parler.

Tu es né au Mali et tu y étais il y a deux ans pour le compte de l’Unicef, dont tu es l’ambassadeur. Quelles relations entretiens-tu avec ton pays d’origine ?

Je pense que mes relations sont les mêmes que celles des personnes ayant de la famille à l’étranger. J’ai la majorité de ma famille qui vit sur place. Je fais de nombreux aller-retour et j’ai reçu l’éducation locale précise.

 

Que penses-tu de l’aide militaire apportée par la France ?

Là tu poses une question politique à un artiste. (rires) Même si je sais que c’est un sujet sensible, je pense néanmoins que si la France n’était pas intervenue, il serait arrivé ce que tout le monde craint. C’est une intervention délicate, compliquée et dans tous les cas, je pense que le problème sera long à régler. Et il faudra que la population locale en souffre le moins possible.

 

As-tu déjà organisé un concert au Mali et est-ce que cela serait un de tes souhaits ?

Non, je ne le prévois pas. J’ai participé à des manifestations il y a deux ans pour dédramatiser la situation du pays. Mais c’était avant le renversement du gouvernement, donc la situation a bien changé depuis.

 

Ta tournée passera par L’Autre Canal à Nancy. Est-ce que cette salle t’évoque quelque chose en particulier ? Des souvenirs peut-être ?

Non, la salle ne me rappelle pas de souvenir en particulier. J’ai cependant un souvenir de Nancy mais c’est assez vieux. Cela doit dater de 2004-2005. Je me souviens d’un entretien avec un journaliste où j’étais avec Kool Chen et à chaque fois que Kool Chen disait «Non» moi je disais «Oui». C’était assez drôle en fait !

 

Cela fait 15 ans que tu repousses les frontières du hip-hop, tout en y intégrant des musiciens dans tes albums et sur scène. Avec qui rêverais-tu de faire une collaboration ?

Non, pas vraiment. C’est la rencontre qui est intéressante. J’apprécie les artistes pour ce qu’ils sont. C’est la rencontre qui marque la collaboration et non l’inverse !

 

Cypress Hill en son temps avait énormément travaillé avec des groupes bien plus orientés metal, ça t’intéresserait d’aller carrément dans cet extrême ?

Pas spécialement, non. J’ai déjà essayé mais je suis plus dans la douceur. D’ailleurs dans le rap aussi, je ne suis pas dans le hardcore. C’est un domaine qui ne m’attire pas artistiquement parlant. Et puis dans le metal, on ne comprend pas ce qu’ils disent ! (rire !)

 

Enfin pour terminer, la question rituelle pour Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones?

Les Rolling Stones ! Les Beatles c’est trop évident, trop mignon, trop facile. Ce n’est pas assez fou !

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

Oxmo Puccino sera en concert le 15 mars prochain à L’Autre Canal à Nancy // Le Magazine Karma, en partenariat avec l’association L2H et L’Autre Canal vous propose de gagner 1×2 places pour ce concert en cliquant ICI // Vous pourrez retrouver la suite de cette interview dans notre numéro 4 à paraître en juin avec des photos du concert ;)

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