Interview – OldSeed

Interview – OldSeed

Interview réalisée lors du live report de Antipop sur Folk, Chez Paulette le 1er mars 2013

 

Peux-tu, pour commencer, me parler un peu de toi, de ta carrière ?

Oldseed : Je joue de la musique depuis environ 20 ans. J’ai joué dans des groupes et j’ai décidé d’arrêter il y a à peu près 10 ans et de me lancer dans le projet OldSeed. Depuis je fais mes propre disques, je tourne partout en Europe et en Amérique du Nord. Et depuis 6 ans je vis en Allemagne. Ma carrière a été formidable. J’ai sorti 6 disques et joué pas loin de 1000 concerts. Je fais environ 100 à 150 concerts par an. J’ai juste ralenti les deux dernières années.

 

Qu’est-ce qui t’a décidé à passer des groupes à un projet solo ?

Je suis fainéant ! C’est plus facile d’avoir une guitare acoustique et de jouer mes chansons. Dans un sens c’est un plus gros défi puisque tu ne peux pas te cacher derrière qui que ce soit. Dans un groupe tu peux toujours te défaire de l’attention générale et quelqu’un d’autre peut l’attirer à lui pour t’aider. En solo, tu es là tout seul, c’est ton truc et tu dois te débrouiller. C’est plutôt simple maintenant… Enfin pas vraiment simple, mais c’est plus facile qu’avant !

 

Et qu’est-ce que tu ressens quand tu joues devant des salles presque vide, comme ce soir malheureusement ?

D’abord, elle avait l’air si vide parce qu’elle était sacrément grande ! Si on avait eu ce nombre de personnes dans cette pièce (le côté bar de Chez Paulette, ndlr), ça aurait été génial ! Mais personnellement je m’en fous. Je préfère avoir peu de public qui prête vraiment attention et qui apprécie, plutôt qu’une foule énorme qui n’en a rien à foutre !  C’était plutôt calme ce soir, peu de « bavardages », ça rend les choses plus simple pour moi !

 

OldSeed - Photo : Matthieu Henkinet

Où trouves-tu ton inspiration ? Tu parlais, sur scène, de cette histoire avec cette fille…

(rire) Et bien d’un peu n’importe quoi. Je ne raconte pas d’histoire. Mes textes sont plutôt des réflexions autour d’un thème, d’une idée. Quelques jeux de mots. Comme je l’ai dit, je suis fainéant et c’est très fatiguant d’écrire des histoires, des bonnes histoires. Je me contente de trouver les mots que je puisse chanter, des belles mélodies et c’est parti !

 

Tu préfères commencer par écrire la musique ou les paroles ?

Je ne sais pas vraiment… Un peu des deux ! Il n’y a pas de véritable méthode. C’est un cliché de dire qu’on préfère l’un à l’autre. Pour moi c’est en fonction du moment, comme ça vient. J’écris des paroles tout le temps. Des paroles, des poèmes etc. Et en guitare je suis constamment en train de gratter, de chercher. Parfois ça devient une chanson, parfois non, ça dépend.

 

De quelle manière dirais-tu que ta musique a évolué ces dix dernières années ?

Évolué ? Je dirai que je suis un meilleur guitariste et un moins bon chanteur ! (rire) Je ne suis pas aussi bon que j’étais. Ma voix s’est abîmée avec les années et je ne peux plus atteindre les notes que j’atteignais avant… Je n’en ai plus la force ! Mais je suis définitivement un meilleur guitariste, j’ai une meilleure main droite, pour le finger picking par exemple (technique de jeu consistant à pincer les cordes avec la main droite plutôt que de les frotter, ndlr).

 

Est-ce tu peux me parler un peu de tes albums ? Pourquoi les vendre en CDs et en vinyles ensemble ?

Je préfère le vinyle, mais je mets toujours un CD avec… Je ne sais pas si ça a encore du sens, je pourrais mettre un lien pour le télécharger directement. Mais je me suis toujours dit qu’après un concert – parce que je vends tous mes albums aux concerts, personne ne va plus dans les magasins pour les acheter de toute façon – donc je me suis dit qu’après un concert, les gens pouvaient mettre le CD directement dans leur voiture et l’écouter pour rentrer chez eux… Mais les vinyles sont plus intéressants à avoir. J’ai toujours trouvé que les CDs étaient un peu de la merde. Tu le fous dans la voiture et deux semaines plus tard il est rayé et couvert de poussière, quelque part sous le siège, tu vois ? Le vinyle est plus durable.

 

Pour quel public préfères-tu te produire ? Les Américains ou les Européens.

Oh ça n’a pas d’importance. Tu sais, les gens sont tous pareils. Il y a des gens bien et des cons partout ! Ca dépend de qui tu trouves à un endroit donné. Il n’y a pas de différence. Je peux être n’importe où dans le monde à jouer dans un bar où personne n’en a rien à foutre de moi. Je déteste quand les artistes disent « Oh, le public en Angleterre est génial, bien mieux que… ». Fuck it ! Les foules sont meilleures dans les bons concerts que dans les mauvais c’est tout ! (rire)

 

Je reviens sur l’histoire de cette fille qui t’a largué,…

Je préfère ne pas parler de ça (rire, référence à ma remarque sur les questions auxquelles il ne souhaitait pas répondre avant le début de l’interview) !

 

Je comprends, je pensais surtout au fait que tu disais interpréter la chanson sans plus trop y croire, te retrouver dans les paroles. Comment peux-tu chanter une chanson à laquelle tu ne crois plus ?

Ce n’est pas que je me foutes de la chanson. Je ne ressens plus rien pour ce qui m’a fait l’écrire… Le sujet, cette fille. J’adore cette chanson, elle a été avec moi ces 10 dernières années. J’ai joué cette chanson sur des scènes où personne ne m’écoutait, on a traversé tellement de choses ensemble. C’est surtout le thème de la chanson qui ne me parle plus ! J’ai vécu plus avec cette chanson qu’avec la fille. Qu’avec n’importe quelle fille à vrai dire (rire).

 

Et quelles sont tes influences musicales ?

Tout ce qui est musique country. Je viens de Winnipeg, au Canada, où a vécu pendant quelques temps Neil Young donc inévitablement, sa musique m’a influencée. Donc c’est ce genre-là qui m influence. Neil Young, Bruce Springsteen, Johnny Cash… Tout ça.

 

Si tu pouvais faire un duo avec un de ces gars, lequel tu choisirais ?

Aucun ! Je serais terrifié. J’adorerais les voir jouer, tous. Mais jouer avec eux, surement pas, j’en ai des frissons rien que d’y penser !

 

Quels sont tes projets ?

Je vais entrer en studio cet été certainement. Je termine l’écriture du disque actuellement. J’ai commencé à bosser avec un mec pour la publicité, tout ça. Sa boîte fait tout, il a bossé avec les Beastie Boys. C’est un bon gars, un vieux métalleux. On va bosser ensemble. Il est temps, ça fait quatre disques que je bosse sans publicité, sans aide, je pense qu’il est vraiment temps de m’y remettre. Je m’en foutais, je vendais les disques moi-même et je faisais mes concerts, mais ça peut être une bonne chose de repartir là-dessus quand même.

 

Dernière question : plutôt Beatles ou Rolling Stones ?

Ouh ! Très bonne question, et il faut une bonne réponse. Bien sûr les Rolling Stones sont le meilleur groupe de rock et j’adore les groupes de rock. Je suis un grand fan. Et Keith Richards est un de mes guitaristes préférés. Mon album favori, si je devais en choisir un, ce serait Let It Bleed (1969, ndlr). Mais chaque chanson qu’on peut écouter a d’abord été écrite par les Beatles. Il n’y a pas de chanson qui n’ait pas déjà été faite par les Beatles. Et c’est incroyable. Écrire des chansons si énormes. À l’origine j’étais un « Lennon-guy » et plus récemment je suis devenu un « McCatney-guy ». Le mec est un songwriter de malade. Et c’est un taré de bassiste ! Je jouais de la basse avant et c’est un cinglé. Tu écoutes n’importe quelle chanson des Beatles, tout vient de la basse et de sa rythmique. C’est si mélodique. C’est chargé, il est partout ! Et puis il chante par-dessus ça, il écrit. Enfin voilà, où je me trouve. Si tu me mets un flingue sur la tempe je te dirais les Rolling Stones, parce que je suis fan de pur rock. Mais les Beatles… Voilà quoi !

Propos recueillis par : Dom Panetta

Be first to comment