Le vendredi 26 septembre débutait le week-end inaugural de la BAM, la nouvelle salle de concert située à Borny. L’occasion pour la ville de Metz de frapper un grand coup avec un événement culturel à la hauteur de son ambition. La venue de Woodkid avec son univers tout en aventures et sonorités épiques ne pouvait pas mieux tomber.
C’est la rencontre de deux histoires qui se croisent pour n’en créer qu’une seule le temps d’une soirée. Celle du garçon de bois qui rencontre la belle Boîte A Musique. D’un côté une expérience de plusieurs années et de l’autre un lieu qui ne demande qu’à plaire et créer son propre chemin. Pour la dernière date de son Golden Age Tour, et sa durée faramineuse de cinq ans, Woodkid et ses musiciens ont pu profiter de l’amour des messins avant un repos bien mérité.
Metz en Scènes avait pu se faire une idée de l’engouement du public pour le frenchy lorsque les places étaient parties en une quinzaine de minutes. De quoi se donner un peu d’air face à un tel défi et de rendre heureux les chanceux, tout en laissant déçus les retardataires. Il faut dire que la gratuité de l’événement avait de quoi attirer la foule. Une chose est sûre, la capacité de la salle de concert allait être mise à contribution dès le premier jour. C’était tout le monde qu’on pouvait souhaiter aux organisateurs.
C’est sur une citation de Serge Gainsbourg que se finit la cérémonie d’inauguration à l’extérieur, en présence des élus. Avec entre autre Mr. Gros, le maire de Metz, Mr. Herzog du Conseil Général de Moselle, Mr. Moineaux du Conseil Régional de Lorraine et Mr. Nacer Meddah, préfet de Lorraine et de Moselle. Il est un peu plus de 18h et déjà un verre de l’amitié est célébré accompagné d’amuses bouche. Le temps est clément et permet d’observer pleinement l’architecture si particulière de la BAM. Epuré, d’un blanc immaculé, et constitué de fenêtres aux formes géométriques variables, le lieu attire l’oeil et s’impose comme un bâtiment à forte personnalité. De quoi changer le paysage de ce quartier de la ville de Borny. Promesse d’avenir et de rencontres culturelles fortes, la salle de concert est prête à accueillir le héros du soir.
Ou plutôt les huit, à voir les musiciens venir sur scène et prendre place près de leurs instruments dans la pénombre. Il est 20h45 pile et les lumières illuminent l’arrière de la scène. D’un pas décidé, un barbu à casquette s’avance vers le public tandis que les percussions résonnent et le logo aux clés apparaît. Woodkid saisit le micro une fois le visage à découvert et commence Baltimore’s Fireflies, accompagné d’une vidéo en noir et blanc d’une église en fond. Avant de continuer avec le premier titre de son album, l’éponyme The Golden Age. En à peine deux morceaux, le Français donne un aperçu du reste de son concert : des morceaux joués par de vrais instruments pour un ressenti encore plus fort que sur disque.
Ca tombe bien, la salle est faite de manière à être proche de la scène et de l’artiste, même si l’on se trouve à l’étage, où les photographes s’en donnent à cœur joie. De quoi rendre cette soirée magique et profondément émouvante. La magie de Woodkid est de réussir à rendre ses morceaux les plus grandiloquents plutôt intimistes et de créer une véritable ambiance au fil de la performance. C’est d’ailleurs leur dernière date et ça se voit. Les visages sont détendus, les sourires contagieux et le plaisir d’être là communicatif. L’artiste n’hésite pas à parler au public et se moque même de la dernière actualité le concernant après avoir chanté un nouveau morceau appelé Go. « Comme quoi on n’arrête pas la musique » lâche-t-il suivi d’un sourire.
Pendant 1h30, le public redécouvre les morceaux du premier album de l’artiste pour une expérience géniale. Boat Song est revisité, Stabat Mater est plus grandiose que jamais et digne des meilleurs bandes originales de films, tandis que Ghost Lights est remplie d’émotions. L’avantage d’avoir un seul album à son actif, c’est qu’il est possible de le retranscrire entièrement en live. Promesse tenue par Woodkid qui n’en oublie pas son EP, avec notamment le titre chaleureux Brooklyn. S’il chante admirablement bien sans différence avec l’enregistrement de l’album, ses musiciens magnifient chaque note et attirent aussi bien l’attention. Composée de deux percussionnistes, trois joueurs de cuivres, d’un pianiste et d’un musicien derrière des instruments peu communs, la scène change au rythme des sonorités et de la performance. Accentué par les vidéos hypnotisantes de l’écran géant et le jeu de lumière très bien orchestré. Une mise en scène sobre mais diablement efficace qui rend presque solennel un concert déjà plongé dans une ambiance à la limite parfois du religieux.
Quitte à créer de l’émotion, autant ne pas se priver et déclencher aussi de l’ivresse. C’est chose faite lorsque Woodkid met en place un son inédit et électro et invite tout le monde à sauter. Le morceau galvanise en un clin d’oeil la foule qui sans s’arrêter en redemande. L’artiste a le public dans sa poche et lui et ses musiciens profitent de chacun de ces moments. La barrière entre le Brooklynite et les Messins vient de tomber, chacun est plongé dans son univers et ne veux plus en repartir.
Lui non plus d’ailleurs. Après un rappel évident, Run Boy Run est joué et se révèle être efficace pour la danse. Impossible de résister face à ce tube comme lorsque I Love You était chanté, avec un hommage au public en point d’orgue. Il faut dire qu’il le lui rend bien. A la fin de Run Boy Run, il invite chacun à chanter l’air du morceau, pour ne plus s’arrêter…devant ses musiciens hilares et apparemment touchés par ce qu’ils sont en train de vivre. Woodkid lui-même semble rester sans voix face à l’amour que chacun lui renvoie. L’artiste lâche même « vous allez nous manquer » à un public plus que conquis. Véritable moment d’émotion partagé entre les nombreuses personnes rassemblées ce soir-là.
C’est avec toute son équipe sur scène et verres de champagne en main que le Français fait ses adieux au public messin. C’est une rencontre qui prend fin et qui voit une histoire se fermer pour en laisser une autre s’ouvrir. La BAM a réussi son défi pour ce premier gros concert. Les sourires sur les visages à la sortie de la salle en disent long. Les rafraîchissements proposés dans le hall permettent de se remettre des émotions à peine vécues et de continuer la soirée avec les ambiances en apesanteur et groovys des différents DJs. Se succédent Herr 2003, Okay Pulsation et David Rouby. Parfait pour relater ses meilleurs moments du concert sans perdre le rythme pour autant.
Les lumières de chaque fenêtre illuminent et enchantent les gens venus chercher un peu d’air frais à l’extérieur. La nuit est déjà tombée depuis longtemps et rend presque contemplatif ce bâtiment qui n’a pas encore tout dévoilé. Rendez-vous demain pour la suite du week-end inaugural de la BAM !
Article : Nathan Roux