Live Report : Johnny Hallyday – Galaxie d’Amnéville – 29 novembre 2012

Jeudi 29 novembre, notre Johnny Hallyday national a fait son show au Galaxie d’Amnéville… La rédac de Karma a essuyé les « je peux pas j’ai piscine » de tous ses rédacteurs avant de réussir à chopper la chroniqueuse qui courait le moins vite. Review d’une soirée en pays redneck.

Ça caillait sévère ce 29 novembre devant les portes du Galaxie, mais ce n’était pas le froid qui me faisait trembler. Soyons clairs : je ne déteste pas Johnny. Quelque part, ça doit être un bon gars qui veut faire sa musique et boire un petit coup, ordre aléatoire. Ce qui me fait peur, dans le monde de Johnny, ce sont les fans. Veste en jean ornée d’un aigle, tatouages têtes de… Euh ben, d’aigle, barbe en collier comme Johnnichou et surtout, l’amour. L’amour inconditionnel du fan au chanteur, ça peut être très beau. Mais les tentes Quechua décédées et l’odeur de saucisse devant les grilles du Galaxie me laissent entendre que pour un fan de Johnny, camper devant la salle depuis deux jours tient du passage obligé avant un concert. La roulotte de memorabilia qui trône là a déjà été bien pillée, t-shirts, boucles de ceinture et autres zippos écoulés par la foule en délire qui s’est déjà rassemblée dans la salle. Je verrais passer un ballot façon rue du far-west que ça ne m’étonnerait même pas. Reste à prendre une grande inspiration et entrer sans se faire griller sur mon statut de non-fan. S’ils ont embarqué le barbecue, ils peuvent bien stocker du goudron et des plumes quelque part.

Johnny Hallyday – Photo : Cédric Mathias

 

L’école des fans

La première partie est assurée par Toma, de la variété sympatoche qui n’est pas sans rappeler les regrettés Innocents. C’est frais, ça pétille, ça passe mieux qu’un énième Grégoire. Un coup d’œil jeté à la foule : certes, il y a une belle collection de mulets et de plus de cinquante ans, mais la salle n’est pas pleine à craquer, contrairement à ce que je pensais. Les couplets entraînants de Toma font plaisir au public, mais ça dodeline à peine de la tête. Trop occupés à discuter de l’éventuelle setlist et à débattre du meilleur morceau, les fans ne sont là que pour Johnny. Les fans se connaissent et se reconnaissent, les quelques sosies échangent des regards entendus : un concert de Johnny, c’est un peu comme une gigantesque réunion de famille chaleureuse et pleine de tapes dans le dos.

Toma – Photo : Cédric Mathias

L’attente longuette ne gêne personne (même pas moi, j’ai bouclé deux arènes Pokémon), le pré-show est plus que rodé. La scène vide ne fait qu’attiser les « Johnny, Johnny » scandés dans la salle avec une impatience démesurée. La femme à côté de moi a participé volontiers aux clameurs, ponctuées de quelques « ouh lala, mes tympons » avant de reprendre de plus belle sa mission de démolition de ses cordes vocales et de mes propres « tympons ».

Légère angoisse en voyant l’heure. Je suis si inquiète de l’éventuel décès sur scène du chanteur (ben quoi ? il est plus tout jeune) que je développe une sorte de culpabilité superstitieuse par avance, au cas où le rocker serait vraiment occupé à rendre l’âme dans sa loge. Mais personne n’a l’air de s’en soucier et quand les lumières s’éteignent, l’ambiance vire de l’impatience au match de la coupe du monde. On se croirait dans un stade de foot. Un crâne ailé façon Ghost Rider apparaît sur le fond de la scène, des lumières rouges balayent le public. Un caisson cryogénique apparaît et Johnny en sort, silhouette découpée sur fond de neige carbonique. Bon, c’était peut-être pas un caisson cryogénique, mais ç’aurait pas été dénué de toute logique.

Johnny Hallyday – Photo : Cédric Mathias

Ah que coucou

Johnny est là, ça commence à hurler et à pleurer de tous les côtés. Débordée par les évènements, j’évite une dame qui grimpe sur mon gradin pour descendre vers la fosse et tente de garder mon attention sur le vieux. Mais pour être honnête, il tient encore bien debout, même très très bien. Devant son décor kitsch à mourir, flammes et Harley Davidsons, Johnny nous sort un Allumer le feu sans rechigner à swinguer des genoux et du pied de micro. L’enthousiasme général se manifeste davantage au niveau des « c’est génial ! », des « il est là ! » et des larmes que de la bougeotte. Mais le public n’est plus tout jeune non plus, je ne m’attendais pas à voir un pogo pendant Ma gueule. Toujours est-il qu’enthousiasme il y a. Et tout est fait pour ! Des effets de lumière à la scène arrangée en étages, Johnny Hallyday en concert, c’est un vrai spectacle à l’américaine. Le spot dramatique qui tombe sur lui pendant les moments émotion, les choristes black en robes lamées, la superproduction est parfaite. On sent un peu la fatigue du chanteur en milieu de concert, à force de se rouler par terre, mais on est loin de Bob Dylan qui décédait lentement sur la même scène, il y a quelques années. Le Johnny lance volontiers son blabla à la foule, lui sourit et semble apprécier l’exercice. Il y a même de la larmichette quand le public reprend le refrain de Oh Marie.

Johnny Hallyday – Photo : Cédric Mathias

Public qui reste en transe pendant tout le concert, tremblant d’une émotion qui me laisse encore un peu perplexe. Un type derrière moi confie que c’est son vingtième concert de Johnny Hallyday aujourd’hui. Ca pleure encore. Même si je suis loin de me sentir à l’aise au milieu de presque 10 000 personnes qui vénèrent le rockeur, il y a un mini-plaisir à reconnaître les chansons pendant leur intro. Quelque chose de Tennessee, L’idole des jeunes, Que je t’aime… Ca reste de la culture générale, du « patrimoine français », et aucun reproche n’aurait pu être fait à la qualité du chant et de l’instru. Les musiciens étaient excellents, particulièrement Greg Zlap qui redore le blason de l’harmonica et son statut d’instrument à part entière.

Johnny Hallyday – Photo : Cédric Mathias

Cet article étant particulièrement long, vous allez croire que j’ai réussi à apprécier un concert de Johnny. Objectivement, je n’ai pas grand-chose à reprocher à ce spectacle : fignolé en mode Las Vegas, poncé et doré aux paillettes, c’est un pur produit qui ravira les fans. Mais je dois avouer que j’ai filé avant la fin, parce que Johnny, c’est pas ma came. Tous les regards alentour se sont rivés sur moi quand j’ai levé mes fesses, et j’ai dû feindre le trop plein d’émotions et la syncope pour qu’on me laisse partir, non sans m’avoir câlinée avant. Infiltration réussie.

Article : Marine Pellarin

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