Du 29 mai au 31 mai s’est tenue la 10e édition du festival Saveurs Culturelles du Monde au Casino 2000 de Mondorf-Les-Bains. Un festival haut en couleur qui a su se sublimer à l’aide d’une programmation musicale de qualité.
Nous avons choisi de nous attarder sur le vendredi 30 mai, accueillant sept formations musicales : Agnès Guipont, Jacques Stotzem, Pascal Danel, Juliane Chleide, Cats on Trees, Mizzie et Tina Turner by Nutbush.
Le festival a lieu à l’intérieur du Casino 2000 de Mondorf-Les-Bains. Le village des saveurs est installé du hall d’accueil à l’entrée de la grande salle où se déroulent tous les concerts. On peut notamment y trouver un stand Gibson avec quelques guitares de grands qui ont marqué l’histoire de la musique, mais aussi le luthier Belliot Guitare, le disquaire luxembourgeois le Réservoir ainsi qu’une exposition et de la peinture en direct de l’artiste Joël Rollinger.
Quatre scènes ont été installées pour l’occasion : une dans le village et trois autres plus ou moins grandes dans la salle de spectacle.
Trois artistes régionaux se produisent en boucle tout au long de la soirée sur la scène du village. Il s’agit du guitariste Jean-Claude Mayères, de la chanteuse à la voix cassée Amélie Lambillon et du guitariste chanteur John Efka. Cette configuration de jeu en boucle n’est pas réellement une riche idée, si on s’attarde trop dans le secteur, il est facile d’entendre plusieurs fois la même chose. Et tant il m’est agréable d’écouter les chansons et l’univers de John Efka ou la guitare de Jean Claude Mayères, les reprises à la sauce massacre d’Amélie Lambillon auront eu le mérite de me couper l’envie d’aller m’attarder à l’espace boissons.
Les autres artistes se produisent à l’intérieur de la grande salle dans un agencement plutôt étonnant. La grande salle étant séparée en deux espaces, dans son entrée sont disposées deux scènes face à face. Le plus grand espace étant réservé à la scène principale, destinée à accueillir les têtes d’affiche. Choses surprenante, des chaises sont placées devant chaque scène, le public est incité à contempler le spectacle assis.
Après un accueil chaleureux de la part de l’organisation et un tour rapide sur les stands, 18h arrive rapidement, et il est temps pour nous d’aller écouter les premières notes des lives de la soirée. La première à faire son entrée sur scène est Agnès Guipont. Francophone vivant à Berlin, elle a obtenu sa programmation ce soir en montant sur la seconde marche du podium du concours Purple Idols en janvier. Amoureuse de la poésie, elle aime en écrire comme en chanter autour d’un piano.
Agnès réinterprète les chansons et textes de Léo Ferré. Issue d’une formation au chant lyrique, elle fait varier les tonalités de sa voix comme celles de son piano. Dans une ambiance intimiste, la jeune berlinoise nous transporte dans un univers poétique vibrant d’amour, de rencontres, d’émotions et de mort.
Parmi son court set de sept chansons, on retrouve malgré tout quelques monuments tels que Jolie Môme et C’est extra, mais aussi La mort des amants inspirée d’un poème de Charles Baudelaire, dont l’artiste n’hésite pas à donner son interprétation personnelle.
Cette prestation n’est certainement pas au goût de tous, pourtant, moi qui restait sceptique à l’idée de reprises de Ferré par une chanteuse lyrique, je dois avouer être surprise des variations et de la qualité offerte ici.
Vient ensuite le tour du guitariste belge Jacques Stotzem, expert dans le jeu au doigt. Il a sorti 13 albums depuis 1991. Fort de nombreuses tournées à travers le monde et d’un titre « d’artiste belge de l’année » en 2009, il réalise actuellement une tournée intimiste.
Accompagné de sa guitare électro-acoustique, Jacques annonce rapidement la couleur, déclarant rapidement et avec humour qu’au grand bonheur de nos oreilles il ne chantera pas et laissera sa guitare s’exprimer seule. Il enchaine des morceaux aux sonorités blues, folk, jazz, pop et rock. Ce soir, il met en avant des reprises issues de ses albums Catch the spirit I et II. On peut notamment reconnaître With or Without You de U2, Tattoo’d Lady de Rory Gallagher mais aussi Honky Tonk Women des Rolling Stones. Le morceau le plus marquant restera Jungle, une très belle démonstration technique des possibilités offertes par une guitare !
Jacques prend régulièrement le temps de discuter avec le public entre les morceaux : « J’ai l’impression que vous avec envie d’un boogie, non ? Ça tombe bien j’allais vous en jouer un ! » – enchainant avec Mercury Blues de K.C. Douglas.
Le set n’est pas finit qu’un monde fou se met à affluer en direction de la scène principale afin d’être au premier rang pour accueillir Pascal Danel.
Celui-ci n’est autre que l’interprète d’un des titres de légendes de la chanson française : Les neiges du Kilimandjaro. Ce soir il n’est pas là pour interpréter ses propres hits, mais ceux de son défunt ami Gilbert Bécaud.
Très professionnel, Danel sait comment faire pour emmener le public dans son élan et réussit à lui faire chanter les refrains des chansons qui ont animé nombre de nos trajets familiaux en voiture. Certains spectateurs s’affranchissent de leurs sièges pour se mettre à danser.
Entre les morceaux, l’artiste prend systématiquement le temps d’envoyer quelques baisers et de faire quelques signes en direction du public. Une démarche si artificielle, qu’elle n’en a plus rien de gratifiant, l’artiste sait définitivement se vendre.
Le set suit son court pendant plus d’une heure, quelques titres personnels sont introduits à la prestation, jusqu’au final en apothéose avec Les neiges du Kilimandjaro et un public qui en redemande vivement. Le chanteur fait son retour sur les planches pour un rappel avant de donner rendez-vous à ses fans au stand de merchandising / dédicaces.
Pour le prochain concert, la machine à voyager dans le temps nous propulse à nouveau en 2014. La prochaine artiste à monter sur scène n’a que 24 ans et a été révélée par l’édition belge de « The Voice », elle se nomme Juliane Chleide.
La jeune chanteuse n’a à son actif qu’un EP de 5 titres. On peut donc douter de la durée du set. En définitive, la prestation s’enrichit de reprises telles que Ho Hey des Lumineers mais aussi One Day d’Asaf Avidan.
Accompagnée de Guillaume à la guitare, Juliane interprète les titres issus de son EP, tels que Corps à corps ou Copié-collé ; des compositions en français ayant beaucoup trait d’amour. Plutôt à l’aise et souriante sur scène, elle demande à ce que la salle soit allumée afin de voir le public et faire plus ample connaissance.
Une belle prestation, qui manque cependant encore de compositions variées.
Vient à présent le moment que j’attends le plus de la soirée, le live de Cats On Trees.
J’avais eu la chance de les voir lors de leur passage l’an dernier au festival Zikametz, à l’époque où seul leur single Sirens call était sorti. L’album et la reconnaissance qui ont suivi ne faisaient que se dessiner au loin pour le duo toulousain. Leur live m’avait déjà énormément plu à l’époque, et l’annonce d’un set retravaillé dans l’interview que nous a accordé Yohan il y’a peu n’a fait que gonfler ma hâte.
La scénographie a effectivement changé. On retrouve toujours au centre la batterie de Yohan et le piano de Nina, mais sont venus se rajouter deux grosses caisses de chaque côté des deux musiciens, ainsi qu’un ensemble de structures à LED reprenant le logo du groupe en face et fond de scène. Pourtant, le début du set reste sobre comme à leur habitude. Il faut attendre l’interprétation de Sirens call pour qu’un feu de lumières n’envahisse la scène. Les structures à LED ainsi que les instruments scintillent de mille et une couleurs et ne s’arrêtent qu’entre les morceaux.
En plus des chansons de leur album éponyme, les deux artistes ont intégré à leur set une reprise du tube 80’s Mad Word de Tear for fears ainsi qu’un retour à 2013 avec Love you like a love song de Selena Gomez & The Scene.
Bonus non négligeable, le groupe nous gratifie d’un nouveau titre « ouh ouh », sur lequel nous sommes invités à chanter en suivant une phrase musicale simple enseignée au préalable par Nina dans la plus pure bonne humeur. L’expérience est un succès et occasionne quelques rires, sur scène comme dans la salle.
Alors que vient l’heure pour le set de se terminer, le duo quitte ses instruments pour venir saluer le public une dernière fois. Mais poussés par les applaudissements, le groupe entame alors une conversation, loin des micros, menant pour finir à un retour derrière les futs et le clavier pour un autre inédit, en français : Les bateaux.
Le groupe a acquis en un an une réelle stature de tête d’affiche. De la scénographie à l’interprétation des titres, la renommée et le statut de révélation ne sont pas usurpés tant le travail abattu par le duo à force de passion est considérable.
Place à présent à un groupe atypique sur l’une des scènes secondaires, c’est au tour de Mizzie de montrer son savoir-faire.
Ce groupe sarrois composé de Martina Gross, compositeur et interprète, d’Andreas Heinen à la guitare, de Christian Waap à la basse et de Stevie Müller à la batterie nous offre un univers totalement différent ; leur pari fou est de reprendre des grands succès internationaux en platt.
La chanteuse se contraint à l’exercice d’expliquer en français ces chansons, qui pour la plupart du temps parlent de séparation ou de rencontre entre un homme et une femme. Nous pouvons reconnaître Someone like you d’Adele, mais aussi I shot the Sherif de Bob Marley ou encore House of the rising sun d’Animals.
Malheureusement, entre la rencontre (autographes + photos) avec Cats on Trees à la sortie de la salle et cet univers des plus étonnant, le public a fait son choix ; même si ce pari plutôt audacieux est réussi avec la manière.
Place maintenant au dernier concert de la soirée : Tina Turner by Nutbush. Le groupe est issu d’une rencontre Liègeoise entre un chanteur de reprises de Mick Jagger et une chanteuse de reprises de Tina Turner. Ce projet musical vise à rendre hommage à ces deux univers.
Difficile pour moi d’accrocher au projet, tant il sort d’un autre univers. Les quelques musiciens jouent leur rôle correctement, deux danseurs viennent apporter du dynamisme en avant-scène, autour d’une femme qui a peut-être passé l’âge d’être habillée si court et pour les gestuelles bien trop osées qu’elle offre au public. Ce déballage déplacé me fait bien vite oublier la musique et me pousse doucement vers la sortie.
Cette soirée aura eu le mérite de nous proposer un éventail musical de qualité dans un programme intergénérationnel. C’est les oreilles comblées que nous quittons la salle, des refrains plein la tête.
Les artistes s’étant produits sur les scènes secondaires prenaient tous part à un tremplin où jury et public avaient leur mot à dire, nous n’avons ce soir pu voir qu’une partie des participants mais voici les lauréats :
- Prix du jury: MeLL
- Prix du public: Juliane Chleide
- Prix MAI: Jeneli
- Prix Francofolie: MeLL
- Prix Aralunaires: MeLL
- Prix radio sarroise: Agnes Guipont
Vous pouvez en apprendre plus à cette adresse: http://magazine-karma.fr/media/festival-saveurs-culturelles-du-monde-le-grands-gagnants/
Texte : Sophie Grivel
Photos : Matthieu Henkinet