Live Report : Festival Rock en Seine 2013 – Jour 3 (25 aout 2013)

Sur les terres de Rock en Seine pour la deuxième année consécutive, le Magazine Karma a été s’encanailler sur le domaine national de Saint Cloud pour vous ramener les derniers rayons de soleil de l’ultime festival estival, qui se tenait cette année du 23 au 25 aout.

Troisième journée, le temps a déjà commencé à virer à l’automne. Fin de journée pluvieuse, Mat Bastard réalise un show explosif comme à son accoutumée avec les Lillois de Skip The Use. Les Bloody Beetroots, quant à eux, déversent des torrents d’électro à la face des festivaliers encore debout, dans un océan de tendresse et d’énergie pure.

Major Lazer assure aussi un concert vivant et rythmé, sur la scène de la Cascade, tant visuellement que d’un point de vue sonore. On finit les amuse bouches avec un concert de Chvrches sur la scène pression live, décidément peu avare dans la découverte de talents. Encore des Écossais pour un trio dont la chanteuse n’a guère plus de 25 ans. De la classe, des chansons agréables à l’oreille et déjà un public venu spécifiquement pour les voir en font une valeur que l‘on retrouvera certainement ces prochaines années.

Vient enfin le grand moment, l’heure du rassemblement sur la grande scène pour l’assaut final. Les Américains de System Of A Down font leur grand retour en Europe, signant également une des rares réapparitions du groupe. Pour beaucoup, il s’agit de replonger plus de dix ans en arrière, à l’époque où Toxicity sortait d’un chapeau tel une bombe (2001 déjà), suivi à peine un an plus tard par le sur-médiatisé Steal this Album ! présent chez bon nombre d’adolescents. Le double album Mezmerize et Hypnotize sorti en 2005 achevait la très courte discographie du groupe, qui n’avait sorti au préalable quun disque éponyme en 1998 (où figurent quelques succès comme Suite-Pee, Sugar, Spiders, bref S…omething quoi). Après plusieurs (longues) années d’absence et quelques escapades solo de Serj Tankian le chanteur et Daron Malakian le guitariste, revoilà le quatuor américano-arménien, à la formation inchangée depuis 1997 (seul un batteur avait cédé sa place depuis la formation originelle de 1994). Le concert débute sur un parfait Aerials, l’intro de la basse et l’arrivée progressive des différents instruments laissant planer une solide odeur de souffre. Vêtus de vestes et chemises, le duo guitare-chant semble assagi, policé par les années. Seul Shavo Odadjian conserve un look très nu-metal, baggy, chasuble et casquette sur la tête. C’est également le seul à bouger sur la scène. Avec modération.

Stupeur. Le groupe a évidemment vieilli. Bien plus que ce que l’on pouvait laisser présager. Serj Tankian n’est pas toujours très précis dans ses lignes de voix et Daron Malakian, au visage arrondi comme un poupin, parvient difficilement à tenir ses grunts et hurlements. Heureusement, les instruments ne pâtissent pas du même vieillissement prématuré. Visuellement, très peu de scénographie pour raccommoder l’ensemble.

Sur Suite Pee, Serj Tankian se contente d’agiter le bras lorsque le rythme s’emballe. Pourtant le son est énorme. Le décalage est immense entre le souvenir auditif et le désenchantement visuel. La foule semble cependant y trouver son compte, la setlist étant toutefois très bien conçue avec des titres provenant de toutes les époques. Après avoir fait le deuil d’un Psycho qui ne redeviendrait jamais aussi fou qu’à ses origines et amputé de son solo, on se contentera d’un Toxicity classique, ponctué de quelques circle pit réclamés par le groupe. On file enfin sur les dernières notes de Sugar, déçu. Mention spéciale cependant au batteur, John Dolmayan, qui semble être le seul à ne pas avoir perdu sa dose complète d’énergie !

Certaines gloires ne sont pas éternelles et devraient rester au rang des souvenirs, parfois. On se surprendra d’autant plus à voir l’énergie débordante de groupes tels Iron Maiden à l’âge bien plus avancé que le quatuor de SOAD continuer à courir et enchaîner les dates avant autant de mordant. Peut-être la victoire de l’Angleterre sur sa voisine américaine !

Article : Ugo Schimizzi

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