Live Report – Festival Musiques Hors Format – Jour 4 (1er juillet 2012)

Live Report – Festival Musiques Hors Format – Jour 4 (1er juillet 2012)

Cela fait maintenant deux jours que la place de la République de Metz est agitée de rythmes éclectiques et survitaminés : il s’agit pour les artistes du dimanche de clôturer en beauté ce week-end de fêtes et de concerts. En l’occurrence, la programmation du jour du Festival Musiques Hors Format ne pouvait que remplir ce programme attendu, avec trois groupes hors formats, autant dans l’attitude que dans le style musical proposé.

Les Fils de Teuhpu

Les Fils de Teuhpu - Photo : Laura-Maï Gaveriaux

L’après-midi débute par un set aussi explosif que barré, proposé par les fameux Fils de Teuhpu. Ce groupe bien connu des inconditionnels du ska-punk – et qui se présente comme une fanfare ska – joue sur le côté bricoleur et décalé, de chansons gouailleuses en jeux de mots décalés, avec un potentiel comique jamais lourd et toujours bon enfant. Les histoires rocambolesques qui émaillent les chansons sont portées par des personnalités assez théâtralisées, tandis que l’ingéniosité des instrumentations résonne comme une revendication de légèreté autant que d’aisance musicale (car il en faut certainement pour faire sonner objets improbables, bouts de ficelles et onomatopées). On navigue entre chanson française déglinguée, punk bricolo et dub distordu, dans une ambiance familiale et ensoleillée. Le ton de la bonne humeur est donné pour l’après-midi.

 

Voodoo Clan

Voodoo Clan - Photo : Laura-Maï Gaveriaux

Arrivent ensuite le Voodoo Clan : trois jeunes artistes débraillés et sautillants débarquent sur scène avec samplers, chapeaux de jonglage et instruments divers… on voit que parmi le public,  un noyau de fans inconditionnels est là pour chauffer le groupe, ce qui est toujours bon signe car cela laisse entendre que la formation est réputée pour la qualité de ses sets. Ce qui ne tarde pas à être confirmé : commencé par un son plutôt folk-rock alternatif, l’intermède de jonglage sera immédiatement enchaîné par un moment de hip-hop craché dans le micro avec autant de fraîcheur que de tripes. L’intérêt de la formule est aussi que le groupe est capable de faire cohabiter sonorités acoustiques, électriques et purement électroniques : ce qui donne un set festif, éclectique, mais aussi inventif, et doté d’une véritable singularité. Ceux qui ne les connaissaient pas ont l’occasion de comprendre que le Voodoo Clan est l’émanation d’un collectif d’artistes global, lequel propose tout à la fois de l’art graphique, de l’écrit, du spectacle vivant et de la musique donc, pour le plus grand plaisir des Messins venus terminer le week-end en leur compagnie. Comme dans tout festival, les horaires de passage se doivent d’être tenus, c’est pourquoi le groupe s’arrête de jouer sur le timing prévu… mais les joyeux compagnons ont alors l’idée très bienvenue de sauter par dessus la barrière de scène pour aller terminer son set au milieu du public, pendant que les techniciens changent le plateau pour le groupe suivant. Généreux, sans façon, décalé, ce dernier tour de piste est à l’image de ce que le groupe nous aura fait découvrir pendant un peu plus d’une heure de joie musicale et visuelle.

 

Yom and the Wonder Rabbis

Yom and the Wonder Rabbis - Photo : Laura-Maï Gaveriaux

Enfin, à un peu plus de 18h arrive sur scène un groupe assez connu des amateurs de klezmer et de world alternative, Yom and the wonder Rabbis, notre coup de cœur du festival. Le leader et clarinettiste, Yom, propose ce qu’il nomme lui même une musique de klezmer post-disco, ou que nous pourrions aussi nommer klezmer trance pogressive… le niveau est très haut, l’éclate est totale. Proposant un univers décalé et assez millimétré (Yom se présente sur la pochette de l’album en fantasme dessiné de super-héros ultra musclé), on a le plaisir de découvrir un excellent joueur de clarinette, porté par une batterie ultra rock (sonnant volontairement comme une boucle électro quasi automatisée), un bassiste méchamment funk au slap aussi groovy que brutal, et un ensemble de boucles électro-trance très bien calibrées… pour un set uniquement musical, sans paroles, l’heure et demie passe sans même y penser, Yom donnant toute son énergie en jouant et dansant (quand il ne joue pas). C’est mélodique et sautillant… Il nous a confié, à la fin du concert, alors qu’il signait des disques pour ses fans, que son objectif, pour un set de jour et dans un festival comme celui-là, était de faire en sorte que le pied tape, au minimum, pendant la durée du show… objectif atteint et même bien plus.

 

L’impression laissée par cette dernière journée de Musiques hors format est que le titre, pour commencer, fut extrêmement bien trouvé. Tous les groupes que nous avons entendus cet après-midi (et les jours précédents) sont effectivement singuliers, inclassables. Ensuite, nous avons eu plaisir à entendre des partis pris musicaux aussi radicaux que sérieux : la déconne n’empêche pas la maîtrise voir, la maestria technique. Et c’est cela, peut-être, qui est au fond vraiment rock’n’roll. Enfin, une évidente joie de vivre et de jouer, qui fait que la mairie de Metz pourra se satisfaire d’avoir réussi à faire venir le public un dimanche après-midi à quelques heures d’une finale de l’Euro. Dans l’ensemble, cette première édition de Musiques hors format est un pari réussi et laisse présager de formidables éditions à venir. Nous y serons et si vous ne pouvez pas y être , comptez sur nous pour vous le faire vivre sur nos pages.

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