Live Report – Festival Musiques Hors Format – Jour 1 (28 juin 2012)

La Ville de Metz et l’établissement public Metz en Scènes présentent la première édition du festival Musiques Hors Format, dédié aux musiques actuelles d’ici et d’ailleurs. Cet événement préfigure l’arrivée de la BAM (Boîte à Musiques), la future salle de musiques actuelles à Metz qui ouvrira à l’automne 2013 dans le quartier de Borny.

En ce jeudi 28 juin,  la soirée Warm up prend place aux Trinitaires, venant préchauffer les esprits avant le lancement de ce nouveau festival.
20h30 : un homme accompagné d’une guitare s’installe sur une chaise en avant scène. Il s’agit de Matt Elliott. Il entame son concert, d’une voix douce et grave. Dans une atmosphère très calme les personnes arrivent et se rapprochent doucement de l’artiste. Matt Elliott, les yeux fermés, nous emmène dans son univers fragile, à fleur de peau. On se laisse très facilement captiver par cette musique, dont les notes et les accords sont inspirés des musiques traditionnelles d’Europe de l’Est.

Matt Elliott – Photo : Samantha Rodriguez

Les textes eux nous plongent dans une profonde mélancolie. Mais Matt Elliott ne raconte pas sa tristesse, c’est chaque individu qui écoute ses paroles qui est plongé dans une spirale nostalgique et à la fois de profonde quiétude. Matt Elliott a le pouvoir de toucher les personnes présentent ce soir de façons différentes, par le biais d’une même mélodie.

Pour monter en puissance, il siffle, longuement, duplique ce son pour créer une ambiance de fond. Par dessus, il enregistre sa propre voix, disant toujours la même phrase, mais dans des intonations différentes. Tantôt avec sa voix grave et suave, tantôt avec une voix puissante et éraillée.
Seulement deux titres seront joués, très longs. Mais le public ne semble pas lassé de ce format particulier, la simplicité de l’artiste étant envoutante. Les procédés utilisés par le musicien sont efficaces, et je ne vais pas vous cacher que Matt Elliott a été incontestablement mon coup de cœur de cette soirée.

L’ambiance sera ensuite radicalement différente. A la suite de Matt Elliott, s’enchaînent trois artistes derrière leur consoles, pour des sons aux tendances electro, spécifiques à chacun.
On commence par  Louis Warynski également connu pour son (célèbre !) projet du Chapelier Fou. Il s’installe derrière sa console, l’air timide. Le public se plonge dans un silence profond. Muni de son clavier, il entame ses premières notes, avec une rapidité étonnante. Sa musique le plonge dans une transe. Comme tous les autres artistes de la soirée, il enregistre ses sons armé d’objets, d’un violon ou d’un xylophone, afin de les reproduire et les dupliquer à volonté. Il enchaîne les variations de rythmes, les jeux de sonorités et les styles. La scène elle-même se plonge dans une ambiance psychédélique. Les jeux de lumières s’accélèrent, se déploient dans tout l’espace. Les photographes (dont moi-même) ont vite abandonné l’idée de prendre l’ami Louis en photo.
On enchaîne avec Backer, dont le style reste proche du précédent, mais mixant ses créations sur scène. Les sonorités proposées par l’artiste rendent le public plus réceptif. Et on comprend vite que son truc à lui, c’est de faire vibrer. Car oui j’ai vibré, tout mon corps à vibré, les basses ont complètement retourné mon cerveau, je n’arrivais plus à penser ! Ce mec vous chamboule l’esprit et vous embarque dans son univers, vous ne pouvez pas lutter.

Manyfingers – Photo : Samantha Rodriguez

Vers 22h10 arrive Manyfingers. Même procédé mais axé cette fois-ci autour de la batterie, sous toutes ses formes. Il cogne dessus avec divers objets, avec des rythmes enregistrés, en canon. Il se sert même du micro placé au dessus de sa batterie pour enregistrer ses sons de trompette, qu’il va déformer par la suite via son ordinateur. Ambiance un peu étrange, mais totalement intéressante. Manyfingers fini par une musique qui se coupe nette. Fin du concert ? Non.

Third Eye Foundation – Photo : Samantha Rodriguez

 

Enfin, l’ensemble des artistes revient sous le nom de Third Eye Foundation. Les quatre univers se marient à la perfection. Les notes de violon et de clavier de Louis Warynski apportent la poésie. La batterie de Manyfingers installe les différents rythmes. Les duplications de voix de Matt Elliott rajoutent le « chanté-parlé » de la prestation. Le tout décuplé par les fortes vibrations de Backer.
Ainsi, tout monte finement en puissance. Le public est immergé doucement dans cette osmose créée par les quatre protagonistes. Puis on se rend compte que la puissance atteint des plafonds étonnants. Les notes produites par chacun s’enchaînent dans une frénésie qui va durer plus d’une heure. Tout s’emballe, s’accélère, se bouscule, crise d’épilepsie auditive vous dites ? Et pourtant rien ne déraille, tout reste parfaitement à sa place. On peut dire que ces quatre mecs ensemble sont prodigieux.
Le public applaudit ce feu d’artifice de sonorités et son majestueux bouquet final.
Ce soir les caissons de basses ont été largement dépoussiérés. A demain pour le deuxième live report du Festival Musiques Hors Format !

Article : Samantha Rodriguez

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