Live report : Ez3kiel – Pégase – La Cigale – MaMA 2014

La Cigale accueillait ce 17 octobre 2014 un des concerts de clôture de la grande messe des musiques actuelles : le MaMA. L’occasion pour cette édition 2014 d’accueillir le nouveau show dantesque des Tourangeaux d’Ez3kiel, époustouflant !

En préambule de cette tête d’affiche de choix, deux groupes se succédaient. Tout d’abord, les Shady Brothers, venus tout droits des Caraïbes que nous avons malheureusement loupé, leur concert programmé dès 19h n’ayant pas tout à fait plu à notre charge de travail du vendredi. Puis les cinq Français de Pégase, tous sourires, investissent la scène pour 45 minutes de rêveries musicales.

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Malgré ce qui ressemble du fond de la salle semi-garnie à une apparition juvénile, le quintet navigue déjà dans les eaux sonores depuis plusieurs années, avec même un certain succès pour son fondateur Raphaël d’Hervez. Ancien de la formation nantaise Minitel Rose, il est aussi le fondateur du label Futur Records, également DJ à ses heures perdues. La prise de parole à la Cigale est un peu hésitante, pleine de fraîcheur voir presque de candeur.

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Mais qu’on ne s’y trompe pas. Derrière, les musiciens sont réglés au diapason (pardon…) et produisent une musique pop/électro envoûtante, bien construite même si les compositions manquent encore d’une véritable innovation par rapport à leurs petits camarades sur le même créneau. Toutefois, l’énergie déployée est communicative, les morceaux réellement bien ficelés et quelques nappes de synthé ou de guitare achèvent de donner envie à l’esprit d’aller voyager par monts et par vaux. Un bel objet prometteur que Pégase, qui risque bien de faire parler de lui très très rapidement.

Quand Ez3kiel arrive sur scène, avec une précision millimétrée niveau timing (21h30 et à peine une minute de plus), la foule, alors bien plus compacte, n’a pu s’empêcher de remarquer un étrange dispositif placé en fond de scène. Un mur de lampes, impressionnant autant qu’impassible à ce moment du concert.  Pendant une heure, les trois musiciens vont dérouler un extrait bien trop court de leur nouveau spectacle, accompagnant la sortie le 10 novembre prochain de leur nouvel album, très justement baptisé L.U.X.

Quelques mots s’imposent sur ce dispositif scénique, imaginé par Arnaud Doucet et Yann Nguema, tant l’imagination doucement délirante de ce projet fait du dispositif le quatrième membre à part entière en live. Le « magic-screen », tel qu’il a pu être baptisé est composé de 48 projecteurs Magicpanel disposés sous forme d’écran en 4×12 projecteurs. Un media server, développé pour l’occasion, permet le contrôle de cet écran lumineux, mais également deux sources laser et se propose aussi de gérer des projections vidéo. Inutile de préciser qu’une telle mise en place va bien au-delà d’un spectacle classique, autour d’une « simple » console lumière. Aux manettes, deux ingénieurs lumière justement, sur le pont à chaque instant.

Le résultat est simplement magique. On ne s’étonne pas d’entendre quelqu’un hurler au bout du premier morceau « c’est trop beau ». Car, oui, tout bêtement, ce sont les premières pensées qui s’installent à l’esprit. Pendant ce temps, Ez3kiel déroule avec ses 21 ans d’existence tout le savoir musical qu’ils ont pu se forger, plongeant l’auditoire fasciné dans une rêverie fantasmagorique, nourrie par les changements de lumière, les nuances colorées et l’emploi de lasers toujours justifiés. Plusieurs morceaux de L.U.X sont proposés à l’auditoire, dont le très marquant Death in Valhalla, certainement le meilleur morceau de l’album.

Rarement un concert a pu atteindre un tel paroxysme, tant la cohésion entre le son et la lumière est ici majestueusement appliquée, chaque crescendo des instruments étant combiné avec un nouvel effet lumineux étincelant, hallucinant de maîtrise et d’exactitude. Mieux, bien que le spectacle demande une précision dantesque et une concentration extrême de toute l’équipe, le dispositif semble permis dans des configurations réduites et des salles de l’ampleur de la Cigale, là où des shows « équivalents » en termes d’effets demanderaient l’accès à un Stade de France et quelques centaines de milliers d’euros de budget en plus.

C’est donc un véritable tour de force que propose l’équipe d’Ez3kiel, comme ils ont pu nous en parler en interview (à lire très rapidement sur Karma). Sans jamais se départir de leurs qualités musicales, les artistes ont réussi à créer un véritable spectacle autour de ce nouvel album, laissant entrevoir mille possibilités sur un show de plus longue durée ou dans le cadre d’un mapping comme s’est plu à le proposer récemment Yann Nguema au château de Candé. On en redemande !

Article et photos : Ugo Schimizzi

A noter que le groupe sera présent à l’Autre Canal à Nancy le 26 novembre prochain, ainsi qu’au Bataclan à Paris le 9 décembre.

 

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