Live Report – Erik Truffaz, Enki Bilal & Murcof – L’Arsenal – 8 février 2014

En ce samedi 8 février 2014, une nouvelle expérience m’est proposée : l’alliance de l’art si connu d’Enki Bilal et la musique d’Eric Truffaz. En effet, Being Human Being est le résultat de la collaboration entre ces deux grands artistes associés à  Philippe « Pipon » Garcia aux percussions/batterie et de Murcof pour l’accompagnement électro. Moi qui suis plutôt un habitué des scènes rock, punk et métal, le jazz est un univers que je commence à peine à explorer. Après l’interview et le shooting de l’après-midi, place au concert à l’Arsenal de Metz.

Le quatuor nous propose pendant une heure et demie un film monté par Enki Bilal à partir de nombre de ses peintures et de ses dessins, non pas issus d’Animal’Z comme il a tenu à le rappeler, qu’il a filmé de manière dynamique pour donner une impression de mouvement au spectateur comme si celui-ci se déplaçait dans un monde tout droit issu de sa vision. C’est celle-ci, ainsi que celle de notre humanité que Bilal a voulu mettre en scène. Il explore notamment notre tendance à l’autodestruction par une surconsommation de plus en plus extrême, égocentrique, au détriment de la survie de notre monde.

C’est un sujet qui lui tient à cœur et qu’il reprendra à nouveau dans ses futurs projets dont une adaptation du livre d’Alan Weisman : Homo Disparitus, parlant justement de cette problématique de la survie de l’Homme.

La séquence vidéo est donc une compilation de scènes évoquant un monde futuriste, gris, par une mosaïque comprenant de l’amour, du sexe, mais aussi de la violence, de la destruction mêlant humains, personnages zoomorphes qui peu à peu sont de plus en plus difficiles à distinguer, voire s’entremêlent avec la question logique qui accompagne tout cela : Qu’est-ce qu’être humain ? Sommes nous réellement différenciés de l’animal ? Et si finalement l’animal n’était pas celui que l’on croyait ? L’humain n’est-il pas la seule espèce qui détruit son milieu ?

C’est donc sur un patchwork d’émotions et d’actes, une succession d’amour et de violence, d’espoir et de désespoir, de passion et de haine, que les musiciens ont créé une atmosphère intense, sombre qui accompagne le débit ininterrompu d’images. Philippe « Pipon » Garcia se meut avec maestria sur sa batterie, tirant de chaque centimètre de peau, de bois et métal des sons venus de nulle part qui rythment la scène.

Truffaz met en volume avec sa trompette les émotions que les protagonistes des œuvres de Bilal font naître chez le spectateur et Murcof, par ses sons électroniques, met le tout dans une bulle de sensations. Pas un bruit dans la salle ne vient d’ailleurs troubler la concentration du public et chacun peut se plonger en son for intérieur et ainsi digérer ce qu’il voit, entend, ressent jusqu’à la dernière note après laquelle le public applaudit le quatuor.

Une petite surprise vient couronner cette belle journée avec une séance de dédicace de Bilal. Chacun reçoit avec son dessin, un petit mot et le sourire.

Article & Photos : Cédric Mathias

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