Live Report – Charlie Winston – Nancy Jazz Pulsations 2012

Live Report – Charlie Winston – Nancy Jazz Pulsations 2012

Depuis 39 ans, le festival Nancy Jazz Pulsations offre à la population nancéienne  et plus globalement à la Lorraine, la possibilité d’assister à des concerts en salles (salle Poirel, l’Autre Canal) ou dans des lieux plus inhabituels (le Chapiteau de la Pépinière) à des prix plutôt abordables. Proposant une programmation aussi diverse que variée, le NJP, comme on l’appelle, est une occasion rêvée de découvrir quelques-uns des artistes qui font la richesse du paysage musical actuel. Et ce soir, je dois bien avouer que cette mission est remplie.

Arrivé à dix minutes à peine du levé de rideau, c’est quasiment sans encombre que j’obtiens mon sésame et entre dans l’immense chapiteau dressé au beau milieu du Parc de la Pépinière de Nancy. Il fait déjà noir dans la salle et Mell, la nancéienne, est déjà sur scène. Installation rapide à quelques pas de la scène et me voilà prêt à assister à cette prestation.

Mell - Photo : Matthieu Henkinet

Première impression : il manque quelque chose. La demoiselle a de la présence, mais c’est dans le son qu’un vide se ressent et pour cause. En lieux et places de véritables musiciens, une boîte à rythme et une loop station (pédale servant à enregistrer et répéter des boucles de guitare, basse, voix… plus ou moins n’importe quoi en fait…). Si la formule peut se prêter à des cafés, voire des petites salles, elle est tout de suite moins appropriée dans un espace de cette envergure. Il en ressort immédiatement un manque de relief dans la musique. En ajoutant à cela des soucis techniques évident et de trop nombreuses erreurs, il devient véritablement difficile d’apprécier la prestation qui, j’en suis certain, aurait pu être parfaite. Les compositions de Mell sont intéressantes et elle-même ne manque pas d’énergie et de répondant (comme elle le fera très calmement remarquer par un poétique « Ta gu**le » lancé à une personne dans la public). Dommage.

 

Mais ne nous arrêtons pas à cela car c’est à présent au tour de celui que tous attendent : j’ai nommé Mr Charlie Winston. Si la plupart d’entre vous le connaissent, sachez que ce n’était absolument pas mon cas et que jusqu’à il y a quelques jours, je n’avais même jamais entendu le titre Like A Hobo dans son intégralité. « Quelle honte ! » me direz-vous. Et bien oui, je dois bien l’admettre. Mais que voulez-vous, personne n’est parfait.

Heureusement l’erreur est réparée et c’est en ayant écouté les deux derniers albums en date du jeune homme que je me suis présenté à l’entrée du Chapiteau ce soir. Et bien qu’elles ne soient pas mauvaises, il est vrai que ces deux galettes m’avaient quelque peu laissées sur ma faim. La cohérence et la qualité des compositions étaient belle et bien là, mais il manquait, selon moi, ce petit quelque chose, quasi indéfinissable, qui fait que l’on ne peut plus se résoudre à retirer le CD de la platine. C’est donc avec une légère appréhension que j’observe l’entrée en scène de Charlie Winston et sa bande.

Charlie Winston - Photo : Matthieu Henkinet

Après une introduction a capella à base de human beat box, d’écran loupe et de capuchon sur la tête, Charlie Winston s’offre à son public dans l’une de ses fameuses tenues de scène mi-branchée, mi-retro, 100% hipster. Veste de costume à la coupe improbable, chemise bleue, cravate rose et, bien évident, son éternel chapeau.

Le ton est immédiatement donné. Alors que s’enchaînent les morceaux, je réalise enfin tout le talent du jeune homme. Multi-instrumentiste, Charlie Winston présente également des qualités de chanteur tout à fait impressionnantes. Passant sans cesse des graves aux aiguës  rien ne semble pouvoir abîmer ses cordes vocales. La clarté de son chant restera parfaite du début à la fin de la prestation qui durera un peu plus d’une heure et demi et la puissance de sa voix n’aura d’égale que sa justesse. Tout simplement bluffant.

Voguant constamment entre le festif et le romantique, l’artiste demande énormément de son audience, tant en participation réelle qu’émotionnelle. Et son public, depuis longtemps conquis, satisfait le moindre de ses désirs avec un enthousiasme qui ne saurait laisser quiconque de marbre.

Charlie Winston - Photo : Matthieu Henkinet

Tantôt au piano, tantôt à la guitare, Charlie Winston enchantera la foule en s’offrant une promenade au beau milieu de ses fans pendant le rappel avant de leur offrir l’exclusivité d’un nouveau morceau One Day. Il terminera par un mémorable Like A Hobo reprit en chœur par les 2000 personnes présentes.

Oubliées, mes appréhensions d’avant-concert. Me voici désormais conquit par cet étonnant personnage qui, en plus d’être un artiste accompli, n’en reste pas moins humble et n’oublie pas que c’est grâce à son public, auquel il s’adresse d’ailleurs dans la langue de Molière, qu’il en est là aujourd’hui. Chapeau bas !

Article : Dom Panetta

Be first to comment