Interview : Texas

Texas a fait les beaux jours de la musique pop rock il y a de cela plusieurs années. Après près d’une décennie d’arrêt, le groupe est de retour sur la scène et en studio avec leur album The Conversation. Ils sont de passage en Lorraine à l’occasion des 20 ans du Zénith de Nancy mais aussi des 40 ans du festival Nancy Jazz Pulsations, grâce à la bonne organisation du festival et du Grand Nancy. Rencontre au téléphone avec leur chanteuse, Sharleen Spiteri, en train de promener son chien Sox au parc, au moment de l’appel.

 L’autre partie de l’interview sera publié dans notre spécial hors-série Nancy Jazz Pulsations, version papier cette fois-ci !

Comment avez-vous décidé de reprendre la route après huit années loin de la scène ?
Après notre précédent album Red Book (sorti en 2005), on avait fait beaucoup de télés, de concerts et de promotion. Je crois qu’on n’a pas vraiment décidé de s’arrêter mais il me semble que tout le groupe avait réellement besoin d’une pause et que cela s’est fait plus ou moins naturellement. Ça nous a fait du bien à tous. Nous avons vécu un événement marquant dans l’intervalle : Ally McErlaine, notre guitariste, a été victime d’une rupture d’anévrisme. Evidemment, on a dû s’adapter à son hospitalisation puis sa rééducation et attendre qu’il aille mieux avant de pouvoir se remettre à la composition. Si Ally n’avait pas voulu reprendre l’aventure Texas, nous n’aurions pas insisté et peut-être que l’album ne se serait pas fait.

L’album a-t-il été écrit suite à l’accident de votre guitariste ?
Pas exactement. Je pense qu’on serait retourné en studio de toute façon. Au moment où Ally a eu ses problèmes de santé, on lui a rapidement demandé s’il se sentait capable de reprendre et surtout s’il en avait envie. Il a très vite dit oui.

Vous semblez très influencés par la folk américaine, malgré vos origines écossaises.
(rires) Oui effectivement, mais on peut aussi considérer que toute cette musique américaine s’inspire elle-même de la folk écossaise. Les racines de toute cette musique folk viennent tout de même de chez nous. On ne peut toutefois pas nier une certaine influence américaine dans notre musique.

Notamment dans le nom du groupe, même s’il me semble que ce nom s’inspire du film Paris-Texas de Wim Wenders.
Effectivement, notre nom ne vient pas d’une référence à l’état mais bien à ce film. C’est un long métrage qui malgré son nom et son sujet n’a pas l’air américain. Tu vois, ce film a une ambiance particulière et il est vraiment très éloigné des films américains, notamment des blockbusters. Au final, le film a une approche très européenne. C’est un peu comme nous. Le groupe a beau avoir un nom à consonance américaine, on a une identité qui se rattache plutôt au vieux continent.

Quel effet cela vous fait-il de jouer pour le 40e anniversaire du festival NJP et le 20e anniversaire du Zénith de Nancy ?
On a beaucoup de chance d’être encore là. Je pense que pour un groupe comme Texas et surtout un groupe avec une chanteuse, ce n‘est pas évident d’avoir un succès qui se poursuive dans la durée. C’est peut-être plus facile en France, mais pas pour des artistes internationaux. C’est intéressant ces histoires d’anniversaires, puisque nous préparons aussi le 25e anniversaire de la sortie de notre premier album Southside (sorti en 1989 ndlr). En ce qui nous concerne, pour l’anniversaire de l’album, on a effectivement prévu des choses particulières mais il est encore un peu tôt pour en parler. Concernant le concert à Nancy, je pense qu’on en profitera pour faire des chansons un peu spéciales, des compositions que nous n’avons pas jouées depuis longtemps. On veut vraiment se faire plaisir et ravir les fans. De toute façon, chaque concert est une soirée spéciale !

Le fait d’être en tête d’affiche des NJP vous donne-t-il l’impression d’être encore aujourd’hui un groupe qui compte ?
J’espère ! En tout cas, ça nous fait réellement plaisir. Ce que je retiens, c’est que je continue de faire ce dont j’ai toujours rêvé et, aujourd’hui, il y a encore des moments où tout cela semble être un rêve pour moi.

Avez-vous ressenti une pression lors de la sortie de ce nouvel album, The Conversation, notamment suite au succès des précédents ?
Non, vraiment aucune. Pas de pression. Pas de label. Pas de deadline. On n’a pas eu besoin de calculer, rendre des comptes, avoir tout le temps quelqu’un au téléphone avec des ordres à nous dicter ou une ligne de conduite à respecter. On est content de ce qu’on a fait et on voulait que ça sonne juste.

L’écriture et la scène ne vous ont-elles pas manqué durant ces années ?
Je n’ai pas arrêté d’écrire ! J’écris tout le temps. N’allez surtout pas écrire que je n’ai rien composé pendant ces huit ans (rires) ! J’ai sorti un premier album solo, Melody en 2008, puis un second, The Movie Songbook en 2010 ainsin que plusieurs collaborations avec d’autres artistes. Bien sûr, ces années furent également utiles pour le groupe, afin de se recentrer sur nos vies, nos famille et nos amis ainsi que pour pouvoir se permettre une coupure après l’intensité de la tournée précédente.

Comment définiriez-vous ce nouvel album, The Conversation ?
En fait, la raison pour laquelle je fais de la musique, c’est justement parce que j’ai du mal à expliquer les choses, à les décrire de manière simple, uniquement avec des mots. J’arrive plus facilement à m’exprimer au travers de mes chansons. En ce qui concerne l’album, l’idée majeure, qui me concerne directement, tourne autour de cette période de la vie, autour de 25-30 ans, où l’on commence à avoir des décisions à prendre qui ont affecté non seulement notre vie mais également celles d’autres personnes. The Conversation fait directement référence à certaines discussions que j’ai pu avoir avec des amies sur ce sujet et sur la nécessité d’effectuer des changements à certaines périodes clés de notre vie.

Une dernière question. Êtes-vous plutôt Beatles ou Rolling Stones ?
Les deux ! Je ne pense pas que je pourrais choisir… (Elle hésite) Si vraiment il faut choisir, les Beatles, comme tout le monde. Ce sont mes premiers disques. J’ai travaillé mes harmonies en les écoutant. Ça m’a construit en tant qu’artiste. Et puis les Stones sont souvent identifiés grâce à un riff de guitare, alors on qu’associe plus les Beatles à la mélodie de leurs couplets ou de leurs refrains. Paradoxalement, si je mourrais demain, je demanderais d’avoir une chanson des Stones à mon enterrement, qui serait Shine a Light. C’est important de s’inspirer de différents parfums. Si je n’avais pas eu en moi des artistes comme Marvin Gaye, Gram Parsons ou Johnny Cash qui m’ont beaucoup influencé, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. J’aime multiplier les influences et découvrir de nouvelles choses.

Propos recueillis par : Guillaume Hann

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