Interview : Robert Cray

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Robert Cray a remporté 5 Grammys (sans oublier ses 15 nominations) et a sorti In My Soul, un album plein d’histoires émotionnelles, de classiques et de soul qui ne s’éloigne jamais de sa maîtrise incomparable de la guitare. Produit par Steve Jordan (Keith Richards, John Mayer), l’album avec ses 10 chansons est un mélange d’originaux funkys et de reprises surprenantes. Le premier single You Move Me est une chanson classique de Robert Cray parsemée de son jeu de guitare typique. L’album In My Soul contient de nouvelles chansons, mais aussi quelques reprises comme celle de Nobody’s Fault But Mine d’Otis Redding et « Your Good Thing (Is About to End) » ainsi que « Deep in My Soul » du défunt Bobby « Blue » Bland. Largement reconnu comme l’un des plus grands guitaristes de notre époque, le New Yorker l’a appelé « l’un des plaisirs les plus fiables de la soul et du blues depuis plus de trois décennies » et le Rolling Stone Magazine le célèbre comme « le réinventeur du blues avec son jeu de guitare particulièrement tranchant ».

En tant que plus jeune membre vivant du Blues Hall of Fame, Robert Cray a vendu plus de 12 millions de disques, il vient de présenter sa propre série de guitares Fender et s’est établi en tant qu’artiste définissant un genre entier avec son mélange typique de r&b, pop, rock, soul et blues traditionnel. Vous voulez le voir à l’œuvre ? Il sera sur la scène de la Rockhal le mardi 28 octobre 2014 et ce n’est pas encore sold-out ! En attendant, il s’est un peu confié à nous.

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Bonjour Robert ! Tu as fait le choix de mélanger nouvelles chansons de toi et reprises de classiques sur ce nouvel album. Voulais-tu élargir ton public ?
Bonjour Nathalie ! Si effectivement j’arrive à le faire grâce à ça, ça me convient parfaitement ! En fait, ce n’était pas mon idée au départ de mettre des reprises sur cet album. Steve Jordan, le producteur, est venu avec cette idée car il avait peur qu’on n’ait pas assez de matériel pour l’album. Il nous a fait quelques suggestions de chansons. Il nous a proposé la chanson par exemple Your Good Thing (Is About to End) écrite par Isaac Hayes et David Porter et c’est vraiment une chanson que j’adore, donc j’ai tout de suite dit oui. Le titre Nobody’s Fault But Mine d’Otis Redding est aussi un titre avec lequel je suis très familier. Nous sommes donc allés en studio et Steve avait préparé toutes ces chansons en amont. Moi et mon groupe on avait aussi préparé un certain nombre de chansons et puis il s’est avéré que les reprises et mes nouveaux titres allaient tous à peu près dans la même direction, sans même qu’on se concerte. On avait tous choisi de faire un disque de soul et de R&B.

Aujourd’hui lorsque tu composes, penses-tu à comment cela sonnera sur scène avec ton groupe ? Ou laisses-tu vraiment beaucoup de place à tes musiciens lors de la composition des titres ?
Je l’entends assez bien. J’arrive à percevoir rapidement ce que j’ai envie que mes musiciens jouent sur telle ou telle mélodie, mais ça dépend vraiment de la chanson. Certaines chansons, j’ai envie que cela sonne comme je l’imagine très concrètement et pour d’autres je laisse mes musiciens y mettre leur grain de sel.

Avais-tu peur de la comparaison pour les reprises ?
Il faut savoir prendre un peu de distance avec ces chansons très classiques que tout le monde connait et que tout le monde adore. Je suis très conscient du fait que certaines critiques vont peut-être être très dures là-dessus mais je connaissais le risque au départ. Je suis aussi d’avis que certaines chansons ne doivent jamais être reprises car ce serait un vrai sacrilège ! Je ne peux pas t’en citer là, car ça prendrait des heures (rires) ! Je pense ici notamment aux chansons de personnes dont je suis très fan.

Justement, je sais que tu es un fan de Jimi Hendrix et je sais que tu as eu l’occasion de le voir jouer sur scène. Comment était-ce ?
C’était immense ! Jimi Hendrix est vraiment le dieu de la guitare. Je m’en souviens très bien même si j’étais jeune. C’était à Seattle et j’avais ce petit appareil photo sur moi. Il n’était pas de très bonne qualité et comme j’étais assis très loin, sur les photos, Jimi avait à peine la taille d’un moucheron. J’ai aussi eu la chance de voir Otis Redding avec mon père dans un parc. Là, j’étais tout près de la scène. Je me souviens m’être demandé pour les deux, de quelle planète ils venaient !

Je sais que tu es fan des Beatles et comme on a une question rituelle qui porte là-dessus, je vais te la poser dès maintenant. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
J’adore les Beatles effectivement et j’aime aussi les Rolling Stones. Je n’ai jamais partagé la scène avec les Beatles alors qu’avec les Rolling Stones oui. Je choisis les Beatles pour les mélodies et les Rolling Stones pour l’énergie. Quand j’étais plus jeune, les stations de radio jouaient un style de musique vraiment très varié et c’est peut-être pour ça que j’apprécie autant les deux groupes même s’ils sont très effectivement différents.

Regrettes-tu un peu cette période en écoutant les radios aujourd’hui ?
Un peu, oui. Je n’aime pas le fait qu’il faille changer de station pour écouter un autre style de musique. Je pense que l’avènement des stations sur internet y a joué pour beaucoup et la concurrence y est très rude. Les stations ont dû se spécialiser. C’est vraiment dommage, car sans tous ces styles que j’ai entendus, je ne serais probablement pas devenu le musicien que je suis aujourd’hui.

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En parlant d’internet, que penses-tu de cette plateforme pour lancer de jeunes artistes ?
J’ai l’impression que beaucoup se perdent dans la masse malheureusement. J’aime bien internet et j’aime y chercher des informations notamment. J’utilise Facebook et j’essaie de répondre aux messages mais je n’utilise pas Twitter ou les autres réseaux sociaux.

Quel serait le conseil que tu donnerais à un jeune musicien ?
J’ai eu la chance de pouvoir jouer avec les plus grands sur scène. J’ai joué avec mes héros, donc mon conseil est de jouer comme bon vous semble. Faites ce que votre cœur vous dit de faire. J’ai toujours été choisi car je suivais mon instinct, donc j’incite tout le monde à faire comme moi.

Qu’est-ce que tu préfères aujourd’hui dans le blues ?
J’aime l’honnêteté de cette musique et j’aime entendre les histoires personnelles des gens qui transparaissent à travers les notes ou les paroles. Je pense que ce que je préfère c’est ça : la communication de l’émotion. C’est très courageux de laisser les autres savoir ce qui se passe dans votre vie.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

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