Interview : Rise Against

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Rise Against est un groupe américain de punk rock créé en 1999 et originaire de la ville de Chicago dans l’Illinois. Le combo a sorti sept albums studio, une compilation de chansons inédites, quatre EP, un album démo et deux DVD. Ils connaissent le succès au niveau mondial suite à la sortie des albums Siren Song of the Counter Culture en 2004 et The Sufferer & the Witness en 2006, qui contiennent entre autres les titres Blood To Bleed, Give It All, Ready to Fall et Prayer of the Refugee. Le 15 juillet 2014 est sorti l’album Black Market, le dernier en date du groupe. Il contient de nombreux éléments se rapprochant du rock alternatif, avec des paroles plus introspectives. Le groupe est composé de quatre membres : Tim McIlrath (chant, ainsi que guitare secondaire pour certaines chansons), Joe Principe (basse), Brandon Barnes (batterie) et Zach Blair (guitare principale). C’est ce dernier, qui a accepté de nous parler de ce dernier album.

 

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Bonjour Zach ! Comme votre dénomination « Rise Against » le laisse présager, vous parlez beaucoup de problème d’ordre politique ou sociétaire dans vos albums. Dans votre dernier album Black Market, vous avez choisi de parler de vos démons intérieurs. Pourquoi ?
Bonjour Nathalie ! Les textes proviennent majoritairement de Tim (ndlr : Tim McIlrath le chanteur et interprète du groupe Rise Against) et c’est là tout son génie. Il y a selon moi une fine frontière entre les problèmes politiques ou sociétaires, comme tu le dis si bien, et ses propres batailles personnelles. Je pense que comme nos chansons utilisent beaucoup le mot « Je », les problèmes traités peuvent être assimilés à des soucis personnels d’une part mais peuvent aussi être vus de manière générale d’autre part. Nous parlons beaucoup des choix quotidiens que nous faisons. Ainsi, lorsque tu votes pour un parti c’est bien un choix personnel mais qui a une ampleur régionale voire nationale, et aussi un impact politique ou sur la société par exemple. C’est comme cela que je vois l’album : c’est à la frontière entre sa vie personnelle, ses choix mais aussi ses conséquences en général.

Donc, pour toi, cet album n’est pas plus personnel que les précédents ?
Non, pas vraiment. Tim est effectivement une personne ayant des opinions politiques comme nous tous, et ses opinions vont donc influer sur le contenu des chansons. C’est logique. Je ne trouve pas cependant que nous parlions plus de soucis personnels dans cet album que sur les autres. Faire un album c’est aller puiser dans la partie la plus noire de son être des fois et cet album n’est pas une exception dans ce domaine-là.

On sent une petite prolongation au niveau du style par rapport à votre album Endgame, sorti en 2011. Par contre votre musique est nettement moins furieuse qu’en 2011. N’aviez-vous pas peur de décevoir vos fans ?
Je trouve personnellement que c’est déjà assez dur comme ça de trouver l’inspiration et d’écrire un album qui en vaille la peine. Si en plus nous devions nous préoccuper de l’avis de tous nos fans, je pense que nous n’écririons plus rien (rires ) ! J’aime être en studio et être ensemble, seulement nous quatre. Endgame est très sombre et très lourd. Nous voulions alléger un peu notre son et revenir à The Sufferer & the Witness, qui représente un grand moment dans notre carrière. Forcément quand vous mettez quatre mecs ensemble, beaucoup d’influences diverses vont intervenir ! C’est normal !

Pourquoi avoir choisi d’appeler cet album Black Market ?
La chanson The Black Market fait référence à ces endroits qui nous hantent. Il s’agit de lieux très noirs, très sombres et ce sont souvent ces « endroits » qui poussent à aller consulter un psy. J’admire vraiment Tim de pouvoir chanter ses chansons soir après soir, car elles le touchent vraiment et le poussent dans ses retranchements. Nous voulions accompagner notre public dans ces endroits très moches afin de leur dire qu’ils ne sont pas seuls. Voilà, c’est ma vision des choses, mais je suppose que nous avons tous une vision différente de ce titre. Nous n’en parlons pas entre nous, nous voulons que chacun donne sa propre explication.

Peux-tu aussi nous parler de la couverture ? Quelle est sa signification pour toi ?
Tu retrouves notre logo avec ce cœur que les fans connaissent bien et quelque part il est posé comme une gifle sur le visage de la jeune fille. En fait c’est un peu notre vision de notre publicité ou de notre stratégie marketing. Nous nous moquons de tout ce système et c’est un peu de la propagande pour nous, même si nous savons que nous en faisons partie. On se moque gentiment donc de nous-mêmes, de la publicité et de ce système lié aux marques. A chacun donc de se faire sa propre opinion.

 

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De quoi parle votre premier single I Don’t Want To Be Here Anymore ?
C’est un sujet très général. Tu sais, je viens d’une petite ville dans le Texas. Tous les jours j’avais l’habitude de me réveiller au même endroit, de traîner avec les mêmes personnes. Il ne se passait jamais rien de différent. Rien d’exceptionnel. Je me sentais paralysé dans cette vie. A l’époque il y avait aussi une fille dans ma rue qui avait été violée par quelqu’un de son entourage proche, mais elle continuait de le voir tous les jours car elle n’avait pas les moyens de partir et de faire sa vie ailleurs. Je pense que chacun d’entre nous a un endroit comme ça qui nous rebute.

C’était quand la dernière fois où tu t’es retrouvé dans un endroit comme ça ?
Tu vas avoir une réponse exclusive… J’avais perdu mon permis de conduire et j’ai dû le repasser. Je te garantis que c’était un endroit où je n’avais pas du tout envie d’être (rires ) !

Vous suivez le « Straight Edge Movement ». Pourquoi ce choix ? (ndlr : Le Straight Edge est une sous-culture et un sous-genre du punk hardcore dont les adhérents ne consomment ni alcool, ni tabac et autres drogues.)
Dans le groupe nous sommes trois sur quatre à le suivre, oui. Personnellement mes parents fumaient et buvaient beaucoup. Je les ai toujours vus fonctionner comme ça et il n’y a jamais eu de tabou à ce sujet. J’ai aussi toujours vu de très bons musiciens mourir d’overdoses ou à cause de l’alcool. J’ai voulu être musicien depuis que je suis enfant et je me suis dit très tôt que je ne voulais pas mourir à cause des drogues ou de l’alcool. Le mouvement a pris de l’importance au Texas quand j’ai commencé à faire de la musique et j’y ai adhéré tout de suite. Je n’ai jamais eu de regrets ou de remords suite à cette décision. Je n’ai jamais manqué de rien et je ne juge personne par contre. Chacun fait comme il veut. Je parle ici seulement de mon choix personnel.

Beaucoup ont été surpris lorsque vous avez fait la bande originale du film The Avengers. Pourquoi avoir dit « oui » ?
J’aime les bandes dessinées ! J’ai toujours été un fan de Marvel. On nous propose beaucoup de films et nous avons choisi celui-ci car clairement il nous rappelait notre enfance. Nous l’avons fait car c’est un film que nous serions allés voir, même sans avoir fait la B.O. (rires) !

Enfin notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
C’est comme choisir entre le jour et la nuit ! Je vais choisir les Beatles, car je ne me lasse jamais de leurs chansons. Pour moi, elles font partie des standards, comme Mozart ou Gershwin le sont à la musique classique. Les chansons de Paul McCartney sont très chargées émotionnellement.

 

>> Rise Against sera au Bataclan, à Paris, le 14 novembre prochain.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

 

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