Interview : Korn

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Le 4 février 2015, préparez-vous à un concert avec Korn, les maîtres du nu-metal qui seront de retour à la Rockhal pour leur cinquième show. Après six publications d’albums, deux Grammy Awards, d’innombrables concerts sold-out et 35 millions d’albums vendus dans le monde entier, Head avait quitté le groupe en 2004 pour faire face tout seul aux démons de sa dépendance. Korn a continué de marcher, accueillant le nouveau batteur Ray Luzier en 2007 et publiant quatre autres albums épiques, dont l’hybride The Path of Totality en 2011.

En 2012, une réunion triomphante et émouvante s’est produite sur scène quand le groupe a joué en tête d’affiche au festival Carolina Rebellion, où Head (que nous avons interviewé ici) a repris sa partie légendaire sur Blind. Le lien initial s’est révélé à nouveau, mais il était encore temps de changer la donne. Sort alors leur onzième album, The Paradigm Shift. Enregistré avec le producteur Don Gilmore (Linkin Park), il associe l’esprit novateur omniprésent du groupe au son métallique et cathartique de Korn, ouvrant ainsi une fois de plus la voie à l’avenir. Ray Luzier, batteur et membre depuis 2007 de Korn, nous a accordé un moment.

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Bonjour Ray ! Vous vous apprêtez à partir sur la route avec Korn. Comment vous préparez-vous pour une tournée avec autant de dates ?
Bonjour Nathalie ! Je pense que cette année est plutôt cool par rapport à l’année dernière où j’avais l’impression de ne pas avoir un seul vêtement de propre à mettre, même en étant chez moi (rires). C’est l’avantage du groupe Korn. Comme nous avons tous une famille, on essaie de ne pas partir plus de 4-5 semaines de la maison. Ce qui fait que, même quand tu es chez toi, tu sais que tu vas bientôt repartir et tu es finalement constamment en tournée dans ta tête. J’adore le live et on adore aller à la rencontre des fans, mais c’est vrai que c’est dur d’être loin de sa famille…et donc pour répondre à ta question, nous répétons très rarement tous ensemble. En fait, ce que nous faisons c’est répéter et se préparer un peu chacun de son côté. On a tous un petit studio aménagé dans nos maisons pour répéter et cela rend les choses plus faciles.

Compte-tenu de la quantité de chansons et d’albums à votre disposition, comment faites-vous pour établir une setlist pour la tournée ou pour chaque concert ?
C’est vrai que nous avons plus d’une centaine de chansons et c’est vraiment très dur de faire un choix parmi tous ces albums. L’année dernière nous avions fait un medley de 10 minutes avec plusieurs titres, histoire de faire plaisir aux fans. Mais là aussi… il y a des fans de la première heure, qui eux veulent entendre les premiers titres et les nouveaux fans qui eux ne connaissent pas vraiment les premiers albums et qui veulent entendre les nouvelles chansons. C’est un vrai casse-tête ! J’ai bien aimé le medley, je pense que c’est quelque chose d’efficace et il serait utile de le refaire. Nous ne sommes pas des machines. Il y a des égos à ne pas froisser et aussi techniquement parlant, nous voulons garder la qualité des chansons sur scène, donc les medleys ne sont pas possibles pour tous les titres. Nous n’aimerions pas finir comme un DJ qui doit juste appuyer sur des boutons pour lancer la musique. Nous sommes des êtres humains avec de vrais instruments sur scène.

Donc, aucune chance de voir débarquer David Guetta en guest star sur scène avec vous ?
Nous avons déjà beaucoup collaboré avec des DJs et je pense qu’ils ont eu leurs heures de gloire. Et très franchement, pour moi ce sont un peu des machines. Aujourd’hui je pense que le groupe de rock classique, c’est-à-dire guitare, voix, basse, batterie, fait son grand retour en force. Moi, quand je vais voir un concert, j’ai envie de voir de vrais musiciens avec leurs façons de jouer et leurs sons ! Pour un DJ, j’ai souvent l’impression que le show est le même. Quand Korn est sur scène, qu’il y ait 500 personnes ou 15 000 personnes, nous nous éclatons ! Le rock n’est pas mort, bien au contraire !

Est-ce c’est, selon toi, le secret de votre longévité ?
Oui, je pense qu’il faut toujours être honnête avec soi-même et ne jamais essayer de faire plaisir à qui que ce soit en faisant de la musique. Les gens qui vous écoutent s’en rendent très vite compte d’ailleurs, si vous essayez de rentrer dans un moule. Korn a toujours eu son style très particulier et nous avons su évoluer avec le temps. Des fans nous ont quittés, d’autres sont arrivés. Ce sont les choses de la vie. Ce que nous voulons, c’est d’abord être satisfaits de ce que nous faisons. Jamais nous ne nous sommes dit qu’il faudrait qu’on change ceci ou cela pour pouvoir passer plus souvent à la radio ou pour avoir de meilleures critiques. S’il y a un secret pour la longévité, c’est sans conteste celui-là.

Comme tu parles de l’évolution de la musique du groupe, qu’est-ce que tu écoutes toi en ce moment comme musique ? Allez, sors ton iPod ou ton portable là et mets la première chanson s’il-te-plait !
(Ndlr : il s’exécute et on entend les premières notes) Là en ce moment c’est ça que j’écoute ça, c’est la chanson de Hozier, Take me to church. Ma fille n’arrête pas de la mettre à la maison, donc j’ai voulu savoir de quoi il en retournait. Tu trouves vraiment de tout dans mon iPod… en ce moment j’aime bien Die Antwoord, The Black Keys ou encore Dream Theater. J’écoute aussi du Jessie J. Mon style est très éclectique, comme tu peux le constater.

Si tu pouvais revenir en arrière et changer quelque chose dans ta vie de musicien ou dans ta vie tout court, ce serait quoi ?
Je n’ai jamais été un fan des regrets et des remords. Je vis dans le présent et je me laisse porter par ce qui m’arrive. Pour l’instant, j’ai toujours eu beaucoup de chance, mais si je devais changer quelque chose, ce serait sûrement par rapport à mon éducation ou mes études. J’ai su très tôt dans ma vie que je voulais devenir musicien, ce qui fait que je ne me suis jamais intéressé à l’école ou à une instruction plus générale. J’essaie d’inculquer ça à mes enfants, mais ce n’est pas toujours très simple et aujourd’hui je me rends compte du cauchemar qu’ont dû vivre mes parents à l’époque.

Que dirais-tu à de jeunes musiciens aujourd’hui ?
Je leur dirais de bien prendre conscience des conséquences de leurs décisions et de bien peser le pour et le contre. Faire de la musique son métier, c’est vraiment génial et c’est une vie passionnante, mais ça inclut énormément de sacrifices aussi bien pour toi mais aussi pour les gens qui t’entourent. Tu n’es pas toujours disponible pour tes amis et ta famille. Il faut en être conscient dès le départ et l’accepter. Ou tu le fais complètement ou tu ne le fais pas du tout. C’est un peu comme un mariage : ça inclut des compromis des deux côtés.

Enfin notre question rituelle : Si tu devais choisir entre les Beatles ou les Rolling Stones, qui choisirais-tu et pourquoi ?
Les Beatles ! C’est bizarre, comme je fais du rock, on pourrait croire que ma préférence irait aux Rolling Stones, mais j’aime la période un peu plus dark des Beatles. Notamment la période sous influence ou leurs expérimentations étaient sans bornes.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

 

 

 

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