Interview : Beth Hart

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Contenant onze morceaux stupéfiants de blues, jazz et soul écrits par Beth Hart, l’album Bang Bang Boom Boom sorti en 2012 est un disque qui a changé la vie de la chanteuse, compositrice et musicienne originaire de Californie. Toutes les expériences positives et négatives de sa vie ont servi au succès de cet album qui a redéfini sa carrière.

Beth s’entoure des meilleurs artistes et compte parmi ses fans des musiciens de renommée tels Jeff Beck et Slash. Sa collaboration avec Joe Bonamassa sur Live in Amsterdam est née de leur amitié et s’est également inscrite sur l’album Seesaw qui leur a d’ailleurs valu une nomination aux Grammys dans la catégorie « Meilleur Album de Blues ». Pour Beth et Joe, l’idée de faire de la musique ensemble est née de leur amitié et appréciation artistique mutuelle qu’ils ont développé après s’être croisés à plusieurs reprises, notamment sur les festivals européens.

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Beth Hart est connue pour la conviction passionnée de ses prestations, autant au studio que sur scène. La force de sa voix est à la hauteur de ses textes authentiques et sincères. Vous pourrez la découvrir sur la scène de la Rockhal le 2 novembre 2014. En attendant, elle s’est confiée à nous sans tabous.

Bonjour Beth ! Ton dernier album solo Bang Bang Boom Boom se différencie énormément de tes albums précédents. Il est nettement plus joyeux que les précédents et il donne vraiment l’impression que tu as pris du plaisir à le faire. Est-ce que j’ai raison ?

 

Bonjour Nathalie ! Tu as entièrement raison ! Quand j’ai fait mon album My California en 2010, tout n’était que souffrance et réflexion intense dans ma vie. Je n’arrivais pas à sortir de ce cercle vicieux. Puis, suite à mon amitié avec Joe Bonamassa, il m’a demandée si je voulais bien enregistrer un album de reprises de jazz et blues avec lui. J’ai tout de suite accepté car je n’avais jamais vraiment exploré cette façon de chanter et c’est ainsi que l’album Don’t Explain est né. J’y ai pris énormément de plaisir, je me suis laissée aller totalement. Suite à ça, j’ai décidé d’écrire des titres qui iraient dans la même direction musicale : donc du blues ou de la soul, car c’était ce qui me rendait heureuse. C’était ce que je voulais faire et même si cela devait me prendre dix ans, je voulais aller jusqu’au bout et voilà comment Bang Bang est né.

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La chanson, qui s’appelle comme l’album Bang Bang Boom Boom, est vraiment très fun. Comment est-elle née ?

 

Elle est née d’une collaboration avec mon producteur et vieil ami Rune Westberg. Cette chanson a été écrite rapidement, un peu à l’instinct. On était assis tous les deux au studio et on essayait de trouver l’inspiration quand en tapotant sur le piano, cette mélodie est apparue de nulle part. On était emballé tous les deux. Puis en essayant de trouver les paroles, je n’ai réussi à dire que « Bang, bang, bang ! ». Voilà comment la chanson est née ! Le « Boom, boom » est arrivé plus tard ! (rires) J’ai toujours fonctionné comme ça : d’abord la mélodie, ensuite les paroles.

Il y a une autre chanson qui m’a marquée, c’est la chanson Spirit of God. Es-tu une personne croyante ?

Quand j’étais petite fille, je parlais à Dieu très souvent. C’était une véritable obsession ! Je me confiais à Lui le plus souvent que possible. Je n’ai jamais fait partie d’une église ou d’une communauté en particulier. Je me souviens que ma mère voulait m’emmener à l’église avec elle et que comme j’étais assez sauvage étant jeune, je n’aimais pas rester en place et ne pas faire de bruit. Encore aujourd’hui je ne vais pas à l’église mais je considère que je suis une personne croyante. J’ai ma propre petite église à l’intérieur de moi Elle me donne la force d’avancer. Je ne suis pas une personne forte, comme la plupart le croient. Je suis une personne très sensible et de temps en temps j’ai besoin de cette aide. Elle me rassure.

Une chanson sur cet album sort très nettement du lot : il s’agit de la chanson Everything must change. Elle est clairement la chanson la plus personnelle de l’album. Peux-tu nous dire dans quel état d’esprit tu l’as écrite, si ce n’est pas trop personnel ?

C’est marrant que tu parles de ça, car mon management m’a reproché d’être trop personnelle dans mes interviews justement ! (rires) Je trouve cela ridicule, car comme tu le dis, cette chanson est effectivement très personnelle. Comment puis-je parler de mes chansons sans être personnelle ?

L’histoire derrière cette chanson est assez particulière. J’ai passé une bonne partie de ma vie à l’hôpital pour soigner mes troubles bipolaires. Je suis toujours heureuse quand j’y rentre, car je sais qu’on va me soigner et je suis souvent dans un état tel que je ne me rends pas compte que je suis vraiment malade. Je regarde les gens autour de moi et ils sont tous aussi dingues que moi. Donc tout va bien. Après quelques jours de traitement mon cerveau redescend et je commence à voir la maladie des autres autour de moi. En écrivant cette chanson, je repensais à ce cycle et aussi au fait que toute bonne chose avait une fin. Dès fois c’est pour faire la place à d’autres choses encore meilleures ou alors à de très mauvaises choses. Ma mère a beaucoup souffert à la fin de sa vie et grâce à cette chanson, je voulais lui dire que la souffrance aussi avait une fin. La vie est ainsi faite.

Je sais aussi que tu as eu pas mal de problèmes liés à tes addictions. Aurais-tu des conseils à donner aux personnes qui se battent aujourd’hui avec les mêmes démons ?

Le seul conseil que je puisse donner c’est : demandez de l’aide. N’essayez pas de vous en sortir seul et remballez votre fierté ! Je compare souvent cette situation à un homme aveugle qui serait obligé de conduire 20 kilomètres pour survivre. Ce n’est pas beaucoup 20 kilomètres mais étant aveugle tu prends trop de risques à le faire seul. On peut trouver de l’aide partout, que cela soit dans un sport, le yoga, l’église, Dieu, la nature ou un programme de désintox. Chacun doit trouver ce qui fonctionne le mieux pour lui.

Qu’est-ce qui t’aide aujourd’hui à te lever tous les matins ?

Aujourd’hui encore je me bats avec mes démons. Avant, quand je me regardais dans la glace, je me disais que je ne valais rien. Je ne m’aimais pas et je me disais que je ne servais à rien. C’est pour cette raison que je me faisais du mal : je me droguais, je m’affamais, je me faisais vomir ou je me retrouvais en prison. Aujourd’hui, j’ai bientôt 43 ans et des fois le matin, je continue de ne pas trop m’aimer, mais ce n’est plus du tout comme avant. J’ai des amis, une famille formidable, un mari qui m’aime. Il y a des miracles tous les jours sur cette planète. (rires)

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Sur la couverture de ton album, tu es incroyablement sexy ! C’est un peu une revanche par rapport à ta relation avec ton corps ces photos ?

Oui, peut-être ! En fait, je voulais montrer ce qu’il y avait dans cet album. Les chansons qui sont dessus sont faites pour danser et pour montrer sa partie la plus féminine. J’avais envie de prendre la pose comme ces anciennes pinups ou ces femmes Vixen !

Enfin notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?

Je pense que je vais devoir choisir les Stones. Les Beatles ont fait des chansons incroyables, mais ma chanson préférée est et restera You Can’t Always Get What You Want des Stones !

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

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