Interview : Angus & Julia Stone

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Après avoir atteint les sommets avec Down the Way, propulsé par l’hymne de velours Big Jet Plane en 2010, Angus & Julia Stone décidaient de tenter l’aventure en solo. Le succès étant une nouvelle fois au rendez-vous, le duo australien n’avait aucune intention de se reformer. C’était sans compter sur le concours d’un producteur de légende, Rick Rubin, qui tombe sous le charme de leur musique et se met en tête de les réunir. Co-fondateur de Def Jam et comptant sept Grammy Awards en tant que producteur artistique, Rick a un don pour travailler avec les meilleurs, de Gossip à Johnny Cash, en passant par Jay-Z, AC/DC et les Beastie Boys. C’est seulement quand Angus & Julia se retrouvent sur scène par hasard lors d’un festival et que la magie opère comme au premier jour qu’ils décident vraiment de se lancer avec Rick avec pour seul impératif que tout reste naturel et sincère.

Textures de velours, rêveries en poussières d’étoiles et mélodies dorées… c’est peu dire que cet album est la proposition la plus accomplie qu’ils aient pu donner à ce jour. Mixé par Billy Bush (Garbage, Jake Bugg), l’album est du pur Angus & Julia Stone, mais il y a une qualité nouvelle ici, une richesse qui ne passe pas inaperçue. C’est un album empli de sentiments, mais aussi d’une nouvelle sensation de liberté et de confiance perceptible de bout en bout. Que l’on parle de maturité ou de réinvention du duo, ce nouvel album se révèle avant tout captivant, viscéral et excitant. Angus qui est connu pour ne pas être trop bavard en interview est un peu sorti de sa torpeur pour répondre à nos questions avant leur retour en France en avril 2015.

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Bonjour Angus ! Merci pour cette superbe prestation au Sonic Visions à Luxembourg (ndlr: live report à relire ici) ! Parle-nous de cet album et de comment vous l’avez enregistré.
Bonjour Nathalie ! Merci, on a passé un super moment ! Cet album nous l’avons enregistré dans les studios de Rick Rubin : le Shangri La à Malibu. Nous y étions pendant à peu près cinq semaines. Cinq semaines complètes où nous avons pu nous concentrer exclusivement sur notre musique et sur la production de notre album. Nous n’avions jamais travaillé comme ça. Nous n’avions avant cela jamais eu l’opportunité de nous concentrer uniquement sur un album car, avant, nous enregistrions entre deux concerts ou en pleine tournée. Ici, nous avons eu le temps de nous poser et je pense que cela s’entend.

Vous avez vécu un peu en autarcie pendant ces quelques semaines ? Vous vous êtes consciemment coupés du monde extérieur ?
Un peu, oui. Ce n’était pas simple car, personnellement, il me faut ces petits moments de libertés, même si elle n’est que mentale, pas nécessairement physique, où je m’évade, je rêvasse ou je ne pense à rien. Je dois dire que nous avons vraiment travaillé très dur et j’avais peur au début de passer autant de temps seuls et ensemble, car ça faisait longtemps que cela ne nous était pas arrivé. C’était aussi très sympa de se faire livrer de la nourriture dans le studio. Il suffisait de dire « j’ai envie d’une pizza » pour que quelqu’un se charge de commander une pizza et 15 minutes après, elle était là, fumante, sur le coin de la table de mixage.

Rick a dit dans une interview qu’il voyait ça comme une sorte de « family healing » entre toi et ta sœur. Le vois-tu de la même façon ?
Julia oui, mais moi je le vois de façon plus distancée. Julia pense vraiment que nous nous sommes rapprochés durant ce processus. Pour elle, nous sommes devenus plus « amis » que « frère et sœur ». Moi, de mon côté, je pense que nous nous serions retrouvés d’une façon ou d’une autre. Peut-être sur un autre projet plus tard, qui sait ? Rick a été le déclencheur. C’est lui qui a tenu à nous voir jouer et faire un album ensemble et le résultat est vraiment fantastique. Il a eu raison sur toute la ligne. Quand Rick m’a donné rendez-vous la première fois pour que l’on parle ensemble, je m’attendais à ce qu’on aille dans un studio ou chez lui. En fait, non, il m’a donné rendez-vous sur une route près de la plage. Il aime surfer, et comme moi aussi j’adore, on a passé un long moment à surfer sur les vagues de Malibu sans vraiment parler de musique ou de projets. Ça a brisé la glace très vite et je me suis tout de suite senti en confiance.

C’est la première fois que vous écrivez des chansons ensemble sur cet album. C’était facile ?
Assez, oui. Finalement, je pense que cela nous a surpris de voir à quel point nous fonctionnions bien ensemble. On s’est redécouvert et très franchement, on s’était laissé une porte de sortie au cas où ça ne marcherait pas. Si le feeling n’était pas bon lors de la composition des chansons, je pense qu’on aurait tout arrêté et l’album n’aurait jamais vu le jour.

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Comment procédez-vous quand vous écrivez ? Vous vous basez sur des faits, des expériences personnelles ou votre imagination prend le dessus ?
C’est très souvent une combinaison de tout ça. Il y a, par exemple, une phrase dans la chanson « Main Street » qui parle de l’histoire où Julia a piqué des guirlandes de Noël dans un magasin. Sinon, le reste de la chanson parle d’un de ses exs qui est devenu un ami, ce qui prouve qu’on n’a pas besoin de se détester après une séparation.

Tu peux me raconter cette histoire de vol ? On est bientôt Noël donc c’est dans l’air du temps.
Après le lycée, nous avions déménagé dans l’ancienne maison de notre père et on a commencé à ce moment-là à nous montrer nos chansons. Comme nous n’avions pas beaucoup d’argent, nous voulions organiser des concerts dans l’ancien garage de la maison. Nous l’avons aménagé avec ce que nous avons trouvé sur des anciens sites de construction. Nous avons fait une belle scène et sur le côté il y avait un bar Tropicana. Il nous fallait de belles lumières colorées pour que cela soit parfait. J’ai suggéré que nous les volions dans le magasin du coin et ça a fonctionné.

Vos parents ont formé un duo folk. Cela vous a influencé ?
Ils ont formé un duo folk pendant à peu près un an, puis ils ont eu des enfants. Le duo n’a jamais été une décision prise comme ça, où un beau jour tu te retrouves à penser : « tiens, si on faisait un duo ». Jouer et chanter ensemble leur apportaient beaucoup de joie. La musique a toujours eu une place très importante dans notre famille. Donc, oui, probablement de les voir faire de la musique, ça nous a peut-être donné envie inconsciemment de le faire aussi. Nous avons sûrement hérité de leur amour de la musique. Notre père a d’ailleurs passé une partie de la tournée en Europe avec nous dans le bus de tournée et il adore nous suivre ou nous rejoindre quelque part.

Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Mon cœur saigne ! Je vais devoir choisir les Rolling Stones. En fait, ce que je voudrais, c’est réunir tous les membres, du moins ceux restants, pour en faire un super-groupe ! Ce serait tellement énorme ! Je ne peux pas vraiment choisir, désolé.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

Les prochains concerts du duo en France:

Avril 2015 :
22/04/15 – RENNES (35) – Le Liberté
23/04/15 – PARIS (75) – Zénith

Disque d’or pour l’album d’Angus & Julia Stone

Avec désormais plus de 75 000 ventes, Angus & Julia Stone ont reçu un disque d’or pour leur dernier album, à l’issue de leur tournée française en décembre qui affichait partout complet et s’est achevée le 10 décembre 2014 au Casino de Paris.
© Julien Mecchi

© Julien Mecchi

 

 

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