Giorgio Moroder – 10 juillet à la Rockhal – retour vers le passé !

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Imaginez : vous êtes dans votre bistrot préféré et comme tous les jeudis, c’est soirée blind test. Alors que vous sirotez votre mojito bien frais (mais manquant cruellement de menthe), Joe le DJ se met à passer des morceaux incontournables.
A votre table chacun y va de sa culture musicale « Ah mais c’est Hot Stuff de Donna Summer ! », balance le premier, suivi par un « ça c’est la musique du film qui se passe dans les prisons turques là… euh… Midnight Express ! Je kiffe ce morceau ! », alors que votre copine un peu fleur bleue hurle un « aaaaaaaaaah trop bieeeeen c’est Flashdance !!! ».
Joe, en bon animateur vous offre un point supplémentaire si vous trouvez le dénominateur commun entre tous ces morceaux. Votre pote éméché risque un « Euuh le synthé rétro années 80, genre pas ringard, mais presque ? » Le DJ, un brin circonspect répond « Oui… mais c’est pas la réponse attendue. La bonne réponse c’était Giorgio Moroder ! »

Giorgio Moroder. Si, à ce stade, son nom ne vous dit rien, sachez que cet homme a pourtant produit ou composé une tripotée de tubes, dont cette introduction en forme de boutade ne donne qu’un pâle aperçu. Et le 10 juillet dernier il était sur la scène de la Rockhal, pour un DJ set façon best of. Mais avant de monter sur scène pour faire danser les amateurs de sons rétro, Moroder a donné un artist talk au Centre de Ressources de la salle luxembourgeoise, animé par l’actrice Désirée Nosbuch, elle-même amie du musicien. D’ailleurs la complicité des deux protagonistes était tout à fait palpable, ce qui a donné un ton très agréable à cette conférence plurilingue – Giorgio semblait en effet aussi à l’aise avec le français, l’allemand ou l’anglais.

L'un des clichés les plus célèbres du musicien

L’un des clichés les plus célèbres du musicien

Peu avare en anecdote, le DJ/compositeur/producteur/chanteur (rayez la mention intutile) a retracé sa carrière, de ses débuts en tant que guitariste de plusieurs petits groupes, à sa dernière collaboration en date avec les Daft Punk, qui lui ont dédié un morceau en forme de biographie (Giorgio by Moroder, ci-dessous).

On a pu y apprendre  par exemple, que Moroder a demandé à Donna Summer de gémir pas moins de 73 fois pour le fameux titre Love to Love you Baby, ou que le technicien qui s’occupait de réparer sa Ferrari est devenu par la suite l’un de ses paroliers. Humble, drôle et pourtant conscient de l’influence de ses travaux, il a également mentionné son premier Oscar, obtenu pour Midnight Express, face à rien de moins que John Williams ou Ennio Morricone (de passage par le Luxembourg en mars prochain, on le rappelle). Cette mise en bouche fut l’occasion d’expliquer le pourquoi de cette tournée, finalement conséquence indirecte de sa collaboration avec « les robots », comme il les appelle. En effet, la participation à Random Acces Memory a permis a « Giovanni Giorgio » de revenir sous les feux des projecteurs et fort de cette notoriété retrouvée, il a décidé d’entamer cette série de concert et de s’essayer pour la première fois au format DJ set… a 74 ans !

Giorgio, un Oscar à la main

Giorgio, un Oscar à la main

Le temps de se faire signer nos billets de concerts, nous sommes allés prendre un petit en-cas, manquant alors les premières parties, avant de revenir dans la salle au moment même où retentirent ces mots, empruntés au featuring avec les Daft « My name is Giovanni Giorgio, but you can call me Giorgio ! », servant alors d’introduction au concert.
A ce stade, la petite salle de la Rockhal s’est changée en dancefloor et les tubes sortis tout droits des seventies et des eighties viennent flatter les oreilles des nostalgiques. Donna Summer côtoie ainsi Irene Cara avec What a Feeling (Flashdance), Berlin avec Take my Breath Away (mais si, la B.O. de Top Gun !), ou encore la soundtrack de Scarface, pour ne citer que les titres les plus cinématographiques. Si on sent le sieur encore en rodage en terme de présence scénique, les salves de tubes enchaînés parlent pour lui. A l’aise et communicatif, il se permet quelques blagues avec le public et exécute même quelques pas de danse minimalistes. Après plus d’une heure de set, explorant les différentes facettes de sa carrière, la biographie sonore made in Daft Punk retentit alors, plébiscitée par toute l’assemblée. Elle sonne comme un hommage dansant à la carrière exceptionnelle du musicien. Acclamé par le public, Giorgio Moroder poursuit le show, même après avoir épuisé la setlist préparée. Les rappels se font alors à l’applaudimètre, même si le DJ se permet un « Non celle là je l’aime pas » (en français dans le texte) en réponse à certaines propositions, ce qui amuse toute la salle.
Les rappels terminés, on sort conquis de ce voyage dans les années 1980 et surpris de voir que tant de tubes mâtinés de cette patine bien rétro portent avant tout la patte de cette usine à tubes qui s’appelle Giovanni Giorgio, mais que l’on peut appeler Giorgio…
Article : Guillaume Hann

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