Fuzati & Orgasmic – Géométrie Variable – Para-One – BAM – Metz – Vendredi 24 Octobre 2014

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Le rap français était à l’honneur le vendredi 24 octobre dernier. Figures incontournables et alternatives du mouvement depuis plus de dix ans, Fuzati et Orgasmic étaient réunis à la BAM de Metz. Les MCs de la Géométrie Variable allaient devoir montrer que dans l’Est aussi, on sait marquer les esprits.

Avec une telle tête d’affiche, il semble difficile de faire venir les gens dans la salle lorsque débute le concert des artistes du collectif. Dommage, car les quatre rappeurs, aidés aux platines par Cadillac, sont contents d’être là et souhaitent décoincer les spectateurs qui arrivent au compte goutte. Heureusement, ils peuvent compter sur certains encouragements du public qui répondent favorablement à leurs appels. La cohésion entre les quatre fait plaisir à voir et rend le concert agréable à suivre malgré un départ un peu froid.

Télémaque prend vite les choses en main ; son aisance et sa technique poussent ses acolytes à plus se lâcher et à profiter du moment. Il suffit de quelques morceaux pour que les applaudissements et les cris commencent à bien se faire sentir. Le mélange hip-hop et électro fonctionne de mieux en mieux et les têtes remuent dans la foule. Le show est lancé et ils appellent même le public à participer. DO:NO, Sptich, Voon, HTK, Cadillac et Télémaque concluent un set réussi où il manque certes un peu de magie mais le principal est que la joie d’être là se voit sur les visages.

Il ne faut pas attendre longtemps pour voir la salle se remplir à l’approche de l’entrée du duo versaillais sur scène. On peut imaginer retrouver des fans du Klub des Loosers dans le public, sûrement impatients de retrouver la formation en live. Un public qui, d’ailleurs, ne semble pas reconnaître Orgasmic, lorsqu’il se met en place derrière ses platines. Puis, la pochette de l’album Grand Siècle, sorti en avril dernier, s’affiche derrière lui. Les cuivres victorieux de Sinok sont lancés et, habillé d’un manteau à capuche avec casquette, Fuzati arrive avec une démarche nonchalante. Se crée alors un moment de flottement où le rappeur et le public semblent se regarder dans les yeux.

Ce petit moment de gêne est balayé dès que le rappeur masqué entame les premières paroles du morceau. Connu pour ses punchlines, Fuzati peut compter sur certaines rimes fortes pour récupérer le public et attirer son attention. Il le sait et en joue très bien durant tout le concert. On reconnaît d’ailleurs l’artiste avec de la bouteille lorsqu’il abandonne les morceaux de Grand Siècle pour revenir à ceux de ses précédents opus avec Orgasmic. L’EP Baise les Gens, les albums Vive La Vie, La Fin de l’Espèce et même l’époque Le Klub des 7 ; les deux piochent dans leur discographie et jouent leurs classiques face à un public conquis qui scandent les paroles par cœur.

Fuzati en profite même pour jouer avec la foule en demandant à certaines personnes plusieurs mots au hasard. Devant l’hésitation de chacune, il n’hésite pas à se moquer d’elles, tel le personnage qu’il s’est créé. Avant de partir dans un freestyle de plusieurs minutes en utilisant les propositions. Là dessus, rien à dire, le rappeur gère la performance. Car, pour le concert dans sa totalité, quelques défauts sont à noter. Comme la compréhension des paroles parfois ardue à travers le micro, un jeu de scène moyen et surtout cette conclusion qui voit les deux artistes s’éclipser d’un coup, sans réel au revoir. Un concert appréciable mais qui contente surtout les grands fans à défaut des curieux qui ne deviendront pas forcément fans du duo ce soir avec cette prestation.

Ce départ rapide peut cependant s’expliquer par la venue du troisième show de la soirée ; le DJ Set de Para One, l’homme aux multiples talents, passions et professions. Pendant encore plus d’une heure, le public allait pouvoir se détendre, bouger, se défouler sur la musique variée, plurielle et électronique du Français. Alliant différentes inspirations et sonorités, son set monte en puissance au fur et à mesure et emporte les gens qui s’amassent de plus en plus dans la salle. Le tout, verre à la main et dans une bonne ambiance communicative. A noter que Para One a signé la BO du film Bande de Filles de Céline Sciamma, sorti le 22 octobre dernier, et rien que pour ça, le long métrage vaut le détour.

C’est dans l’ivresse des notes sorties des machines du DJ que s’achève cette soirée à la BAM, qui décidément, ne cesse de proposer des artistes aussi variés que talentueux. Sans oublier, dès le lendemain, la carte blanche qui fut laissée au Chapelier Fou.

Article : Nathan Roux

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